Café Graffiti: 25 ans d’implication

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Une année de fête et de changement. Le Café Graffiti souligne son quart de siècle alors que le Journal de la Rue, quant à lui, souffle ses 30 bougies. L’aventure a débuté avec le Journal de la Rue, le premier journal de rue francophone au monde. Il a été suivi en 1993 par Macadam en France et par l’Itinéraire en 1994. 

Le graffiti hip-hop venait à peine de prendre sa place à Montréal. Après 5 ans de travail de rue, l’organisme s’implique auprès de 125 jeunes marginalisés, âgés majoritairement de 16 à 25 ans et animés par la culture urbaine. À la demande de ceux-ci d’avoir un lieu pour se regrouper, d’avoir la liberté de créer et d’être vu sur une artère commerciale, nous louons un restaurant qui sera redécoré par les jeunes pour créer le Café Graffiti.

Les jeunes nous avaient demandé d’avoir pignon sur rue sur l’artère commerciale de Sainte-Catherine. Pas question de se cacher dans une rue transversale. Les jeunes veulent être vus et entendus haut et fort. Ils veulent une visibilité dans le quartier pour montrer qu’ils existent, qu’ils sont des artistes à part entière.

Les breakdancers envahissent la salle de danse. Devant les vitrines, le public s’entasse pour admirer la fougue des jeunes artistes.

L’organisme leur a donné les moyens de se professionnaliser et d’en arriver à créer leurs marques, leurs événements et de façonner leur vie personnelle et professionnelle. Après 25 ans, ce sont des milliers de jeunes qui ont utilisés les services du Café Graffiti. Aujourd’hui, devenu professionnels, ils se retrouvent dans différents métiers et professions, et ce, un peu partout à travers le monde.

Le public a entendu parler du Café Graffiti la première fois en 1997, lorsque les jeunes graffiteurs ont réalisé une murale sur toile de 150 pieds de longueur à la Place Hydro-Québec. Près d’une trentaine de médias, francophones, anglophones et internationaux sont venus les passer en entrevue. Ce sont 22 000 spectateurs qui ont pu être plongé dans l’univers hip-hop. Et les événements se sont rapidement enchaînés à un rythme infernal.

Brisons les tabous

À une époque où plusieurs se questionnaient encore sur la légitimité de cette culture, le Café Graffiti brise les tabous. Dans une salle de 2200 places, un spectacle met en vedette un orchestre symphonique et des breakdancers sur la même scène. Il a fallu rallonger la scène pour accommoder tous ces artistes en même temps. Un écran géant de 60 pieds de large permettait de voir l’ensemble de l’œuvre.

Pour le concert Orgue et Couleurs, graffiteurs, breakdancers et rappeurs forment deux équipes avec chacun des organistes classiques travaillant avec les orgues Casavant dans une église.

Pour en arriver à gagner un accès sur les principales scènes des grands festivals, le Café Graffiti a créé pendant cinq années les Off-Francos, permettant annuellement à plus de 150 artistes urbains de performer devant une foule qui en redemandait toujours plus. À la 5e année, la culture urbaine gagne ses lettres de noblesse et hérite d’une scène principale aux Francofolies.

Deux mois par année, pendant plus de 10 ans, les graffiteurs ont pris place dans les vitrines des magasins de la chaîne Simons à travers le Canada. Pour la majorité des artistes, c’était leur premier contrat en tant que professionnel.

Le Café Graffiti a été un leader permettant à la culture urbaine de prendre une importante place sur la scène culturelle du Québec. Les artisans de la culture Hip hop deviendront rapidement des artistes professionnels et certains sont maintenant reconnus comme au niveau international.

Recette gagnante

Plusieurs secrets ont créé la recette gagnante du Café Graffiti. Pour n’en nommer que quelques-uns.

  • L’adaptabilité : de travailleur de rue de 1992 à 1997 à travailleur de milieu en intervenant auprès des jeunes qui quittent la rue pour le Café Graffiti. 
  • Rien n’est impossible… dans la mesure où tu as l’adrénaline pour réaliser tes rêves. 
  • Croire dans les jeunes et leur potentiel même dans leur marginalité.
  • Fournir des projets produisant une occasion de te réaliser comme jeune en apprentissage de responsabilité. L’adrénaline de projets positifs doit surpasser celle de l’illégalité.
  • Savoir se retirer et laisser la place aux jeunes. Quand les jeunes sont devenus des muralistes professionnels, l’organisme ne les a pas compétitionnés. 

L’originalité de ces projets a permis à certains artistes de faire le tour du monde. Ils ont développé leur art au contact d’artistes de différentes cultures.

L’expérience aura été profitable pour les jeunes devenus adultes. Excitante mais aussi épuisantes pour ceux qui les ont accompagnés. Une nouvelle équipe se prépare à prendre la relève. De nouveaux jeunes avec de nouveaux besoins se pointent à l’horizon.

Une histoire à suivre.

Raymond et Danielle.


À lire :

Version anglaise sur The Social Eyes

Raymond Viger
Raymond Vigerhttps://raymondviger.wordpress.com/
Raymond Viger. Rédacteur en chef du magazine d'information et de sensibilisation Reflet de Société, édité par le groupe communautaire Le Journal de la Rue. Écrivain, journaliste et intervenant. raymondviger.wordpress.com www.refletdesociete.com www.cafegraffiti.net www.editionstnt.com www.survivre.social Courriel: raymondviger@hotmail.com

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