Connaissez-vous un médecin qui a tout abandonné pour se transformer en entrepreneur et s’engager dans sa communauté ? Bruno Franco Fernandes est un ophtalmologiste de formation, originaire du Brésil. En ayant fondé ici, à Montréal, l’école de jiu-jitsu brésilien Gracie Barra, il constitue un formidable exemple d’immigrant qui génère de remarquables bénéfices pour toute sa communauté.
Un texte de Enora Perez – Dossier Immigration
Bruno est né à Rio de Janeiro en 1979. Ses parents sont tous deux sportifs. Sa mère fait de la natation et son père, du jiu-jitsu brésilien et du surf. Ce sont 3 sports que Bruno coudoie durant sa jeunesse. Âgé de 3 ans, il commence la natation. Il a 5 ans quand il se met au surf et c’est à partir de 11 ans qu’il s’initie au jiu-jitsu brésilien. Il n’a jamais cessé son apprentissage depuis lors.
Il débarque au Canada à 27 ans, pour poursuivre ses études en médecine. C’est à l’université McGill qu’il complète son doctorat. Puis, il effectue des recherches postdoctorales à Toronto, en clinique, sur le cancer des yeux. Il reçoit ensuite des propositions de l’université McGill et revient y travailler pendant 3 ans, où il se concentre sur la recherche.
Le jiu-jitsu brésilien étant peu connu en dehors du Brésil, il commence à l’enseigner dès son arrivée dans le pays pour pouvoir continuer à s’entraîner. Très actif jusque-là, il diminue ses participations aux championnats pour pouvoir se consacrer à sa carrière en médecine. Pendant deux ans, il tente d’enseigner les deux. Finalement, il décide de mettre un terme à ses recherches, pour se consacrer entièrement au jiu-jitsu brésilien. Même s’il a investi beaucoup de temps dans sa carrière de médecin et qu’il aime la recherche, il est incapable de renoncer au jiu-jitsu brésilien.
Triomphe de la passion
C’est en 2010 que Bruno ouvre sa première école, Gracie Barra Montréal. Depuis, il est devenu superviseur général de 8 écoles à travers le Québec. Même s’il n’a pas de formation en affaire, il bénéficie de l’aide d’amis et apprend sur le tas. Ses écoles sont populaires et accueillent un public de tout âge. Il souhaite donner leur chance à ceux qui veulent adopter son jiu-jitsu comme mode de vie. Aujourd’hui, l’une de ses plus grandes fiertés est de voir d’anciens élèves devenir professeurs ou propriétaires d’écoles Gracie Barra. «Il y a trois générations d’élèves, sourit-il. Les élèves, les professeurs et les propriétaires d’école.»
En plus de prodiguer à ses élèves un art martial aux nombreux bienfaits physiques, Bruno leur fait aussi partager de fortes valeurs morales. L’école considère le respect des autres et l’esprit sportif comme essentiels. Le jiu-jitsu brésilien aide ceux qui le pratiquent à prendre de l’assurance. Plus qu’un simple établissement sportif, Gracie Barra est devenue une petite communauté où les professeurs enseignent à leurs élèves à se soutenir les uns les autres.
C’est en partie au moyen du jiu-jitsu brésilien que Bruno a réussi à s’intégrer à la culture du pays. Même si le sport était peu connu à Montréal et comptait peu d’instructeurs, beaucoup d’autres arts martiaux avaient déjà leur public. Il a rejoint cette communauté martiale dans laquelle il s’est fait des amis avec qui il a pu travailler. «Sans le jiu-jitsu, je serais peut-être reparti au Brésil», affirme Bruno. C’était initialement son projet. Il devait finir ses études et rentrer, mais devant l’engouement engendré par son sport, il a décidé de rester, motivé par l’impression d’avoir un impact fort sur sa communauté.
Aujourd’hui, Bruno est parfaitement intégré à la culture du Québec. Marié à une Québécoise, ils ont deux enfants. Il se sent maintenant plus proche du Québec que du Brésil. L’impact positif créé par son sport l’a poussé à rester et à développer son rêve de jiu-jitsu brésilien. Il continue de faire grandir son équipe et sa communauté, tout en consacrant du temps à sa famille.
[…] Publié sur le site internet de Reflet de Société le 17 février 2020 […]