Un texte d’Ariana Noera
Quand on pense au mot cimetière, il est facile d’imaginer un grand espace gazonné avec des pierres tombales. L’idée n’est pas toujours des plus plaisantes, mais c’est un stéréotype de n’importe quel cimetière dans le monde, ou presque. Il existe dans notre culture seulement deux options qui se présentent à nos êtres chers après notre départ : l’inhumation ou la crémation. Le choix semble facile, mais il y a de jour en jour plus d’alternatives qui apparaissent, comme la dispersion des cendres ou le don de notre corps à la science.
Au Québec, depuis quelques temps, il est possible de choisir l’environnement en optant pour un cimetière écologique. Un cimetière écologique est un endroit où le développement durable et une faible émission de carbone priment. C’est la base de cette nouvelle vague. Par contre, parler de tendance serait une erreur. Les cimetières écologiques québécois sont plus présents de jour en jour dans le quotidien de tous, en ville comme à la campagne. Des dizaines de cimetières ont vu le jour dans les dernières années, nouveaux aménagements ou réaménagements de cimetières naturels.
Particularités
C’est un endroit de sépulture, mais où il y a certains critères pour une soutenabilité environnementale durable. « Le mot écologique pour les cimetières est très fort. Il serait certainement préférable de l’appeler “à faible impact environnemental”. Ça signifie qu’on a une approche plus sensible au développement durable », explique M. Tittel, directeur du cimetière durable Les Sentiers de Prévost (Laurentides).
La durabilité est un principe charnière de notre époque, qui est à la base de différents changements de notre vie et maintenant, aussi de notre « après-vie ». Les espaces de ce genre de cimetières sont laissés vierges, boisés et pleins de verdure. Dites adieu aux grands espaces gazonnés et faites place aux havres de paix arborés. Les personnes qui choisissent cet endroit comme lieu de sépulture seraient incinérés et placés dans une urne, ou non. Les cendres sont enterrés sous un arbre (ou autre végétal de leur choix).
Les emplacements sont ensuite indiqués pour les personnes chères, grâce à des plaquettes métalliques. « L’empreinte carbone de ce type de cimetière est très faible. Mais en plus d’être une révolution sur le plan écologique, le concept suggère aussi une toute nouvelle vision du design et de l’architecture de cet endroit qu’est le cimetière. L’idée, c’est de créer une sorte de jardin botanique, mais avec des plantes et des végétaux qui sont indigènes à l’endroit, dans notre cas, les Laurentides. La nature, de cette façon, n’est pas dérangée par l’intrusion de plantes exotiques, ni par des aménagements invasifs », dit-il. L’entretien d’un champ de repos est un danger pour notre environnement non seulement pour la destruction d’une flore indigène, mais aussi pour les pesticides qui sont nécessaires à son entretien.
Rejets toxiques
Un autre aspect d’un enterrement est la thanatopraxie. Il s’agit d’une pratique de conservation du corps d’un défunt à travers l’injection de liquides toxiques. Cette pratique est largement employée par les cultures occidentales, même si les additifs utilisés sont considérés comme dangereux pour la santé humaine et la santé environnementale.
Pourquoi ces liquides sont-ils observés comme nocifs? Parce qu’ils sont l’une des principales causes de contamination de la végétation et de l’eau. Les produits chimiques de l’embaumement se dispersent dans les eaux en les contaminant. C’est pour cette raison que de plus en plus de familles choisissent la dispersion des cendres (post crémation) sans urne, pour un plus grand respect de l’environnement naturel. « Quand la crémation est terminée, on peut disposer sans urne des cendres de la personne décédée. Si la famille choisit une crémation dite “sans rituel”, qui signifie de procéder à l’enterrement des cendres immédiatement, sans rituel religieux, elle peut recevoir les cendres, à déposer dans les racines d’un arbre, même sans urne », affirme M. Tittel.
La volonté de respecter la nature s’accompagne souvent d’une envie de retrouver notre lien avec elle. L’idée de retourner d’où nous sommes venus et se reconnecter avec notre mère la Terre. « Dans le processus sans urne ni cercueil, les gens aiment la possibilité d’un “retour à la terre” », conclut M. Tittel.
Pour plus d’informations :
Cimetière Les Sentiers de Prévost, Laurentides : lessentiers.ca
Coopérative funéraire de l’Estrie : www.coopfuneraireestrie.com/votre-cooperative/cimetiere-naturel-milieu-urbain/
[…] texte d’Arianna Noera publié sur Reflet de Société | Dossiers Environnement et […]