Un texte d’Ariana Noera
En 1982, la revue Les Débrouillards apparaît au Québec. Elle est le premier magazine de vulgarisation scientifique pour enfants dans la province. Avec une capacité communicative et éducative, cette revue est connue par les petits et les « moins petits » partout, et aussi en France. La force de cet organisme est sa capacité de rendre la découverte scientifique amusante pour la tranche d’âge des 6 ans et plus. Les articles sont simples et amusants, mais sans négliger un côté éducatif et sensibilisant. La volonté de l’organisme est d’initier les plus jeunes à la science et à l’expérimentation.
La revue fête en 2022 ses 40 ans. Pendant toutes ces années, elle a forgé plusieurs générations de « débrouillards » aimant la science et la découverte. Son fondateur est Félix Maltais, illustre figure de la vulgarisation scientifique. Il est journaliste, sociologue et passionné de science depuis toujours. En 1978, il crée l’Agence Science Presse, sous mandat de l’Association des communicateurs scientifiques du Québec.
L’Agence Science Presse est une agence de presse canadienne qui s’occupe de la distribution de matériel journalistique sur les sciences et les technologies aux médias régionaux. C’est la seule à faire cette distribution dans le monde francophone. Pendant que Félix Maltais était directeur de l’Agence Science Presse, le premier bulletin hebdomadaire Je me petit-débrouille paraît avec les communiqués de l’Agence. Il s’agit de l’ancêtre du magazine Les Débrouillards tel qu’on le connaît aujourd’hui. Je me petit-débrouille était dédié aux plus petits qui s’intéressent à la science. En 1982, la première copie du livre, homonyme au bulletin, Je me petit débrouille, est publiée. Il est d’un petit format carré sans couleur, illustré par Jacques Goldstyn, futur illustrateur de la série débrouillarde.
Depuis ce moment, la communauté de jeunes scientifiques s’élargit de plus en plus et la notoriété de cette revue ne cessera pas de croître jusqu’à aujourd’hui. « On n’a jamais vendu autant de magazines que pendant la pandémie, on est chanceux », dit monsieur Maltais. La pandémie et le temps à la maison ont favorisé une « nouvelle vague » d’achats de livres et de magazines. Une autre démonstration que la génération Les Débrouillards vit encore de nos jours.
Vulgariser la science
L’histoire de M. Maltais est des plus spéciales. Il a commencé à écrire pour les enfants avec la volonté de vulgariser le savoir pour les plus jeunes. « J’aime écrire, mais les sciences ont toujours été ma passion », affirme-t-il. Il obtient un baccalauréat en sociologie : « à l’époque le journalisme n’avait pas de parcours scolaire et moi, j’aimais écrire ».
Après son arrivée comme directeur de l’Agence Science Presse, il trouve un moyen pour concilier son amour pour l’écriture et la science. « La chronique hebdomadaire “Je me petit-débrouille” devient un succès. Alors, nous avons choisi de créer un recueil des chroniques et de le publier », dit-il. Le recueil sera une réussite, et se vendra à 1000 exemplaires par mois. La prochaine étape du projet Les Débrouillards sera celle de la création d’un club pour jeunes, qui existe et perdure encore aujourd’hui.
De là l’idée de faire un club de « jeunes scientifiques » allant du primaire au secondaire pour des expériences et activités scientifiques. Le réseau Technoscience s’associe à l’Agence Science Presse au début des années 80. Dès ce moment, commence l’aventure du club des Débrouillards. Plusieurs activités comme des expériences et des camps de jours seront mises en place pour favoriser un apprentissage et une vulgarisation destinés aux plus jeunes. « J’ai été moi-même animateur scientifique quand j’étais plus jeune » dit M. Maltais. Technoscience est encore aujourd’hui partenaire des Débrouillards.
Une édition spéciale
Pour souligner les 40 ans de la revue, l’équipe de rédaction a choisi de publier un numéro spécial. « On pitonne, on zigonne, on patente, on invente », comme chantait Gregory Charles dans l’émission homonyme de la publication, est le titre du numéro de mars 2022. Le magazine retrace en 35 pages les faits saillants de l’histoire de ce périodique et du club ainsi que de leurs acteurs majeurs comme Jacques Goldstyn, Yan England, Gregory Charles et, bien sûr, Félix Maltais.
Une ligne du temps nous accompagne tout au long de la lecture pour redécouvrir les étapes importantes de cette histoire éditoriale québécoise unique. « Nous avons choisi de faire cette édition spéciale pour les 55 000 abonnés d’aujourd’hui comme pour leurs parents, qui sont souvent des ex-lecteurs. L’idée est que les parents puissent en profiter aussi ».
Le magazine est en format papier ainsi que numérique. Comme il a déjà été mentionné, pendant la pandémie, les ventes ont battu des records. Quand nous demandons à Maltais ce qu’il pense de la chute de popularité des magazines papier, il nous répond, comme ça : « Moi, je suis un lecteur de magazines. La journée du mois où arrive ma copie, je me sens part d’une communauté. Il y a une formule qui dit : “Un magazine est une communauté d’auteurs qui parle à une communauté de lecteurs”. Pour Maltais, le magazine devient un moyen de connexion avec les abonnés, un moyen de leur parler et de leur faire sentir une présence mensuelle dans leur vie. Les copies papier restent dans les maisons et se transmettent de génération en génération.
La science au coeur de la ville
« Montréal est une ville de science, nous devrons mettre ça de l’avant », affirme-t-il. La ville de Montréal, avec ses différents pôles universitaires de recherche est connue mondialement pour d’importants réseaux, tels qu’Espaces pour la vie ou le Centre des sciences. M. Maltais veut mettre de l’avant le fait que Montréal et le Québec en général sont des endroits importants pour la science et l’avancement scientifique. Les Débrouillards veulent cadrer avec cette culture scientifique et invitent les jeunes à s’intéresser à des carrières dans le domaine.
La relève du magazine est une fierté pour M. Maltais. « Ils sont formés en communication, journalisme, mais aussi en science », dit-il. La nouvelle équipe de rédaction est composée de plusieurs personnes qui sont aujourd’hui des experts en pédagogie, vulgarisation et journalisme. Elles donnent un élan d’espoir pour perpétuer l’histoire des jeunes débrouillards.
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