L’alternance codique ou l’art de switcher d’une langue à l’autre
L’alternance codique est un terme qui veut dire qu’on change de langue dans un énoncé. Ça signifie qu’on peut commencer une phrase en français et la finir en anglais ou encore qu’on peut dire une phrase dans une langue et dire la suivante dans l’autre langue. C’est un phénomène qu’on retrouve le plus souvent dans les milieux bilingues; ce n’est pas étonnant: il faut parler les deux langues pour pouvoir les utiliser! C’est donc assez courant au Québec, et plus particulièrement à Montréal, parce que l’anglais et le français se côtoient beaucoup. On retrouve d’ailleurs le phénomène dans le rap québ où le français et l’anglais sont alternés comme on peut l’entendre dans l’extrait suivant.
Il faut dire que ce n’est pas un phénomène propre au français, ça peut se produire avec n’importe quelles langues mises en contact. Par exemple, aux États-Unis, on peut alterner l’anglais et l’espagnol.
Par contre, vu la situation linguistique du Québec, c’est une pratique qui peut être perçue comme la régression progressive du français au profit de l’anglais. Je vous rassure : ce n’est pas le cas!
D’abord, parce que le fait d’alterner les langues est un phénomène social. On le fait pour se comprendre, tout simplement! On peut utiliser l’alternance codique dans le but de s’adapter à la personne à qui on parle, de s’associer à elle ou encore de s’en distancier. Par exemple, deux personnes qui auraient l’anglais comme langue maternelle, mais qui s’expriment généralement en français, alterneraient les deux langues dans le but de s’associer l’une à l’autre, signe qu’elles partagent les deux codes. Le contraire est aussi vrai: le cas où une personne bilingue alternerait le français et l’anglais avec quelqu’un qui ne parle que le français, montrerait que la connaissance de l’anglais n’est pas commune et crée une distance entre les deux personnes.
Donc, si vous vous comprenez quand vous switchez, c’est signe que vous partagez une certaine complicité! De plus, l’alternance codique ne dénature pas le français. Ce que je veux dire par là, c’est qu’on ne change pas de langue à n’importe quel moment ni n’importe comment. Si on reprend l’extrait de rap québ expliqué plus tôt, on constate que l’alternance se fait par segments pour que les phrases se tiennent et respectent la syntaxe française. La première alternance se fait lorsqu’on désigne la « Blue Volvo », ce qui respecte le genre féminin de la voiture en français et qui fait en sorte que le passage d’une langue à l’autre semble naturel. Un peu plus loin, on peut entendre « Les wheels keep spinnin, mais a tourne en rond » qui reproduit le même schéma au début du vers. Lorsqu’on retourne au français, il y a une segmentation, comme je le mentionnais plus tôt, par l’utilisation du coordonnant « mais » qui juxtapose les deux segments comme on le ferait dans une phrase typiquement française.