Par Raymond Viger | Dossier Éducation
Je me plais à dire que j’ai été élevé dans le bois. Ma mère m’a appris à écrire, lire et compter. Elle m’a ensuite donné la responsabilité de faire de même avec mon jeune frère.
Tout cela s’est passé avant que je ne débute mon primaire. Ce que l’on m’enseignait à l’école n’était qu’une révision de ce que je savais déjà. Pour chacune de mes années scolaires j’allais chercher à l’avance la matière à apprendre.
L’impact a été important pour moi. Je ne le savais pas à l’époque mais je suis dyslexique. J’apprends différemment des autres jeunes. L’enseignement de ma mère m’aura permis d’être un premier de classe, de sauter quelques années et de demeurer maître de mon apprentissage.
J’aidais les institutrices à faire leur travail. L’expérience d’avoir enseigné à mon frère m’avait inculqué des notions pour aider ceux qui avaient plus de difficulté. Être dyslexique m’a permis de développer des façons de travailler et d’étudier qui ont fait de moi un grand vulgarisateur.
J’ai développé d’autres habiletés pour compenser mes différences de fonctionnement. Organisation, structure, planification, concentration… Concernant ma dyslexie, je ne parle pas de trouble mais de différence. Je suis un dyslexique et fier de l’être. Ma différence a été appréciée dans plusieurs domaines.
Dans l’aviation, comme instructeur, autant théorique que pratique, on m’a référé les étudiants qui avaient le plus de difficultés. Comme enseignant en travail social à l’Université McGill j’ai pu aider les Inuits à compléter leurs études, sans avoir à prendre de notes ou à étudier du par cœur. C’est ma dyslexie qui m’a permis d’aider différentes communautés dans leurs apprentissages.
Enjeux et controverse
Dans ce numéro du magazine, nous traitons de l’éducation à la maison. Il nous fait plaisir de présenter le Centre d’apprentissage libre en forêt Arborescence. L’école à la maison et vivre en forêt. Une recette très bénéfique pour un jeune en pleine croissance. Une formule à laquelle j’adhère sans aucune hésitation.
Il existe deux controverses majeures touchant ces 10 000 jeunes au Québec qui font l’école à la maison. Le gouvernement du Québec s’est fait poursuivre au tribunal à deux reprises.
La première fois laissant des jeunes étudier dans des écoles religieuses qui n’ont pas donné les acquis nécessaires pour bien intégrer leurs jeunes à la société québécoise. Deux ex-juifs hassidiques, Clara Wasserstein et Yochonon Lowen ont poursuivi le gouvernement du Québec, non pas pour un dédommagement financier, mais pour s’assurer que les enfants soient mieux protégés et que personne n’ait à subir les difficultés auxquelles ils ont été confrontés.
Maintenant, le gouvernement du Québec subi les foudres de l’Association québécoise de l’éducation à domicile. Maître Anne France Goldwater est responsable de cette poursuite concernant l’ingérence du gouvernement de François Legault et son ministère de l’Éducation, concernant les façons d’évaluer les acquis des enfants qui font l’école à domicile.
Les nouvelles règles imposées par le ministère de l’Éducation créent une injustice envers les jeunes qui font l’école à la maison, allant même à annuler les avantages de faire ce choix en matière d’éducation.
Un dossier qui sera présenté dans notre numéro de juillet prochain.
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