L’emprunt linguistique est un phénomène commun à toutes les langues. Il est souvent le résultat des échanges entre des langues, et surtout, des peuples qui sont en contact et donc qui échangent des coutumes et réalités ainsi que les mots qui servent à les dénommer. Ainsi, l’emprunt est une ressource efficace pour combler les lacunes lexicales, c’est-à-dire, lorsqu’on manque de mots pour dénommer une réalité qui nous est nouvelle. Au Québec, la langue à laquelle on emprunte le plus régulièrement est, bien entendu, l’anglais. Les emprunts à l’anglais sont ce que nous connaissons aussi sous le nom d’anglicisme. Ah… les anglicismes, il y en a partout!
Un texte de Ada Luna Salita – Dossier Éducation
Une chance que nous empruntons quand même aussi à d’autres langues… n’est-ce pas? Pensez à toutes ces traditions, surtout culinaires, qui nous viennent d’ailleurs. Nous mangeons des sushis, de la pizza, du macaroni et des baklavas; nous dansons la salsa et le tango; nous pêchons des achigans; nous buvons des expressos et je pourrais ainsi poursuivre la liste très longtemps. Donc, nous nous réjouissons du fait que notre langue et notre culture sont riches en termes et traditions d’autres langues et cultures.
En fait… je vais vous donner quelques exemples de plus: notre latté est préparé par un barista; lors d’un soir de match, on mange des nachos, ou peut-être même un burrito; le dimanche matin, on trouve le meilleur spot à bagels, nous attendons l’autobus dans le terminus. Et si je vous disais que tous les emprunts que je viens de nommer, dont nous croyons le plus souvent qu’ils proviennent de l’italien, de l’espagnol, du yiddish et du latin, viennent en fait tous de l’anglais? Vous allez probablement dire que je vous niaise où que je suis un peu parano : personne ne va vous dire que burrito vient d’une autre langue que l’espagnol! Vous avez en effet raison, le mot burrito lui-même vient de l’espagnol. D’ailleurs, saviez-vous que son sens premier est « petit âne »? Pourquoi a-t-on donné ce nom au mets? On laisse ça pour une prochaine fois. Mais même si le mot vient de l’espagnol à l’origine, c’est l’anglais qui l’a emprunté à l’espagnol d’abord. Le plat, et donc le mot qui sert à le désigner, s’est ensuite rendu à nous par le biais de l’anglais et de la culture américaine.
Lorsqu’un emprunt est originaire d’une autre langue, mais que le français l’emprunte à l’anglais, il est considéré comme un emprunt à l’anglais, donc un anglicisme.
De même, il y a certains mots que l’anglais a empruntés au français et que le français a empruntés à l’anglais par la suite, qui sont à ce moment-là considérés comme des anglicismes, c’est fou hein!
Ce phénomène s’applique d’ailleurs à toutes les langues. Alpaga, par exemple, vient d’une langue amérindienne de l’Amérique du Sud, mais nous l’avons emprunté à l’espagnol, c’est donc un hispanisme et non un amérindianisme. Ananas est un cas similaire, à l’origine, le mot vient du tupi-guarani, une langue des amérindiens du Brésil, mais nous l’avons emprunté au portugais, il s’agit ainsi d’un lusitanisme.
Finalement, lorsque je dis que des mots sont des anglicismes, il faut faire gaffe : ce n’est pas parce qu’il s’agit d’emprunts à l’anglais, qu’il s’agit de mots à éviter! Nous entendons généralement qu’il ne faut pas employer d’anglicismes. Toutefois, tous les exemples que je viens de vous donner sont des anglicismes acceptés dans l’usage et qui ne sont donc pas critiqués. Ainsi, personne ne vous jugera quand vous direz à votre barista que le latté qu’elle vous a préparé est délicieux et qu’il serait parfait pour accompagner un bon plat de nachos… à part peut-être en raison de vos goûts bizarres!
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