Je me retrouve dans une rencontre provinciale de journalistes. On tombe sur le tumultueux sujet des fausses nouvelles et de la crédibilité donnée à tout ce qui est dit dans les réseaux sociaux.
Plusieurs journalistes lancent à tout vent que les jeunes sont crédules et ne donnent du crédit qu’aux réseaux sociaux. Heureusement que j’étais accompagné de deux jeunes journalistes. Arianna et Alexandra prennent la parole pour affirmer haut et fort que les jeunes d’aujourd’hui ont la capacité d’être critiques envers ce qu’ils lisent et entendent. Avant de croire, ils vont faire leurs recherches, trouver des sources pour confirmer ou infirmer ce qui est dit. Non seulement le font elles, mais leur entourage aussi. Pendant un souper entre amis, si un des convives lance une affirmation, les gens prennent leur cellulaire et font des recherches en direct pour sauter dans le débat mieux préparés.
Je me suis permis d’ajouter mon grain de sel. Quand la télévision a fait son arrivée dans nos vies, ma grand-mère, qui avait une quarantaine d’années à l’époque, croyait dur comme fer toutes les assertions que les publicistes lui présentaient. Les plus jeunes, comme mon père ou moi-même, n’avons jamais donné de crédibilité aux publicitaires. La télévision était une technologie déjà en place, on en connaissait les forces, les faiblesses et les limites.
J’ai remarqué qu’un processus similaire s’était produit avec les réseaux sociaux. La majorité des jeunes adultes d’aujourd’hui sont vaccinés et font leurs recherches. Ceux qui ne le sont pas sont plus vieux. Rendu à un certain âge, on est vacciné contre toutes les nouvelles technologies. Donc, mis à part ceux qui ont des problèmes de personnalité profonds, la tranche d’âge la plus crédule envers les réseaux sociaux pourrait se situer entre 35 et 55 ans.
Vous me direz évidemment que les jeunes de 12 à 18 ans font trop facilement confiance aux réseaux sociaux. Ce sont des ados, en pleine crise d’adolescence et qui réfutent tout ce que l’autorité parentale ou la société veut leur imposer. Ils font plus confiance à leurs « petits amis » Facebook qu’à toute réflexion logique. Ne désespérez pas, ils deviendront éventuellement des adultes responsables. Du moins, on l’espère.
Mais il ne faut pas me croire. Ne prenez rien pour du cash. Soyez paranoïaque, une qualité essentielle pour être un bon critique et faire la part des choses.
Les complotistes
Des gens ont douté longtemps que la Terre soit ronde.
En 1910, l’arrivée de la comète Halley devait annoncer la fin du monde.
Un évangéliste avait prédit la fin du monde pour 1923, remise à 1927, ensuite à 1930, déplacé à 1934 pour finir en 1935. Mort en 1942, il n’a pas pu nous donner d’autres dates de la fin du monde.
1963. La mort de John F. Kennedy a fait naître beaucoup de spéculations et de théories complotistes.
En 1969, une secte était convaincue que la fin du monde arriverait lorsque l’homme marcherait sur la lune. 50 ans plus tard, 9% des Français le pensent encore.
Mort en 1977, Elvis Presley serait encore vivant.
Le bogue de l’an 2000 a fait vivre un énorme stress a beaucoup de gens. Ce n’est que partie remise pour 2038, avec un autre détail technocratique.
En 2001, l’attaque terroriste contre les tours jumelles a permis aux complotistes de se mobiliser dans toutes les directions, toutes aussi contradictoires les unes que les autres.
2019, le coronavirus crée une armée de complotistes anti-vaccin, anti-masque, anti-règle à suivre et anti-anti-tout.
Le succès des complots tient au fait que les rumeurs jouent sur nos peurs les plus profondes. N’essayez pas de convaincre un complotiste qu’il a tort. Essayez de le sécuriser. De lui dire que c’est normal d’avoir peur, mais que malgré tout… on l’aime.
Comme on dit en intervention, il ne faut pas tenter de discuter avec une personne en état d’intoxication. On la sécurise le temps qu’elle soit en état de discuter et de nous entendre. Si vous avez un complotiste dans votre famille, invitez-le à participer avec vous à des activités ludiques et mettez vos limites. Je veux aller à la pêche avec toi, mais je ne veux pas débattre d’un quelconque complot.
[…] texte de Raymond Viger publié sur Reflet de Société – Dossier Média et publicité et […]
[…] First seen on the Reflet de Société website, December 3rd, 2021 […]