Capsule de français : La négation : une histoire qui finit pas!

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Il y a de ces histoires qui n’en finissent jamais… et c’est le cas de la négation en français! En effet, cette manière d’exprimer un refus ou de nier quelque chose a beaucoup évolué avec les époques et voici un bref aperçu de comment on est passé de ne à ne…pas ou même uniquement à pas à l’oral. 

Un texte de Paméla Vachon |  Dossier Éducation

Remontons jusqu’à l’indo-européen où la négation s’exprimait par un simple ne. Avec le temps, à force d’usure, ce ne a perdu un peu de son sens et donc de sa force d’expression au point où les langues européennes l’utilisant ont commencé à moins le prononcer. Toutefois, comme nous parlons tous dans le but de nous faire comprendre et de livrer un message clair, il a fallu trouver une façon de renforcer cette négation. Cela nous mène au latin ancien où le ne s’est tranquillement transformé en noenum signifiant « pas un ». Malgré tout, l’histoire s’est également répétée avec cette forme de négation. Ainsi, noenum a perdu de sa force d’expression et de son sens avec le temps et s’est transformé en nôn. C’est à la suite de la naissance du français que la négation nôn est devenue le ne que l’on connaît aujourd’hui. Comme quoi plus ça change, plus c’est pareil! Cela donnait des phrases comme : « Je ne marche à l’école. », « Tu ne vois ton chat. » ou encore « Il ne mange du gâteau. ».

Quoi qu’il en soit, les débuts du français ne font pas exception à la règle. À force d’utiliser la négation ne, elle a perdu de son expressivité et on a dû y ajouter des petits mots pour la renforcer comme pas, point et mie qui venaient préciser l’objet du verbe. Ainsi, on disait « Je ne marche pas. », comme l’action de marcher consiste à mettre un pas devant l’autre ou « Tu ne vois point. », car la personne ne voyait rien, même pas un point, ou encore « Il ne mange mie », puisque la personne ne mangeait rien, même pas une mie de pain. À l’heure actuelle, la négation mie n’est plus utilisée, la négation point se fait de plus en plus rare, mais la négation pas jumelée au ne est encore bien en usage. Évidemment, la négation ne…pas a perdu le sens de mettre un pas devant l’autre en marchant, ce qui fait qu’on peut produire des phrases comme « Je ne ris pas. » et « Il ne veut pas dessiner. ». Comme c’est une histoire sans fin, de nos jours, le ne tend à disparaître à l’oral, surtout dans les situations familières, donnant ainsi des phrases comme « J’ai pas envie. » et « Il cuisine pas. ». Cependant, à force de n’utiliser que le pas, il a perdu également de sa force d’expression. C’est pourquoi, afin de renforcer la négation pas, on ajoute souvent des petits mots comme du tout et absolument, ce qui nous donne pas du tout et absolument pas.

Bien entendu, ces changements prennent du temps et se font de manière inconsciente. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas un groupe de personnes se réunissant périodiquement qui introduit des innovations de la sorte dans la langue dans le but de complexifier la vie des gens. Même si parfois c’est tentant à imaginer, les changements dans la langue surviennent naturellement, car celle-ci est vivante et sociale, ce qui fait qu’elle s’adapte aux gens qui l’utilisent. Ainsi, il est difficile de prévoir quelle forme aura la négation dans cinquante, cent ou même quatre cents ans, mais une chose est sûre, c’est que l’histoire que vous connaissez désormais se répétera encore et encore!

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