Par Raymond Viger | Dossier Anorexie
Je suis père et grand-père de deux femmes importantes dans ma vie.
Comment aurais-je réagi si l’une d’elles avait voulu être mannequin ? Si la pression de ce milieu les avait amenées à être anorexiques pour défiler sur le podium ?
Cette mentalité d’imposer aux mannequins un comportement alimentaire malsain a été maintes fois dénoncée. Souvenons-nous qu’en 2009, Léa Clermont et Jacinthe Veillette ont été initiatrices de la Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée.
Cette action fait suite à une réflexion sur la pression exercée auprès des femmes par les médias qui véhiculent l’idéal de la minceur des mannequins. La charte dénonce l’hypersexualisation des jeunes filles. À maintes reprises, plusieurs organismes l’ont régulièrement fait.
Une trentaine de personnes provenant des milieux de la mode, de la publicité, des médias, de la vidéo, de la musique et du gouvernement ont participé à la rédaction de la Charte.
Celle-ci dénonce les comportements excessifs de contrôle du poids ou de modification exagérée de l’apparence ainsi que les idéaux esthétiques basés sur la minceur extrême.
Pressions
Il n’y a pas que les médias et certains milieux artistiques qui créent une pression sur les femmes et les jeunes filles pour altérer la perception qu’elles ont de leur corps. Cela débute souvent dans les familles.
Des recherches démontrent que dès l’âge de trois ans, on inculque chez l’enfant la conscience et la croyance qui veulent qu’une personne mince soit plus belle qu’une grosse personne. Des jeux et des jouets représentent des personnes minces plutôt que rondes. Au Québec, 45 % des enfants de 9 ans sont insatisfaits de leur silhouette. À cet âge, le tiers des filles a déjà tenté de perdre du poids. (ISQ, 2002).
Une enquête souligne que bien que la majorité des jeunes du secondaire ait un poids normal ou inférieur à la normale, plus de la moitié sont insatisfaits de leur apparence corporelle et que les filles cherchent à perdre du poids. (ISQ, 2018).
On porte une attention plus grande à l’apparence des filles en leur disant qu’elles sont belles ou en commentant leur tenue vestimentaire et leur coiffure. Une étude menée au Saguenay-Lac-Saint-Jean rapporte que 38 % des adolescentes disent avoir reçu des commentaires négatifs sur leur poids de la part de leur entourage familial et de leurs amis. Et les médias ne font qu’accentuer ce qui est déjà semé.
Le poids et l’apparence physique arrivent en tête de liste des causes d’intimidation chez les élèves du primaire et du secondaire. Les jeunes intimidés sont plus à risque de manifester des comportements alimentaires malsains.
On estimait à un million le nombre de personnes répondant aux critères diagnostiques de troubles alimentaires au Canada en 2018.
90 % de ces gens étaient des filles et des femmes (NIED, 2017). Les troubles alimentaires sont associés au taux de mortalité global le plus élevé parmi tous les troubles mentaux, soit entre 10 % et 15 %.
Sexualisation
Il n’y a pas que le poids qui peut créer une pression sur les femmes. Nous n’avons qu’à regarder les tapis rouges des grands événements artistiques. Robes transparentes, fendues jusqu’aux hanches ; décolletés qui ne cachent rien, escarpins pour bien faire ressortir les fesses de ces dames…
Plus les femmes exhibent leurs corps dans ces galas et plus l’attention médiatique leur est rendue. Les commanditaires veulent des artistes qui attirent les caméras. Sans oublier les designers de ces robes. Pour recevoir la gloire et l’attention sur leur travail, jusqu’où sont-ils prêts à aller ? Est-ce le choix de ces artistes de s’habiller ainsi ou est-ce le gérant qui met une pression indue sur les femmes afin de satisfaire tous les rouages de l’industrie ? Parce que plus on est sexy, plus on se fait photographier, plus on fait parler de soi, plus cela peut rapporter des contrats.
Regardez ces femmes ainsi vêtues pendant un de ces galas. Observez-les à travers vos yeux de parents. Comment réagiriez-vous à ces parades de robes, des plus extravagantes, les unes des autres ?
Égalité
Étrange, cette différence entre les sexes. Pendant que les femmes se pavanent et jouent à qui en aura le moins sur le dos et le plus à montrer, les hommes, quant à eux, sont presque tous en tuxedo noir, une chemise blanche… Égalité des sexes, disions-nous…
En tant que parent et grand-parent, voyant sa fille ou sa petite-fille défilant comme artiste sur un tapis rouge presque nue à la télévision, que devrais-je penser ? Que devrais-je lui dire ? Est-ce vraiment un choix de s’exhiber ou une obligation incontournable pour faire carrière dans ce monde où peu d’entre elles seront choisies ?
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