Il n’y a pas que les aliments qui se sont transformés au fil des décennies et qui ont fait augmenter notre tour de taille : nos comportements à table y ont aussi contribué. C’est pour cette raison que plusieurs nutritionnistes s’intéressent non seulement au contenu de notre assiette, mais également à la manière dont nous mangeons.
Un texte de Julie Fortier, responsable éditoriale de Naître et grandir, dans le dossier Santé
Publié le 13 Février 2019 dans le magazine Reflet de Société
D’ailleurs, le nouveau Guide alimentaire canadien s’y attarde en nous invitant, par exemple, à prendre le temps de « savourer nos aliments » et à écouter nos signaux de faim et de satiété. En effet, les comportements que nous adoptons ou exigeons à table ont un impact sur notre santé et sur celle de nos enfants.
Ainsi, lorsque nous insistons pour que fiston mange tous ses légumes ou finisse son assiette, nous l’encourageons à manger sans écouter sa faim. Lorsque nous privons sa sœur de dessert, nous en faisons un interdit encore plus attrayant. Lorsque nous permettons à chacun d’avoir son écran à table ou de regarder la télé durant le repas, nous mangeons sans nous parler et sans avoir conscience de ce que nous avalons. Les études démontrent en outre qu’à long terme, ces comportements peuvent avoir un impact sur le poids.
Lorsque nous permettons à chacun d’avoir son écran à table ou de regarder la télé durant le repas, il en résulte que nous mangeons sans nous parler et sans avoir conscience de ce que nous avalons. Les études démontrent en outre qu’à long terme, ces comportements peuvent avoir un impact sur le poids.Opter pour la démocratie à table Quelles attitudes devrions-nous alors adopter à table? Dans son plus récent ouvrage, Enfants – 21 jours de menus, la nutritionniste Stéphanie Côté invite les parents à adopter le style démocratique lors des repas plutôt que le style permissif ou autoritaire. En résumé : le parent choisit le menu, mais l’enfant décide de la quantité qu’il mange; le parent sert régulièrement de nouveaux aliments à l’enfant, mais celui-ci n’est pas forcé d’y goûter ni de manger tout le contenu de son assiette; il n’y a pas d’aliments interdits et on tolère à l’occasion ceux qui sont moins nourrissants . Pour bien des parents, plusieurs de ces recommandations sont surprenantes et difficiles à adopter parce qu’elles sont contraires à ce qu’ils se sont fait dire étant petits. Même si les nutritionnistes répètent ces messages depuis des années, il s’agit toujours de tout un changement de mentalité. Maintenant que les conseils contenus dans le nouveau guide alimentaire sont davantage en phase avec ceux des experts en nutrition, cela aidera peut-être à faire changer à table certaines attitudes bien ancrées. Manger ensemble
Parmi les messages-clés répétés par les experts pour favoriser une alimentation saine, il y a aussi cette habitude simple, mais souvent difficile à mettre en pratique : manger en famille.« Ce que votre enfant mange est important, bien sûr. Mais avec qui il le mange l’est tout autant! Les bienfaits des repas en famille sont méconnus et pourtant si grands », écrit Stéphanie Côté. Des études ont effectivement démontré les bienfaits sur la santé physique et mentale des familles qui prennent souvent leurs repas ensemble. Avec le rythme de vie d’aujourd’hui, il peut toutefois s’avérer compliqué de faire manger tout le monde en même temps. La présence à table d’un seul parent ou d’un adulte significatif pour l’enfant peut cependant se révéler bénéfique, souligne Stéphanie Côté. Il vaut donc la peine de prendre le temps de s’asseoir avec lui, même si l’on a déjà mangé. Il y a toutefois des conditions à respecter pour que les repas en famille entraînent des bienfaits. Mieux vaut, par exemple, tenir éloignés de la table les « invités indésirables », comme les appelle la nutritionniste Marie Marquis, c’est-à-dire : la télévision (avec ou sans le son), le cellulaire, la tablette, les jouets, les livres et les journaux. Cela permet ainsi de pouvoir mieux communiquer et d’être attentif à nos signaux de faim (donc de ne pas manger trop). Changer de discours Bien sûr, pour être profitable, le moment du repas doit aussi être agréable. Cette responsabilité revient avant tout aux parents, rappelle Marie Marquis dans son ouvrage Un trio gagnant pour l’alimentation de l’enfant : parent, éducatrice, enfant. Ce n’est donc pas l’occasion de faire des reproches aux enfants ou d’entamer un sujet de discussion délicat. De même, en évitant de forcer son enfant à manger « toute son assiette » ou à goûter à un nouvel aliment, on évite du même coup bien des conflits, souligne-t-elle. Comme le dit l’experte en nutrition, la recherche sur l’alimentation a beaucoup évolué ces dernières années. Elle a entre autres permis de réaliser que dès la petite enfance, nos attitudes en lien avec l’alimentation aident nos enfants à développer une relation saine avec les aliments. Reste maintenant à mettre la théorie en pratique… Et si pour commencer, on essayait en 2019 d’arrêter de répéter des phrases comme « Pas de dessert si tu ne manges pas tes légumes » ou « Encore deux petites bouchées pour me faire plaisir »? En complément à Reflet de Société + Nouveau guide alimentaire : qu’est-ce qui a changé?, Naître et grandir Côté, Stéphanie, Enfants – 21 jours de menus, éditions Modus Vivendi, 2018 Marquis, Marie, Un trio gagnant pour l’alimentation de l’enfant : parent, éducatrice, enfant, Extenso, 2018 Alimentation des familles : ce qui a changé – Naître et grandir
[…] texte de Julie Fortier, responsable éditoriale de Naître et grandir, publié sur Reflet de Société | […]