De combattants à acteurs sociaux : les policiers aiment-ils leur nouveau rôle?

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Ghyslain Vallières compte 22 ans d’expérience dans la police. Il a été patrouilleur, préventionniste et agent spécialisé dans la lutte à l’exploitation sexuelle. Aujourd’hui, il est relationniste à la police de Longueuil, tout en continuant à travailler sur le terrain. Depuis le début de la pandémie, l’agent Vallières a mis à l’épreuve le rôle de policier RÉSO qui incarne bien la volonté de créer une police plus humaine au Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL).

Plutôt que combattant du crime, le policier RÉSO est un acteur social qui veille sur les gens vulnérables de concert avec les organismes d’aide de son territoire. Il travaille dans la communauté près des personnes souffrant de problèmes de santé mentale, de pauvreté, d’itinérance, de dépendance ou autres. Il apprend à connaître les réalités des différents milieux et crée des liens de confiance. Il identifie les fragilités, évalue les besoins et agit avant qu’il y ait une crise. L’agent Vallières travaille depuis mars auprès des itinérants.

De combattants à acteurs sociaux : les policiers aiment-ils leur nouveau rôle?
L’agent Ghyslain Vallières a travaillé auprès des itinérants à la station de métro Longueuil durant la pandémie en 2020.

Le métier de policier relève davantage de l’intervention sociale que de la répression en 2020. Aimez-vous toujours votre travail?

Oui. Parce qu’en tant que policier, on constate de plus en plus qu’on devient impuissant à aider les gens correctement. Maintenant, avec la nouvelle philosophie de police de concertation, on va chercher de l’appui auprès des organismes communautaires, des gens qui sont dans le milieu, dans le quartier, là où sont les problématiques. Il y a une complicité qui s’installe. Hier, une personne vulnérable avec un léger problème d’autisme avait un besoin urgent d’hébergement. C’est difficile pour un policier de trouver une solution pour ce genre de problème à 23 h. Ce sont maintenant les organismes qui deviennent « notre » 911.

Y a-t-il de la résistance chez vos collègues?

Ce n’est pas de la résistance qu’on note en ce moment, mais plutôt une crainte. Les policiers savent qu’ils sont incapables de répondre aux problématiques avec les outils dont ils disposent. Le temps alloué pour répondre aux appels d’urgence n’est pas suffisant. Mais pour ceux qui préfèrent vraiment le rôle plus traditionnel du policier, il restera toujours des postes. Par exemple la filature, agent double, brigade d’intervention multiple, le groupe d’intervention tactique, qu’on appelle le SWAT, etc.  Cette mentalité de combattant va toujours habiter le policier. S’il y a une urgence, il va toujours vouloir aller donner un coup de main. Après 22 ans de service dans la police, je veux encore être là lorsqu’il se passe quelque chose.

Avec ces changements dans l’exercice du métier de policier, quel profil de candidat sera recherché?

Ça va prendre quelqu’un qui a une grande intelligence émotionnelle. Bien entendu, il faut les connaissances légales. Il faut aussi les capacités physiques, parce qu’à la base, on va tous commencer patrouilleurs et on va tous faire face à des situations d’urgence. Mais il va falloir avoir ce genre d’intelligence pour voir au-delà de l’acte criminel et de la judiciarisation. Il faut veiller sur notre secteur et le connaître à fond, pour que, lorsque survient la moindre instabilité, tout de suite, on réagisse.

Est-ce que le policier RÉSO va remplacer le patrouilleur?

Les patrouilleurs vont toujours demeurer; ça, c’est certain. On espère que les policiers RÉSO vont tellement faire un bon travail en amont qu’on va avoir de moins en moins d’appels au 911 pour des crises en santé mentale, des problèmes sociaux et autres. Ça va permettre aux patrouilleurs d’urgence 911 de se concentrer seulement sur des appels d’urgence de type 911. La vulnérabilité porte plein de visages et se présente sous différentes formes. Parfois, elle est permanente, parfois elle est temporaire ou circonstancielle. Le policier RÉSO va lui-même détecter les gens avec qui il doit travailler, ou se les faire référer par les CLSC, les organismes ou encore les communautés religieuses.

Quand ces changements seront-ils effectifs au SPAL?

On voudrait que ce soit tout de suite, mais on attend le financement. La COVID n’aide pas. On espérait un financement de la ville, mais c’est difficile en ce moment pour les municipalités. Par contre, on a enclenché des discussions avec le fédéral et le provincial dans ce sens-là. On espère avoir des nouvelles au début de 2021. On va commencer par une douzaine de policiers, par la suite, on va en ajouter 25, et ainsi de suite. On espère que dans 5 à 10 ans, on aura 50% des effectifs qui seront des policiers RÉSO.

Marie-Claude Simard
Marie-Claude Simard
Journaliste indépendante

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