Cet été, je suis allée faire du kayak à Coaticook et à mi-chemin sur la rivière, j’ai aperçu trois ouaouarons qui m’observaient de la rive. Ça m’a fait réaliser que la nature est magnifique, mais aussi que je connaissais beaucoup plus de mots autochtones que je croyais! En effet, kayak, Coaticook et ouaouaron sont trois emprunts d’origine autochtone qu’on a intégrés à la langue française à différentes époques.
Un texte de Paméla Vachon – Dossier Éducation
Tout d’abord, un emprunt est un élément propre à une langue qu’on prend pour l’intégrer dans une autre. C’est un phénomène naturel qui se produit dès qu’il y a un contact entre des peuples. Dans le cas qui nous intéresse ici, il s’agit de mots de différentes langues autochtones empruntés aux Amérindiens et aux Inuits de la colonisation jusqu’à aujourd’hui.
Les premiers emprunts aux langues autochtones datent du 16e siècle lors de l’arrivée des Français sur le territoire qu’ils ont d’abord nommé Nouvelle-France, et qui deviendra plus tard le Canada. C’est de cette époque que proviennent des mots comme caribou, atoca, babiche et ouaouaron, car les colons français avaient besoin de nommer les nouvelles réalités qui les entouraient. Ainsi, ils ont emprunté quelques dizaines de mots se rapportant tous à la faune, à la flore et aux cultures nord-américaines. Ces mots sont d’ailleurs encore courants en français québécois. Par la suite, une deuxième vague d’emprunts aux langues autochtones a eu lieu au tournant du 20e siècle. Lors de cette période d’expansion territoriale et de développement économique, les colons anglais cette fois-ci ont commencé à se diriger plus au nord. Cela a permis de développer des contacts avec davantage de nations autochtones, dont les Inuits, et d’emprunter ainsi quelques mots à l’inuktitut comme kayak, inukshuk et iglou.
Même si plusieurs mots empruntés font partie du vocabulaire de la nature, la majorité des emprunts sont des toponymes, c’est-à-dire des noms propres attribués à un lieu. De nos jours, 10 % de la toponymie québécoise est amérindienne. Parmi ces noms propres, Québec et Tadoussac, deux villes bordant les rives du Saint-Laurent, sont en usage depuis le début du 17e siècle. On compte également parmi ces emprunts des noms comme Mégantic, Kamouraska, Chicoutimi, Kuujjuaq, Pohénégamook, Coaticook, et plusieurs autres. Néanmoins, le toponyme le plus connu est le nom du pays dans lequel nous habitons, soit Canada.
L’histoire de ce nom remonte au 16e siècle quand Jacques Cartier, ayant accosté sur les berges du Saint-Laurent, aurait entendu des Hurons parler de Kanata. Alors que ce mot signifiait « village », l’explorateur aurait plutôt compris qu’il s’agissait du nom du lieu à l’époque nommé Stadacona. Par la suite, Cartier a désigné dans son carnet de voyage le village en question ainsi que le territoire l’entourant par cette appellation. Ce nom a été rapidement adopté par les cartographes européens de l’époque et c’est ainsi que Canada est devenu le nom de notre pays.
Enfin, ce ne sont pas tous les mots autochtones utilisés aujourd’hui au Québec qui ont été empruntés directement aux nations qui peuplent le territoire. Certains mots ont eu un chemin bien différent et ont été empruntés par l’anglais des États-Unis à des nations locales comme les Sioux et les Dakota, puis empruntés à l’anglais par le français. Parmi ceux-ci, on compte des mots comme mocassin, tomahawk, tipi et parka. Comme ces mots autochtones sont connus et utilisés dans toute la francophonie, on dit d’eux qu’ils sont panfrancophones. C’est donc au fil des contacts avec les nations amérindiennes et inuites que les colons, d’ici et d’ailleurs, ont emprunté à leurs langues plusieurs mots reflétant de nouvelles réalités
[…] texte de Paméla Vachon publié sur Reflet de Société | […]