Capsule de français : Quand le français québécois joue au faiseux de mots…

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Le français québécois est une variété de français qui comprend certaines particularités! Parmi celles-ci on compte l’utilisation du suffixe -eux qui a une signification toute particulière dans notre province. Avant de vous révéler ce dont il s’agit, regardons d’abord ce qu’est un suffixe.

Un texte de Paméla Vachon | Dossier Éducation

Un suffixe est un élément qu’on ajoute à la fin d’un mot afin d’en modifier le sens. Par exemple, en ajoutant le suffixe -phobie qui signifie « peur irraisonnée, crainte envers » à la base arachno qui signifie « araignée », on obtient le mot arachnophobie qui veut dire « crainte envers les araignées ». De plus, le suffixe peut modifier la classe du mot de base. Ainsi, en ajoutant respectivement les suffixes -eux et -iser au nom harmonie, ce dernier se transforme en l’adjectif harmonieux et en le verbe harmoniser. Ce type de transformation témoigne du fait que la suffixation est un procédé qui produit beaucoup de mots nouveaux. Néanmoins, il est possible qu’un mot garde sa classe d’origine après l’ajout d’un suffixe. Le cas échéant, le mot subit un léger changement de sens. C’est le cas du nom maison qui prend le sens d’une « petite maison » lorsqu’on lui ajoute le suffixe -ette donnant ainsi maisonnette. Un autre rôle du suffixe est la possibilité d’ajouter une connotation à un mot. Une connotation est un sens particulier qu’on ajoute au sens littéral d’un mot. Par exemple, le suffixe -âtre peut soit signifier quelque chose d’approximatif ou soit ajouter une connotation péjorative à un mot comme dans marâtre qui veut dire « figure maternelle qui maltraite ses enfants ». Un autre exemple serait celui du suffixe -eux en français québécois.

En effet, le suffixe -eux est très productif en ce qu’il permet de créer beaucoup de nouveaux mots ou même de changer le sens de plusieurs par l’ajout d’une connotation. Une de ses particularités au Québec est de prendre une connotation péjorative alors que, normalement, ce suffixe exprime simplement une qualité (courageux) ou un agent (un amoureux). De cette façon, dans notre province, le suffixe -eux indique des métiers socialement dépréciés comme le cas de politicailleux qui désigne des personnes qui exercent une politique méprisable. Également, ce suffixe qualifie des personnes dont le comportement est jugé négativement comme des chialeux ou des babouneux.

Par ailleurs, ce suffixe est particulier au Québec, entre autres, parce que l’utilisation du -eux pour désigner ces métiers ou ces personnes n’a pas cours en France. Par contre, les Français ont un suffixe équivalent qui est le -ard et qui qualifie aussi bien des agents que des comportements comme geignard et trouillard. Dans les deux cas, au Québec comme en France, le -eux et le -ard sont, dans plusieurs cas, les pendants populaires et péjoratifs du suffixe -eur. Ainsi, on obtient des traîneux et des traînards pour désigner des traîneurs! Enfin, une autre caractéristique propre à l’utilisation québécoise de ce suffixe est que ce dernier a créé des mots principalement à partir de radicaux verbaux comme achaleux qui vient du verbe achaler. Cela n’exclut pas que certains mots suffixés en -eux puissent provenir d’un nom ou d’un adjectif comme violoneux qui dérive du nom violoniste et niaiseux qui dérive de l’adjectif niais.

L’équivalent féminin du suffixe -eux est -euse. De la sorte, nous avons des lambineux et des lambineuses pour désigner des personnes lentes, des bougonneux et des bougonneuses pour des personnes récalcitrantes, des fouineux et des fouineuses pour des personnes qui ne se mêlent pas de leurs affaires ainsi que des baveux et des baveuses pour des personnes au comportement inadéquat et bien d’autres encore.

Somme toute, le suffixe -eux est très productif pour créer des noms et des adjectifs au Québec. Maintenant que vous connaissez son fonctionnement, saurez-vous créer de nouveaux mots en -eux? À vos plumes!

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