Les difficultés d’avorter au Canada

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Pour ou contre l’avortement?

Lisa Melia | Dossier SantéAvortement et Sexualité.

Les canadiennes peuvent-elles avorter facilement? En 1988, la Cour suprême du Canada a déclaré invalides les articles 251 et 252 du Code criminel, qui interdisaient l’interruption volontaire de grossesse (IVG), car c’est l’un des droits fondamentaux de la femme que de disposer librement de son corps, droit qui est d’ailleurs protégé par la Charte constitutionnelle. Pour autant, des mouvements dits «pro-choix», c’est-à-dire qui soutiennent le recours à l’avortement, tels que Canadian for choice, la Coalition pour le droit à l’avortement au Canada ou encore la Fédération Québécoise pour le planning des naissances (FQPN), considèrent que de nombreuses améliorations sont à mener.

L’information sur l’avortement

La première d’entre elles concerne l’information, très largement insuffisante ou partiale. Canadian for choice affirme que dans de nombreux établissements hospitaliers, l’accès à l’information est volontairement bloqué par le personnel médical, qui refuse d’aiguiller les femmes désirant avorter. Le site de l’organisme propose ainsi des témoignages de femmes dont une partie a dû subir un comportement hostile des infirmiers et des médecins.

Certaines femmes qui veulent obtenir un IVG se voient même traitées d’irresponsables, car le personnel médical «présume qu’elles n’ont pas pris de contraception, qu’elles n’ont pas fait attention.» Or, une étude de la FQPN montre que souvent, les femmes demandent ces services en raison d’une défaillance de la contraception.

L’accès aux services d’IVG

La FQPN soutient par ailleurs que l’accessibilité aux soins est très inégale. En effet, seulement 17,8% des hôpitaux canadiens proposent des services complets d’avortement et le chiffre tombe à 12% des Centres locaux de services communautaires (CLSC) pour le seul Québec. La FQPN estime que les CLSC devraient pourtant offrir un suivi complet des femmes enceintes qui veulent interrompre leur grossesse, depuis la prise de décision a priori, jusqu’au suivi psychologique après l’intervention.

Bien que l’avortement soit gratuit, les femmes doivent parfois parcourir de longues distances pour accéder à un établissement qui les acceptent, ce qui entraînent des coûts. D’autant plus que les temps d’attente avant de subir l’opération peuvent aller de deux à six semaines. La Coalition pour le droit à l’avortement au Canada souligne que de plus en plus de canadiennes doivent donc aller dans des cliniques privées, aussi bien pour recevoir l’opération rapidement que pour être reçue par un personnel accueillant et attentif. Or, bien que cela soit prévu par la loi, les provinces de Nouveau-Brunswick et du Québec sont les seules à ne pas rembourser intégralement les patientes dans ces cas là.

Les mouvements anti-choix

Enfin, les mouvements opposés à l’avortement, qui se définissent comme «pro-vie» ont une influence de plus en plus importante. Le 29 mai 2009, George Tiller, médecin pratiquant l’avortement au Kansas, a été abattu par un militant anti-choix, un geste extrême que même les mouvements pro-vie condamnent.

Canadian for Choice souligne pourtant que les mouvements anti-choix tentent régulièrement de faire peur aux femmes enceintes, de les culpabiliser. Ils sont «variés et de plus en plus sophistiqués», affirme la FQPN, qui cite par exemple les stratégies pour occuper les sièges d’usagers des conseils d’administration d’établissements, et qui amènent alors régulièrement à l’ordre du jour la question de la pertinence du maintient des services de planning.

«Force nous est de constater qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir et d’action à poser avant d’obtenir des services accessibles, de qualité, gratuits et respectueux du choix des femmes dans le réseau public de la santé et des services sociaux», conclue la FQPN.

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