Francisation : ces mots anglais auquel on ajoute des éléments français
Au Québec, on emprunte beaucoup de mots à l’anglais, ce n’est un mystère pour personne. Parfois les mots sont francisés, mais ça arrive aussi qu’on garde le mot original et qu’on ajoute des éléments du français pour l’adapter à la langue. Souvent c’est par dérivation qu’on le fait. Ça ne veut pas dire que le français est à la dérive, mais plutôt qu’on ajoute des préfixes ou des suffixes au mot anglais, le mot qui est ainsi créé est dérivé du mot d’origine. Quand on ajoute un préfixe, ça signifie qu’on ajoute un élément avant le mot alors que le suffixe, on l’appose après le mot d’origine. Si on prend en exemple le mot plug, on a d’abord modifié son orthographe qui s’épelle p-l-u-g en anglais alors qu’on l’écrit p-l-o-g-u-e en français. Puis, on a ajouté le suffixe –er pour former un verbe de premier groupe. Ça donne ploguer. Avec ploguer on ajoute le préfixe dé- ce qui nous donne un deuxième verbe, déploguer. Donc, même si, au départ, plogue était un mot anglais, on a ajouté des éléments qui font en sorte que sa morphologie donc, la façon dont le mot est construit, corresponde à une morphologie française. De cette façon, déploguer n’a plus l’air d’un mot anglais qui a unplug comme équivalent. Donc, non seulement le verbe qui provient du nom d’origine anglaise a une terminaison française, mais l’orthographe correspond aussi au français. Si c’est pas de l’adaptation à la langue ça !
Ce ne sont cependant pas tous les mots qui sont ainsi adaptés graphiquement. Ça n’empêche pourtant pas plusieurs mots de s’implanter dans l’usage avec leurs nouveaux constituants, qui permettent tout de même une adaptation à la langue. Le résultat, c’est qu’on a un mot hybride. Un mot hybride, vous l’aurez deviné, est un mot qui a des constituants qui proviennent à la fois d’une langue étrangère et de notre langue. Ce type de mots n’est pas réservé au français et à l’anglais, les hybrides peuvent apparaître dans toutes les langues. Il y a même des hybrides gréco-latins ! Ce n’est donc pas un phénomène nouveau. Il faut comprendre aussi qu’il y a plusieurs types d’hybrides.
Certains auront une base anglaise et un suffixe français comme c’est le cas pour fucké, dealer, mixer, caller, kitchenette, etc.
D’autres auront plutôt une base francophone et des éléments anglophones ajoutés. Par exemple, bronzing, low-tech, ou croque-love, qui sont surtout utilisés en France. Les mots qui proviennent de l’anglais et auxquels on ajoute des préfixes ou suffixes s’assimilent à la langue par l’ajout de ces éléments alors que les mots à base francophone auxquels sont ajoutés des éléments anglophones ont un caractère hybride plus proéminent.
Il faut dire aussi que ce n’est pas un hasard si on retrouve davantage des hybrides de la première catégorie au Québec. Comme notre situation linguistique fait en sorte qu’on est entouré d’anglophones, on a tendance à adapter les mots anglais au français parce que l’anglais est perçu comme une menace.
En France, le rapport à l’anglais est complètement différent. L’anglais est plutôt vu comme une langue prestigieuse et ajouter des éléments anglophones à la langue est donc signe de prestige. C’est pourquoi on retrouve également des hybrides de la deuxième catégorie en France.
La preuve que les mots à base anglophone adaptés au français s’assimilent bien à la langue c’est que le mot liker est apparu dans le Petit Larousse et le Petit Robert en mai 2018. Vous le chercherez la prochaine fois que vous checkerez dans le dictionnaire !