De la mythologie grecque au français moderne : Noms de…. dieux!
Dans l’histoire des langues, la langue française n’est certainement pas l’aînée de la famille. Issue du latin et de langues germaniques, le français ne devient langue officielle du Royaume de France qu’en 1539 sous l’impulsion de François Ier. Pourtant de nombreuses expressions tirent leur origine d’une époque bien plus lointaine, celle de la Grèce antique. Si les historiens et les archéologues d’aujourd’hui peuvent toujours étudier la société grecque, c’est en partie grâce aux arts picturaux comme la céramique ou à l’architecture, qui ont laissé des traces concrètes dans le paysage, mais aussi grâce aux textes écrits qui ont traversé les siècles. Ces récits, dont les plus anciens sont L’Iliade et L’Odyssée d’Homère, témoignent de la représentation que les Grecs se faisaient du monde et font partie de ce qu’on connaît aujourd’hui sous le nom de mythologie grecque : un ensemble de mythes, d’histoires qui proposaient une vision parmi d’autres de la création du monde basée sur des généalogies divines. Et ces mythes d’un autre temps sont encore très présents dans le français d’aujourd’hui…!
Qui n’a jamais entendu parler du tendon d’Achille, un ligament qui relie le mollet au talon, ou du talon d’Achille, qui désigne le point faible de quelqu’un? Ces deux locutions sont nommées en l’honneur d’Achille, héros de la mythologie grecque qui mourut blessé d’une flèche transperçant son talon. Thétis, la mère d’Achille, aurait trempé son fils dans un fleuve des Enfers censé le rendre invulnérable. Le seul moyen d’y arriver étant de tenir Achille par une partie du corps, son talon resta celui d’un mortel et donc son point faible.
L’adjectif titanesque, comme dans une tâche titanesque, nous vient également des Grecs et fait référence aux Titans, des dieux géants à la force incroyable. L’adjectif conserve aujourd’hui cette idée de grandeur et de puissance, que l’on retrouve notamment dans le nom d’un bateau tristement célèbre, le Titanic, qui, en 1912, était le plus grand bateau jamais construit et réputé insubmersible.
Les plus sportifs d’entre vous auront déjà lu ou entendu des chroniqueurs de hockey qualifier le gardien du Canadien de cerbère! Eh bien là aussi, il y a une histoire de dieu grec!
Cerbère était le nom du chien à trois têtes qui gardait la porte des Enfers, il était réputé intraitable et plutôt teigneux, des qualités très recherchées chez tout bon portier qui se respecte! Et si je vous parle d’un dédale de couloirs ou, au sens figuré, d’un dédale administratif, il y a fort à parier que ces expressions suscitent chez vous l’idée de labyrinthe, de complications inutiles, et à très juste titre d’ailleurs, puisque Dédale était un architecte grec de grand talent, à qui on demanda de créer un labyrinthe pour enfermer un monstre, le Minotaure. Dédale et son fils Icare, après de nombreuses péripéties, se retrouvent enfermés dans ce labyrinthe. Dédale décide alors de fabriquer des ailes, faites de plume et de cire, pour qu’ils puissent tous deux quitter le labyrinthe par les airs. Mais Icare vole trop près du soleil, et la chaleur fait fondre la cire et les ailes! Des siècles après l’erreur du jeune Icare, cette tragédie grecque est encore présente dans la langue sous l’expression se brûler les ailes qui signifie perdre ses avantages ou une certaine liberté en prenant un risque inutile ou en transgressant des limites pour finalement le regretter… Et si vous êtes complétement médusés devant toutes ces expressions que l’on doit à la mythologie grecque… méfiez-vous parce que Méduse a le pouvoir de pétrifier tout mortel qui la regarde…