Une augmentation de concentration de CO2 dans l’atmosphère serait responsable d’une altération des qualités nutritionnelles du riz, selon une étude menée entre autres par l’Académie chinoise des sciences et le département américain de l’agriculture.
Un texte de Alexandra Bachot – Dossier Santé
Pour mener à bien cette expérience, 18 différentes variétés de riz ont été étudiées dans deux rizières asiatiques, l’une située au Japon et l’autre en Chine. Certaines parties de rizière ont été recouvertes de tubes en plastique à l’intérieur desquels la concentration de dioxyde de carbone a volontairement été augmentée afin de mesurer la teneur exacte en protéine, fer et vitamines de chaque variété.
Les résultats obtenus démontrent qu’en plus de contribuer à l’effet de serre, une hausse de la concentration du dioxyde de carbone dans l’atmosphère dope la croissance de la céréale, mais lui fait perdre en qualité nutritionnelle.
D’ici la fin du siècle, on pourrait ainsi observer une diminution de 10% de la teneur en protéines de cette céréale tandis que le fer contenu dans le riz descendra de 8% et le zinc de 5%. La concentration de vitamines B1 et B2, présentes dans certaines variétés de riz, chutera quant à elle de 10% à 30%.
Lorsqu’il y a « plus de carbone dans l’air, la plante atteint une plus grande taille, produit plus de graines, mais cela se fait à un prix : des qualités nutritionnelles diminuées », explique Lewis Ziska, un des auteurs de l’étude.
Un constat alarmant qui peut avoir de graves conséquences sur la santé publique. En effet, pour des centaines de millions de personnes en Asie, le riz constitue l’alimentation de base, ces derniers tirant de cette céréale la moitié de leurs calories journalières.
« L’effet pourrait être dévastateur dans les pays consommateurs de riz, où environ 70% des calories et la plupart des nutriments viennent du riz », assure Adam Drewnowski, professeur d’épidémiologie à l’Université de Washington. Pour les chercheurs, les pays les plus pauvres de l’Asie du Sud-Est, à l’instar du Bangladesh, Cambodge, et Laos sont susceptibles d’être les plus fortement impactés.
Des solutions sont apportées par les scientifiques pour pallier les carences que pourraient connaître certaines populations du fait de cette perte nutritive du riz, notamment par la mise en place de repas plus équilibrés incluant des légumes, des fruits et d’autres sources de protéines. Une méthode difficilement accessible par les pays les plus pauvres pour qui le riz reste un aliment très économique. Autre solution proposée par les chercheurs : l’élaboration d’une ou plusieurs variétés de riz hybrides, rendus plus résistants à la hausse de concentration de dioxyde de carbone.
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