Le déclin de l’écriture

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Un texte de Célie Dugand et Colin McGregor | Dossier Éducation

L’apprentissage de l’écriture cursive (en lettres attachées) n’est plus populaire dans de nombreuses écoles, au profit de l’écriture scripte (en lettres détachées). Parallèlement, les élèves ont désormais accès très tôt à des ordinateurs et la dactylographie prend de plus en plus de place dans les établissements scolaires.

En Ontario, l’enseignement de l’écriture cursive n’est plus obligatoire depuis 2006. Aux États-Unis, 45 états n’exigent plus cet apprentissage également.

Selon l’orthopédagogue Josianne Parent, lors des premières années d’école, il est bénéfique de n’automatiser qu’un type d’écriture chez les enfants. « Le fait d’apprendre deux graphies simultanément entraîne une surcharge cognitive chez les élèves. Il est difficile pour eux d’alterner entre les deux, étant donné que certaines lettres sont très différentes d’une écriture à l’autre. En plus, à côté de ça, les enfants ont beaucoup d’autres choses à apprendre », détaille-t-elle.

Pour limiter cette surcharge cognitive, la plupart des écoles québécoises insistent donc davantage sur l’une ou l’autre durant les premières années.

Beaucoup ont choisi l’écriture scripte, car c’est celle à laquelle les enfants sont le plus confrontés, que ce soit dans les livres, dans les manuels scolaires ou sur les claviers d’ordinateur. Elle peut également s’avérer plus simple pour certains élèves en difficulté, car les lettres sont plus faciles à former.

Toutefois, ce n’est pas une généralité. Certaines écoles continuent à enseigner l’écriture cursive dès la première année, car elle présente de nombreux avantages. « Elle permet aux enfants d’être davantage conscients du mot comme il n’y a des espaces qu’entre chaque mot. Elle forme des connexions dans le cerveau et, d’un point de vue ergonomique, elle permet une bonne prise en main du crayon », explique Josianne Parent, en ajoutant qu’il n’y a pas une écriture meilleure que l’autre. 

L’arrivée des ordinateurs

L’écriture manuelle n’est plus la seule façon d’écrire enseignée aux enfants. Depuis quelques années, les ordinateurs sont proposés de plus en plus tôt aux jeunes. Au fil de ses 11 ans de carrière, Josianne Parent a d’ailleurs remarqué que les enfants sont de plus en plus à l’aise numériquement et écrivent très facilement avec des tablettes et des portables.

En 2008, un programme pilote mené par la Commission scolaire Lester B. Pearson (CSLBP) au Québec a fourni des ordinateurs portables à des élèves de quatre ans. Une centaine a été distribuée à cinq écoles de la région de Montréal et au Centre international de langues de Pointe-Claire. Depuis, c’est une pratique courante au Québec d’en fournir aux élèves de première année. 

Selon Josianne Parent, il est important d’inclure l’apprentissage de la dactylographie et ce n’est pas un frein à l’enseignement de l’écriture manuelle. « Il faut s’adapter à la société qui évolue et intégrer d’autres méthodes, notamment celle du clavier. Les élèves doivent développer cette écriture, car au Cégep, ils ne vont rendre leurs travaux presque que de cette façon, donc il faut les habituer. Aussi, ça leur libère de l’espace cognitif pour autre chose », souligne-t-elle.

Les ordinateurs aident également certains les élèves en difficulté puisqu’ils peuvent se concentrer sur leurs idées sans faire attention à la calligraphie. Les outils de correction représentent également un net avantage pour eux.

Toutefois, selon un test réalisé chez des élèves de 7e et 8e année dans une école francophone du Nouveau-Brunswick, si l’ordinateur permet aux élèves d’écrire plus vite et de développer des capacités de gestion du processus rédactionnel plus efficaces, il ne permet pas de corriger toutes les fautes d’orthographe et de grammaire. Or, les élèves ne semblent pas capables de pallier cette limite.

De plus, si les enfants restent trop longtemps devant un écran, cela peut s’avérer négatif d’un point de vue cognitif. L’ordinateur a donc des limites, c’est pourquoi Josianne Parent rappelle que son utilisation doit être faite de manière intelligente. « C’est une question d’équilibre. Le numérique doit être au service de l’école et surtout, les enseignants doivent y être formés », affirme-t-elle. Les ordinateurs sont à notre service, nous ne devons pas devenir les serviteurs de nos outils.


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