Un texte de Anne Marie Parent | Dossier Éducation
Les animaux qui nous entourent – ou pas, selon où nous vivons! – ont une âme, ou plutôt un souffle de vie, selon l’origine du mot latin anima, souvent traduit par âme. Au Moyen Âge, on utilise plutôt le terme «bête», dérivé du latin bestia. Puis le mot «animal» commence à s’imposer dès la Renaissance. Voici quelques définitions de mots et expression tirés de la faune.
1) Raton laveur
L’animal au visage masqué comme un voleur ressemble à un gros rat et il semble laver ses aliments, de là l’expression raton laveur. En fait, s’il manipule souvent ses aliments dans l’eau, c’est principalement parce que son sens du toucher y est intensifié. Il peut ainsi mieux sentir les parties indésirables de sa nourriture pour les rejeter. Cet animal vit dans toutes les provinces canadiennes, sauf à Terre-Neuve-et-Labrador.
Le mot rat a une origine obscure. Il semble que cet animal soit arrivé en Europe depuis l’Asie au début du Moyen Âge, au 12e siècle. La racine «rat» (rat en français et en anglais, en italien ratto, en espagnol rato…) proviendrait du son que fait ce rongeur en grignotant. Le dérivatif «raton» est apparu dans la langue française au 13e siècle.
Dans quelques pays, son nom est la traduction d’ours laveur, au lieu du raton. Quant au mot anglais raccoon, il dérive du mot algonquin aroughcun qui signifie «celui qui frotte et gratte avec ses mains».
2) Écureuil
Voilà un mot difficile à prononcer en français par les anglophones, et tout autant difficile en anglais pour les francophones! Écureuil et squirrel: les deux viennent de la même origine, du latin populaire scuriolus, diminutif du latin sciurus, tiré du grec ancien skiouros.
La racine du mot grec est composée de skia («ombre») et de oura («queue»), exprimant que l’écureuil a une queue assez large pour lui faire de l’ombre. Au 12e siècle, escuriuel et escuriax (au pluriel) sont devenus escurel et escuiroil au 14e siècle.
Le latin n’est jamais loin dans les noms de familles animales: les Sciuridés sont un groupe de mammifères rongeurs comptant 262 espèces, dont 22 au Canada. Les tamias et les suisses font partie de la famille des Sciuridés. Le premier terme viendrait du grec tamias (économe). Le second, le (petit) suisse, qui est un tamia strié, est surnommé ainsi au Canada parce qu’il arbore un pelage de couleur roux, semblable à la veste rayée des gardes suisses du Vatican.
3) Orignal
Faites vos recherches, qu’ils disaient! Heureusement que j’ai vérifié l’étymologie du mot orignal, parce que j’avais entendu dire qu’il venait d’une erreur de graphie et qu’en fait l’animal «original» qu’avaient aperçu les colons français au 17e siècle avait été orthographié «orignal» par l’oubli d’un tout petit i!
Eh bien non, la vraie histoire est celle-ci: les Basques qui venaient pêcher le long des côtes du Canada ont appelé ces immenses bêtes oreinak (ou orenac), signifiant «cerfs» dans leur langue (pluriel de orein). Samuel de Champlain a repris ce terme dans ses relations de voyage (dès 1603) en le «francisant» en orignac.
Ce mot est resté longtemps dans le vocabulaire au Canada, puisqu’on le trouve dans le Dictionnaire étymologique de la langue française des Presses universitaires de France en 1968! On y précise: «Orignac: élan du Canada (vers 1600). On trouve aussi les formes altérées orignal et original, avec un pluriel en –aux.»
De nos jours, on dit un orignal en Amérique du Nord et un élan en Europe. À ne pas confondre avec le caribou nord-américain, appelé renne en Europe.
4) Expression
Dormir comme un loir
Pour marquer l’importance de la qualité (profondément!) ou de la durée (longtemps!) du sommeil, plusieurs expressions déclinent «Dormir comme…» en reprenant des images éloquentes. Outre «Dormir comme un loir», comme ce mammifère rongeur d’Europe qui reste au moins sept mois en hibernation, on va aussi entendre: dormir à poings fermés, dormir comme un bienheureux, dormir comme une marmotte, dormir comme une pierre, dormir comme une souche et même dormir comme une bûche, traduction de l’expression anglaise To sleep like a log. Le loir étant plongé dans le sommeil sans bouger pendant des mois, il a inspiré une autre expression: «Paresseux comme un loir»!
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