Critique littéraire: Prendre son souffle

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Un texte de Lewis Gagnon

Dossier LGBTQ+

Il eût mieux valu que je ne te rencontre jamais, amour de ma vie. Mais voilà, c’est arrivé. Je me dis parfois que je suis injuste, qu’un tour de montagnes russes avec toi vaudra toujours mieux qu’une vie entière dans la grande roue avec qui que ce soit d’autre.

En 2022, Geneviève Jannelle nous présente son quatrième livre : Prendre son souffle. Ce roman nous raconte la vie amoureuse d’Anaïs et d’Éden. À travers les 144 pages de son roman, Geneviève nous laisse sur notre souffle en se demandant ce qui les attend. 

Anaïs, jeune femme dans la vingtaine, sort tout bonnement du Café Larue pour se rendre au travail, lors qu’elle se fait percuter par un cycliste. C’est rempli de colère et d’attirance que commence son histoire avec Éden. La jeune femme, qui a des tendances de choisir de mauvaises relations, se posait beaucoup de questions sur son nouveau prétendant. Ne voulant pas lui présenter sa famille, elle s’attendait au pire, ou encore, un échec amoureux. Mais lorsqu’elle la rencontre pour la première fois, tout s’explique.

Famille de trois enfants, ils sont tous atteints d’une malédiction, l’ataxie de Friedreich. Le frère aîné, mort à 39 ans, sa sœur, avancée dans la maladie et lui, qui ne montrait aucun symptôme à ce moment-là. Anaïs devrait-elle s’enfuir toute suite avant que le mal soit fait ou rester sachant ce qui pourrait l’attendre ? Elle a décidé de rester. 

Vivant dans la peur que sa forme physique allait dépérir, Éden et Anaïs ont vécu huit années sans se soucier de quoi que ce soit. Voyager, faire des activités, avoir de nombreux rapports sexuels, profité de l’un et de l’autre. Puis est venu le jour de son premier symptôme. La peur les a rattrapés. 

Pendant quelques années, à la suite du premier symptôme, la maladie s’est montrée lentement, pouvant garder un mode de vie assez semblable. Ils se donnaient plusieurs raisons de défier la faucheuse, en partant en voyage sur un coup de tête ou  faire certaine activités. Puis est venu le moment où la marchette est arrivée à la maison, puis la difficulté de parler et les difficultés à faire l’amour. 

À plusieurs reprises, Éden a voulu qu’Anaïs s’en aille, qu’elle aille vivre sa vie. Mais elle ne voulait rien d’autre que sa relation avec lui. Plus le temps avançait, plus les deux se sentaient pris dans ce malheur et dans les restrictions. L’amour était la seule chose qui les tenait ensemble. Comment pourrait-elle partir sachant que l’homme de sa vie était en train de se détériorer quelque part pendant qu’elle avait un semblant de vie ? 

Les amis se faisaient moins, puisqu’ils ne pouvaient plus voir la pitié dans leurs yeux. Elle coupa les ponts avec les personnes qui la persuadaient de partir avant que ça soit trop tard. Anaïs voulait écouter personne. Elle voulait rester à tout coup. Où mènera cette persistance ? En vaut-il vraiment la peine d’être vécu si les deux se sentent inconfortables ? 

Je trouve que le roman aborde un sujet assez peu commun dans la littérature actuelle et je trouve que Geneviève a su bien illustrer l’avancement de la maladie ainsi que les pensées des deux côtés par rapport à la situation. Ayant une amie dont la mère souffre de la SLA, j’ai pu reconnaître plusieurs facteurs similaires à la maladie d’Éden. Ce genre de maladie est très destructrice pour la personne, mais aussi pour son entourage, puisque dans le cas de ces maladies, la personne garde la tête, c’est le corps qui ne suit plus. C’est un roman qui se lit très bien et qui est assez intriguant à lire. 

Je recommande ce livre pour des personnes qui seraient dans la même situation d’Anaïs, mais aussi à toute autre personne pour qu’ils puissent connaître un peu mieux la maladie et comment les gens y vivent.


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