Un Homme sur deux est une femme

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Sarah Lemay pour la Gazette de la Mauricie | Dossier Politique

L’androcentrisme est un concept qui révèle la domination historique, culturelle et sociale des hommes sur les femmes dans de nombreuses sociétés à travers le monde. Cette notion, bien que complexe, a des implications profondes pour les femmes et la société dans son ensemble.

Aux origines de l’androcentrisme

L’androcentrisme tire ses racines des structures sociales où le pouvoir et l’autorité étaient souvent, pour ne pas dire exclusivement, confiés aux hommes. Ces systèmes patriarcaux ont créé des environnements où les rôles, les normes et les attentes envers les femmes et les hommes étaient fortement différenciés. Les hommes étaient traditionnellement considérés comme les détenteurs des pouvoirs politique, économique et social, tandis que les femmes étaient reléguées à des rôles subalternes, principalement reliés à la sphère domestique.

Les conséquences

Dans notre société contemporaine, l’androcentrisme se manifeste de plusieurs manières. L’une des expressions les plus évidentes est l’inégalité salariale entre les femmes et les hommes. Malgré des avancées législatives, les femmes gagnent en moyenne moins que les hommes pour le même travail ou des emplois équivalents. Cette disparité reflète la plus faible valorisation sociale du travail des femmes et les stéréotypes de genre persistants qui continuent de les désavantager sur le marché du travail. 

Il existe un mythe très tenace voulant que les femmes pourraient simplement choisir d’exercer des professions plus payantes. Cependant, on remarque que les salaires ont tendance à diminuer lorsqu’une profession se féminise. La solution n’est donc pas aussi simple.

Aussi, la sous-représentation des femmes dans la politique et les postes de direction constitue un autre symptôme de l’androcentrisme. De fait, les femmes sont souvent exclues des cercles de pouvoir et de prise de décision, ce qui limite leur capacité à influencer la direction de la société. On pourrait croire que cette situation n’est plus d’actualité, mais des données de Statistiques Canada de 2020 démontrent que 59,7 % des conseils d’administration ne comptent que des hommes.

Par ailleurs, en éducation, les manuels scolaires et les programmes ont longtemps reflété une perspective androcentrique. Plusieurs recherches démontrent que les manuels scolaires sont sexistes. En effet, une étude de 2016 de Rhiannon Parker et ses collègues a prouvé que les hommes sont beaucoup plus représentés que les femmes dans les livres d’anatomie, que les images de femmes se retrouvaient davantage dans les sections sur la reproduction et qu’elles sont plus susceptibles d’être utilisées pour illustrer une blessure ou une maladie.

Les villes elles-mêmes ont été conçues selon une perspective androcentrique. L’urbanisme, qui a historiquement été dominé par des hommes, a souvent favorisé la conception de villes centrées sur les besoins et les expériences masculines. Par exemple, les infrastructures de transport en ville sont souvent conçues pour répondre aux besoins des travailleurs masculins qui se rendent au travail en voiture, tandis que les besoins spécifiques des femmes en matière de sécurité et de mobilité ont été négligés. 

Une étude réalisée en Suède a même démontré que le déneigement était sexiste puisque les grands axes étaient déneigés en premier laissant enneigés les trottoirs et les petites routes menant aux garderies et aux écoles, majoritairement utilisés par les femmes. Un remaniement des opérations de déneigement a permis de mieux assurer la mobilité de la population et s’est même soldé par une diminution des blessures causées par des chutes sur la glace et une amélioration générale du bilan de la route.

Les solutions

Une des solutions passe évidemment par l’éducation inclusive qui intègre des perspectives de genre diverses dans les programmes scolaires. Les équipes-écoles peuvent s’engager à promouvoir des environnements éducatifs où les stéréotypes de genre sont remis en question et où les contributions des femmes de toutes les disciplines sont mises en lumière. De plus, encourager la participation politique des femmes et leur engagement dans la prise de décision s’avère essentiel pour contrer l’androcentrisme.

Déconstruire l’androcentrisme est une tâche essentielle pour progresser vers une société plus égalitaire. Cela nécessite un engagement collectif à contester les structures qui maintiennent cette inégalité et cela passe par  l’adhésion de l’ensemble des membres de la société à l’égard de cette cause.


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