Capsule de français : Et si nous rectifiions l’orthographe?

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Vous avez sûrement déjà entendu parler des rectifications orthographiques actuellement en cours, ou RO de leur petit nom. Du moins, vous avez certainement entendu parler du fait qu’oignon peut maintenant s’écrire sans le « i », c’est donc ben con et laid, diront certains, c’est donc ben cool et logique, diront d’autres!

Un texte de Ada Luna Salita – Dossier Éducation

Ces rectifications touchent certains mots du français pour lesquels on a théoriquement simplifié la graphie, c’est-à-dire, la façon de les écrire. Certains sont d’accord avec ces rectifications, d’autres s’y opposent. Pourquoi? D’abord, il faut préciser qu’il ne s’agit pas d’une réforme de l’orthographe. Il y a déjà eu, dans l’histoire de la langue française de vraies réformes, qui ont modifié une très grande partie du vocabulaire, mais les RO de 1990, car oui, elles sont là depuis déjà presque 30 ans, ce sont des rectifications qui ont été apportées à la langue. Ces changements touchent seulement cinq mille mots. Cette idée de changer artificiellement la langue pour la simplifier n’est donc pas nouvelle : la première réforme date du XVIIIe siècle!

Le but des rectifications orthographiques de 1990 est de simplifier la graphie de certains mots et d’uniformiser certains aspects de l’orthographe afin d’avoir une langue française plus cohérente dans son ensemble. Elles touchent donc à des aspects de la langue française qui ont déjà été signalés comme étant problématiques. Dit comme ça, ça semble plutôt logique, hein? Pourquoi les gens les rejettent donc si fortement?

Ce qui est particulier avec cette modification-ci, et probablement une des raisons pourquoi, même si elle existe depuis 30 ans, on ne se convainc pas de l’intégrer, c’est qu’elle est, pour ainsi dire, optionnelle. L’Académie française a déclaré en 1991 que les anciennes graphies demeuraient admises et qu’on ne pouvait rejeter les nouvelles graphies; l’Office québécois de la langue française estime, lui aussi, que ni les graphies traditionnelles, ni les nouvelles graphies proposées ne doivent être considérées comme fautives. Cela explique la raison pourquoi encore aujourd’hui, elles restent en quelque sorte un mystère pour une grande partie de la population et pourquoi elles ne sont pas enseignées systématiquement dans les écoles. « J’ai appris la langue compliquée comme elle est, pourquoi les jeunes peuvent pas l’apprendre comme ça aussi? » Vous avez sûrement déjà entendu ce genre d’argument pour s’opposer aux RO. C’est vrai, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, hein…? La prochaine fois, vous leur direz que la langue qu’ils ont apprise, a elle aussi été simplifiée de nombreuses fois depuis qu’elle existe!

Un autre argument pour les rejeter – celui-là a plus de fondement – est le fait que les RO ne sont pas exhaustives ni uniformes. Il y a, oui, le fait qu’elles touchent seulement un mot par page en moyenne et que l’ancienne graphie soit encore acceptée qui n’encourage pas les gens à vouloir les adopter. Mais aussi, les RO comportent encore plein d’exceptions, donc au lieu d’uniformiser et de simplifier comme c’était le but, on crée de nouvelles exceptions dans la langue française. Ce n’est pas tellement ce dont elle a besoin, vous serez d’accord avec moi!

Sans trop entrer dans le détail, une des rectifications veut que l’on laisse tomber les doubles consonnes dans la conjugaison des verbes en –etter et –eller et qu’on les écrive avec un accent grave à la place, par exemple, renouveler : je renouvèle. Toutefois, on conserve la double consonne dans jeter et appeler, car ils sont bien implantés dans l’usage… Et voilà une nouvelle exception! Ainsi, la cible de ces RO serait ratée selon de nombreux linguistes qui prônent une réforme complète de l’orthographe afin de se défaire de la plupart des exceptions et de réellement rendre l’apprentissage de cette chère langue française plus accessible. En attendant, nous n’avons pas le choix de continuer à nous casser un peu la tête!

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