On dit que des heures sombres jaillit la lumière. Eh bien, ce fut le cas pour le dessert national des Québécois : le pouding chômeur
Un texte de Paméla Vachon – Dossier Éducation
En effet, ce mets typiquement d’ici a vu le jour à la suite du krach économique de 1929. Ce krach, provenant d’une crise boursière aux États-Unis, a eu de grandes répercussions à travers le monde et également dans notre coin de pays. Qui dit crise économique, dit pertes d’emploi, d’où le nom pouding chômeur faisant référence à la fois au type de dessert ainsi qu’aux gens auxquels il était destiné.
L’appellation la plus populaire et celle retenue par les dictionnaires est pouding chômeur, mais certains nomment tout de même ce dessert pouding au chômeur. Il ne s’agit pas ici d’un pouding anglais, avec des raisins de Corinthe et de l’eau-de-vie, ni d’un pouding français, avec des fruits confits et de l’alcool, mais d’un pouding québécois, beaucoup plus rudimentaire, fait à partir d’une pâte à gâteau et sans alcool.
La légende veut que l’on doive cette recette à Georgianna Falardeau, épouse de Camillien Houde qui était le maire de Montréal pendant la crise économique de 1929. Alors que Camillien relevait ses manches pour améliorer le sort de ses concitoyens, Georgianna mettait la main à la pâte afin de confectionner ce délicieux gâteau blanc baignant dans une sauce au caramel. Elle avait comme ambition de remonter le moral des chômeurs montréalais à la suite des nombreux congédiements. La préparation de ce dessert ne devait donc pas coûter trop cher puisque les familles des gens touchés par la crise n’avaient plus de salaire pour acheter des ingrédients de luxe comme des œufs ou du sucre. Ainsi, ce remonte-moral ne nécessitait que de la farine, de la graisse, du lait et de la cassonade.
Bien que ce dessert soit originaire de Montréal, la recette s’est rapidement propagée dans le reste de la province. D’ailleurs, avec les années et la reprise de l’économie, la recette a connu plusieurs variantes dont l’ajout d’œufs et même la substitution de la cassonade par du sirop d’érable, ce qui le rend encore plus emblématique des racines et des richesses du Québec.
Aujourd’hui le pouding chômeur reste accessible à tous, est dégusté dans toutes les classes sociales, et fait partie des traditions gastronomiques québécoises. Il est servi sur nos tables afin de nous sucrer le bec et de nous rappeler qu’il faut savoir tirer le meilleur de chaque situation!
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