Par Colin McGregor | Dossier Communautaire
Presque tous les jours de la semaine, je dîne dans un restaurant communautaire à deux minutes à pied de mon nouveau lieu de travail, où je peux manger un repas équilibré à bas prix.
Chic Resto Pop a ouvert dans Hochelaga-Maisonneuve en 1984. Ils forment des personnes aux métiers de la restauration afin qu’ils puissent se réinsérer dans la société. Et presque tous les jours de la semaine, entre 12h00 et 13h30, ils offrent un repas complet pour seulement 4,50 $. On mange dans un décor de type cafétéria, au sein d’une ancienne église au coin d’Orléans et Adam, non loin du bord du fleuve.
Les repas sont complets : un choix entre deux plats principaux, généralement avec des légumes, du pain, de la salade, un potage, un dessert, un café ou du thé, puis de l’eau. Ce repas est ma principale source d’alimentation lors de mes journées au bureau.
Je ne sais pas ce que je ferais sans l’aide du Chic Resto Pop. Je déteste cuisiner et j’ai un budget limité. Mon appartement est trop loin de mon travail pour rentrer chez moi tous les jours pour le déjeuner, et même les restaurants les moins chers autour de nos bureaux facturent plus du double du Chic Resto Pop.
Les partenaires
L’organisme obtient une grande partie de leur nourriture sous forme de dons de la banque alimentaire du dépôt central de Montréal, Moisson Montréal (autrefois connue sous le nom de Harvest Montréal lors de sa fondation en 1984). Cet organisme, la plus grande banque alimentaire du Canada, recueille de la nourriture auprès des épiceries, des entreprises, des restaurants et des donateurs individuels, puis l’envoie à des dizaines d’organismes à travers la ville, comme le Chic.
Le site web de Moisson Montréal mentionne qu’ils remettent 20 millions de kg de nourriture par année au grand réseau d’entraide; 98 millions de dollars en aliments distribués annuellement à 303 groupes communautaires. Ils m’ont dit, quand j’ai fait du bénévolat là-bas, que presque la moitié des besoins alimentaires du Canada se trouvent sur l’Île de Montréal. Ce n’est donc pas une surprise qu’ils répondent à quelque 714 000 demandes d’aide alimentaire par mois.
Les bénévoles qui encadrent Chic Resto Pop semblent toujours heureux de me voir. Cet endroit s’appelle une banque alimentaire, mais ce n’est pas seulement destiné aux sans-abri et aux personnes démunies; c’est aussi fait pour les personnes à faible revenu, comme moi. Ils disent que l’achat de leur nourriture aide leur cause, et aide à former les travailleurs et les travailleuses en restauration pour qu’ils puissent voler de leurs propres ailes.
Une table pour tous
En règle générale, je ne parle pas aux autres convives, mais il y a peut-être quelques dizaines d’habitués, qui participent également au repas tous les jours de la semaine. La clientèle la plus importante est composée d’hommes plus âgés. Mais il y a aussi des familles, des femmes et des jeunes. Je ne voudrais pas caractériser quiconque avec qui je mange comme une personne de la rue, mais il peut y en avoir. C’est lorsqu’on voit une jeune maman accompagnée d’enfants entrer qu’on comprend que Chic Resto Pop répond à un besoin communautaire essentiel.
Certains jours, ils vendent des légumes à des prix avantageux. Une banane à 25 cents ? Je m’en prends deux quand elles sont en solde, même si le repas m’a rempli le ventre.
J’ai invité une collègue du Café Graffiti pour y dîner récemment. Elle m’a dit que cela lui rappelait les soupers chez sa grand-mère : d’énormes portions d’aliments fondamentalement sains, incluant beaucoup de légumes.
Un Chic espoir
Chaque quartier devrait avoir un restaurant communautaire comme le Chic Resto Pop. Alors que le prix du logement et de la nourriture monte en flèche et que la pauvreté étend son vilain filet à travers la ville et la province, une ressource offrant des repas décents à bas prix est vitale dans presque toutes nos communautés. Mais la présence du Chic ici témoigne de la résilience de Hochelaga-Maisonneuve, le quartier le plus pauvre du Canada lorsqu’il a ouvert ses portes il y a presque 40 ans. Grâce à ce statut, le Chic fait partie d’une panoplie de ressources communautaires ciblant les personnes à faible revenu qui vivent toujours dans ce quartier malgré l’embourgeoisement.
Donc, le quartier bénéficie de bons organismes communautaires pour les revenus faibles, comme la Cuisine Collective Hochelaga-Maisonneuve et le Chic Resto Pop et les maintient même aujourd’hui, alors que les joggers du matin sont aussi nombreux que les itinérants.
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