Le XVe siècle a été marqué principalement par les grandes découvertes des explorateurs. Ces explorateurs sont partis à la recherche de la route des Indes, un pays qui était réputé pour ses richesses, telle la soie et les épices. Ainsi, une gang d’Européens part à la découverte du monde et ils trouvent… les Indes, du moins, comme c’est ce qu’ils cherchaient, c’est ce qu’ils ont cru trouver à ce moment-là. C’est ce qui explique qu’ils ont appelé Indiens les autochtones qu’ils ont rencontré ici. Plus tard, ils ont compris qu’ils n’étaient pas en Inde et ils les ont donc appelé les Amérindiens, car ils étaient les Indiens d’Amérique.
Un texte de Ada Luna Salita – Dossier Éducation
De plus, à travers ces « nouveaux » territoires, ils découvrent de « nouveaux » animaux, plantes et aliments, qu’ils ne tardent pas à rapporter en Europe. Ils « découvrent » alors le blé d’Inde, les cochons d’Inde et le coq d’Inde, toutes des espèces qui étaient pour eux jusque-là inconnues.
Ils étaient obsédés avec l’Inde ou quoi? Pourquoi le besoin de préciser que ça vient de l’Inde? Eh bien, parce que le blé, le cochon et le coq sont des espèces qu’ils connaissaient déjà, et là, ils ont « découvert » des espèces qui, au premier regard, leur ressemblaient, et dont ils ignoraient le nom. Cet épisode renvoie à une de fonctions premières du langage, qui est de nommer les choses. Ils auraient pu emprunter le nom des langues parlées par les personnes qui habitaient déjà le territoire, mais ils ont préféré avoir recours à la création néologique, c’est-à-dire, inventer de nouveaux mots. La stratégie qu’ils ont choisie pour ce faire est l’analogie. Maintenant, penchons-nous un peu plus en détail sur ces mots.
Cochon d’Inde. Au premier regard, le nom semble assez facile à expliquer : c’est un cochon qui vient d’Inde, et pourtant… nous savons tous bien aujourd’hui que ce n’est pas un cochon et qu’il ne vient pas d’Inde! D’accord, les conquistadors croyaient être arrivés en Inde. Mais pourquoi cochon? Eh bien, apparemment, ce serait en raison du son émis par l’animal en question, qui ressemblerait à celui d’un cochon. Ce n’est qu’une hypothèse. En espagnol, par exemple, un des noms de cet animal est conejillo de indias, ou « petit lapin des Indes »; en effet, physiquement, l’animal ressemble plutôt à un lapin sans oreilles. Les conquistadors espagnols avaient peut-être plus souvent vu des lapins… ou au contraire, entendu des cochons! Règle générale, de nombreuses autres langues reprennent l’analogie avec le cochon, soit le portugais, l’italien, l’anglais, l’allemand et le russe. Le nom technique de l’animal, cobaye, vient du tupi-guarani, une langue autochtone du Brésil.
Blé d’Inde. Bon, vous avez compris d’où vient la partie « d’Inde » dans le nom, pourquoi « blé »? C’est encore une question d’analogie : on a tenté d’associer l’aliment à quelque chose qu’on connaissait. Ainsi, l’usage que faisaient les Amérindiens de cette céréale, le maïs, rappelait aux Européens l’usage qu’ils faisaient du blé. De même, les champs de maïs peuvent faire penser aux champs de blé qu’il y avait en Europe. Finalement, le coq d’Inde ou la poule d’Inde. Vous ne savez sûrement pas de quoi je vous parle, hein? Bien, il s’agit de cette volaille qu’on mange à Noël, plus communément appelée… dinde. Avouez que vous ne vous seriez jamais doutés du lien entre les deux!
Rendu là, vous êtes probablement assez bons et bonnes pour comprendre par vous-mêmes d’où ça vient. Eh oui, c’est un animal, ressemblant en quelque sorte à la poule ou au coq, et qu’on trouvait en Amérique, ou… l’Inde de l’époque. Avec l’évolution de la langue, le générique « poule » ou « coq » a fini par tomber et on a juste conservé « dinde ». Les échanges entre les cultures amérindiennes et les cultures européennes se trouvent ainsi à tous les niveaux de la langue, même là où on ne s’en doute pas!
[…] texte de Paméla Vachon publié sur Reflet de Société – […]
[…] texte de Ada Luna Salita publié sur Reflet de Société | […]