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Elle est où ma maman? Critique littéraire d’Antonin

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Elle est où ma maman? Critique littéraire d’Antonin

Un texte de Lewis Gagnon

Dossier LGBTQ+

« Je bouge pas, comme maman me l’a dit. J’ai mangé une tranche de pain avec du beurre et ça m’a fait du bien, mais… Je suis tout seul. » « Deux jours. Trois jours. Quatre jours. Il n’y a plus de pain. » 

Antonin est le troisième livre de la collection Kaléidoscope de Samuel Champagne. Dans cette série, Samuel nous parle de la vie de jeunes garçons en quête de trouver qui ils sont. Les trois premiers tomes comprennent trois garçons de la même école secondaire qui renferment beaucoup de secrets et de questionnement. La façon dont Samuel apporte cette collection est fascinante. Il montre une même année scolaire, avec trois histoires complètement différentes, mais toutes reliées. Antonin est l’histoire d’un de ces jeunes. 

Mes autres parents

« Tout juste avant mes six ans, ma mère est partie. J’ai demandé un cadeau d’anniversaire et elle m’a abandonné. Alors, je ne demande plus rien. » L’histoire d’Antonin est définitivement la plus difficile à lire de la collection. Antonin a été abandonné à l’âge de 6 ans. Il a passé plusieurs jours, seul dans un appartement, avec presque rien à se mettre sous la dent. Ce qui lui a apporté plusieurs traumatismes et beaucoup de peurs. Toute sa vie, il a essayé  de ne jamais déplaire et de jamais faire quelque chose de mal par peur de se faire abandonner à nouveau.

Sa famille biologique n’était pas bonne pour lui. Son père se fâchait toujours, sa mère n’avait pas de patience et ne pouvait assumer ses responsabilités. Ils le sortaient en dehors de l’appartement quelques fois pour faire la fête, ne le nourrissaient pas suffisamment, lui faisaient faire les tâches ménagères et surtout ne lui donnaient pas d’amour. En plus de vivre la négligence de ses parents, Antonin a vécu de la violence physique et mentale. « C’est la première fois qu’il me donne autant de coups. D’habitude, c’est juste un sur le visage et il se calme. » Après s’être fait battre par son père deux jours après l’abandon de sa mère à 6 ans, Antonin cherchait seulement l’amour de sa famille. « Je sais où je suis : dans un hôpital. Mais… Mais… Maman m’avait dit de pas bouger ! Et si elle était revenue pendant que j’étais ici ? »

L’amour impossible

En plus de découvrir le passé et les traumatismes d’Antonin, nous découvrons son histoire d’amour, à l’âge de 17 ans, entre lui et William Paquin, le garçon qu’il ne peut pas quitter des yeux depuis qu’il l’a vu pour la première fois. Leur histoire d’amour commence d’une façon un peu cocasse : William s’est porté volontaire pour être modèle nu dans la classe de dessin d’Antonin. Ce qui a créé un malaise de la part d’Antonin et il est parti en courant après l’avoir admiré tout le long du premier exercice. 

À cause de son passé, Antonin a très peur de se faire abandonner à nouveau. Ça se produit beaucoup dans sa relation avec William. D’une part, il ne veut pas faire son coming out à sa famille pour ne pas les décevoir, d’autre part, il veut être avec William. Il se dit que lui et William c’est impossible, qu’il ne resterait jamais avec quelqu’un comme Antonin. « Au mot « chum », j’ai lâché sa taille. J’ai même reculé d’un pas. Je ne peux pas avoir un gars comme lui, il ne resterait pas. »

Plus le livre avance, plus qu’Antonin perd l’énergie de se battre contre lui-même. Doit-il avouer à sa famille qu’il est en amour avec William ou ne rien dire pour ne pas les déplaire et perdre William ? Il repousse tout le monde autour de lui jusqu’au moment qu’il ne peut plus rien contrôler. Jusqu’où est-il prêt à aller pour tenir compte de son passé, vivre son homosexualité et son désir d’être parfait pour tout le monde ?

Antonin est pour moi un des meilleurs romans que j’ai lus. Samuel Champagne nous fait ressentir la pression, les émotions en nous invitant à comprendre ce qui se passe dans la tête d’une personne atteinte d’un choc post-traumatique. En plus d’avoir une histoire touchante et intrigante, Samuel a su ajouter beaucoup de représentations dans ce livre. 

Je vous conseille fortement de lire les deux autres livres de la collection avant d’entamer Antonin, bien que nous n’ayons pas d’obligation de le faire. Pour plusieurs personnes, sortir du placard peut paraître comme la fin du monde. Chaque histoire est différente et mérite d’être écoutée.

Autres livres de la collection :

Adam

James

Sacha


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