Capsule de français : Le masculin l’emporte sur le féminin, vraiment?

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« Le masculin l’emporte sur le féminin, même s’il y a 100 filles et un seul garçon », nous ont très tôt appris nos profs de français. Si ça a pu choquer de nombreuses jeunes filles au fil des ans, on s’est tout de même vite accoutumées à cette règle parce qu’on nous répétait que « c’était comme ça » et c’était tout.

Un texte de Mylène Roy |  Dossier Éducation

Eh bien aujourd’hui, je peux vous affirmer qu’on vous a menti depuis votre tendre enfance, parce qu’il y a bel et bien des raisons qui expliquent cette règle, qui est de moins en moins acceptée de nos jours avec les mouvements féministes. Ce qu’il faut comprendre d’abord, c’est que l’absence de genre neutre dans la langue a fait en sorte qu’il a fallu désigner un genre qui ferait office de neutre. C’est l’une des particularités du français, le fait d’avoir uniquement deux genres soit le masculin et le féminin. C’est finalement le masculin qui est considéré comme genre neutre, mais comme, socialement, c’est le genre qui s’est également imposé comme genre dominant, c’est difficile de dissocier les deux. C’est d’autant plus difficile lorsqu’on retrace l’origine de la règle.

C’est au 17e siècle que la règle du masculin l’emportant sur le féminin a été mise en place. Vaugelas, grammairien et l’un des premiers membres de l’Académie française, affirme en 1647 que « Pour une raison qui semble être commune à toutes les langues […] le genre masculin étant le plus noble doit prédominer toutes les fois que le masculin et le féminin se trouvent ensemble. » On peut difficilement dire que le genre grammatical et social ne sont pas associés et que ça n’a rien de sexiste après avoir entendu ça ! Il faut dire aussi que la domination masculine dans un cadre social contribue à renforcer cette idée. Donc, le fait que les femmes aient eu le droit de vote très longtemps après les hommes, le fait que les postes de direction aient été bien plus souvent occupés par des hommes que par des femmes ou encore les iniquités salariales qui peuvent encore exister entre un homme et une femme pour un même poste, font en sorte qu’on peut percevoir la règle du masculin qui l’emporte sur le féminin comme l’application du patriarcat à la grammaire.

Si la règle a été implantée au 17e siècle, ça signifie que ça n’a pas toujours été ainsi. Il y avait effectivement une autre règle bien établie avant : l’accord de proximité. Cette règle est bien simple : on accorde l’adjectif ou le verbe avec le nom le plus proche. Donc, si c’est le nom féminin qui est le plus près, on accorde au féminin et vice versa. Par exemple, on pouvait dire « Les hommes et les femmes étaient impatientes de découvrir de nouvelles contrées » ou encore « Les femmes et les hommes se sont assis pour la cérémonie ». Avec les débats sur la féminisation des titres, des textes et la désignation des personnes non binaires, on a vu cette méthode refaire surface récemment. Plusieurs guides de féminisation proposent même cette méthode comme alternative à la règle du masculin qui l’emporte sur
le féminin.

Finalement, c’est l’avenir qui va nous dire quelle règle va s’imposer ou si une autre règle fera son apparition, qui sait !

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