La poésie, c’est un genre littéraire qu’on reconnaît par sa forme qui a beaucoup évolué au fil des années. L’une de ces évolutions, ce sont les rimes. Il fut un temps où les rimes étaient très présentes dans la poésie. C’est pour cette raison qu’on nous apprend à faire rimer nos poèmes à l’école quand on aborde ce genre. Par exemple, c’est le cas de ces vers de Verlaine, Les sanglots longs des violons de l’automne / bercent mon cœur d’une langueur monotone, où on a deux vers qui se suivent qui riment en otone. Aujourd’hui, les rimes se font plus rares en poésie, c’est donc pas nécessaire de se casser la tête pour tout faire rimer!
Un texte de Mylène Roy – Dossier Éducation
Les rimes sont loin d’être le seul élément qui a changé dans la définition de la poésie. C’est vrai : le mot a longtemps désigné l’ensemble des productions versifiées et aussi tout ce qui était de la fiction, ce qui comptait des tragédies et des comédies qui sont classées assez loin du genre aujourd’hui ! La poésie moderne a une définition plus restreinte et elle tient compte de son évolution, on y inclut donc la prose, qui a longtemps été mise en opposition par rapport à la poésie. La prose représente une forme de discours qui, elle, ne tient pas compte des règles de versifications. Même si la prose ne représente pas la forme typique que l’on s’imagine de la poésie, il existe tout de même plusieurs célèbres poèmes en prose comme c’est le cas dans le fameux recueil Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire dont est tiré l’extrait suivant :
« Je voyageais. Le paysage au milieu duquel j’étais placé était d’une grandeur et d’une noblesse irrésistibles. Il en passa sans doute en ce moment quelque chose dans mon âme. […] ».
Même si, avec son évolution, la définition de la poésie reste assez large, on peut distinguer un poème d’un texte de chanson par les éléments qui les composent. Le texte de chanson est fait pour être écouté et ne constitue que le tiers de l’œuvre puisque la mélodie et l’interprétation vocale le complètent, alors que le poème, lui, est fait pour être lu et constitue l’œuvre en entier. La chanson compte aussi plusieurs répétitions et rimes dans le but d’accrocher l’oreille, ce qui est plus rare en poésie. Un poème mis en chanson, donc un poème auquel on appose une mélodie, ne présentera pas ces caractéristiques. Par exemple, le refrain de la chanson Igloo de Safia Nolin, J’erre comme un fantôme amnésique/Dans les maudites rues de Limoilou/Sous le regard du hibou de plastique/En basse-ville y’a mon Igloo, a plusieurs rimes; amnésique rime avec plastique et Limoilou avec Igloo et mon Igloo est répété à 2 reprises. On peut voir la différence avec ces vers de Charlotte Aubin : sur un air de tu m’manques/ elle chantait sa rousseur de pharmacie/ le poids des cantines d’antan/ ben accoté sur ses hanches, qui n’ont aucune rime et aucune répétition.
Il faut aussi dire que la poésie se définit par le travail sur le langage, par l’utilisation de figures de style comme la métaphore, la comparaison et les effets qu’elle réussit à produire par la création d’images. La poésie peut relater des évènements ou décrire des pensées, mais une chose est sûre : elle est liée à un monde de perceptions et c’est ce qu’elle cherche à transmettre, une certaine perception du monde propre à chaque poète. Il y a quelques sous-genres que l’on peut associer à la poésie comme le haïku qui est un court poème de 3 vers. Voici un exemple de la poète Jocelyne Villeneuve: À reculons, /l’écrevisse s’en allait… /Mes souvenirs.
Finalement, la poésie, c’est quand même pas si facile à définir parce qu’elle peut avoir plusieurs formes, mais c’est dans le jeu sur le langage et les perceptions que se trouve son essence !
[…] texte de Mylène Roy publié sur Reflet de Société – […]