Volonté de performer, obsession du succès, désir d’exceller dans tous les domaines… Notre société valorise grandement l’atteinte d’une vie parfaite, combinant bonheur et réussite. Chez les femmes, cette volonté perfectionniste est souvent lourde à porter.
Un texte de Justine Aubry – Dossier Santé mentale
Zoé, une jeune femme de 28 ans, sait depuis longtemps qu’elle est une grande perfectionniste. «Je ne peux être satisfaite quand les choses ne sont pas parfaitement accomplies, et exécutées de façon organisée», admet-elle.
Anxieuse de nature, elle s’en met toujours beaucoup sur les épaules.
«Depuis un très jeune âge, je ressens cette pression. Que ce soit de la part de mes professeurs, de mes employeurs, de ma famille ou même de la société en général.»
Zoé souhaite ardemment obtenir une brillante carrière dans le domaine du cinéma, un milieu qu’elle juge très compétitif. La jeune femme croit devoir mettre la barre très haute afin d’obtenir le meilleur d’elle-même.
Malheureusement, elle finit par percevoir les défis qu’elle s’impose comme étant démesurés et en vient finalement à se sentir déprimée.
Les femmes sont nombreuses à souhaiter se démarquer autant sur le marché du travail que dans leurs relations sociales. Alors que plusieurs gèrent leur vie entière au quart de tour, d’autres s’imposent des objectifs parfois inatteignables, ne s’accordant jamais la possibilité de faire une erreur. Pour certaines, il s’agit plutôt d’une constante recherche de la perfection physique.
Auteur de Toujours mieux! Psychologie du perfectionnisme, le psychiatre Frédéric Fanget croit que les exigences trop élevées que certaines s’imposent peuvent devenir toxiques. «Elles provoquent un stress excessif et paralysent. Paradoxe, ce perfectionnisme-là, loin de renforcer notre estime de soi, nous conduit à nous dévaloriser, à nous éloigner de nos vraies priorités et, parfois, à passer à côté de notre vie.»
Zoé avoue que son manque de confiance en elle est probablement la cause première de sa tendance à se comparer aux autres et à être très exigeante envers elle-même. Savoir qu’elle est jugée par ses pairs ou qu’elle ne peut pas gravir les échelons assez rapidement au travail lui cause beaucoup d’anxiété. «Je suis très impatiente et je n’accepte pas que mon travail soit sous-estimé.»
Pourtant, une lueur d’espoir demeure pour les femmes aux prises avec ce trait de personnalité. S’il est canalisé de façon efficace, ce perfectionnisme peut apporter son lot d’avantages, comme un avancement de carrière et une plus grande confiance en ses forces. «Le perfectionnisme, s’il est allié à une certaine capacité d’imagination et une libération de soi, peut être un facteur de réussite extrêmement important. Il peut contribuer à l’expression du génie», explique Frédéric Fanget dans son livre. En résumé, la perfection n’existe pas et il faut savoir lâcher prise sur sa vie si l’on veut atteindre ses objectifs!
Une histoire de genre
Il n’existe pas à ce jour de recherche scientifique sur la différence de perfectionnisme entre les hommes et les femmes.
«Je crois qu’il y a plus de domaines dans la vie qui mettent de la pression aux femmes perfectionnistes qu’aux hommes perfectionnistes. Elles doivent être performantes au travail, à l’école, à la maison, dans leurs relations sociales et leur apparence. Si on prend le mythe de la mère parfaite par exemple, on se rend compte qu’on n’exige pas la même chose du père en tant que société.
«Mes recherches indiquent aussi que le besoin de reconnaissance par les pairs est plus important chez les femmes», révèle Gordon L. Flett, professeur à l’université de York et chercheur pour la Chaire de recherche du Canada en personnalité et en santé.
En complément Reflet de Société Plus
La Confiance en Soi, vu par Frederic Franget
[…] First seen in: Reflet de Société, Vol. 26 no. 3, été (summer) 2018, page 20. […]
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