Anne Reitzer
Avec l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux, nos rapports aux autres ont changé. Nos relations sociales deviennent plus virtuelles que réelles. Mais savons-nous véritablement avec qui nous échangeons?
Selon une récente étude menée par l’université de Californie du Sud, entre 9% et 15% des comptes Twitter ne sont pas associés à une personne réelle mais bel et bien à un robot. Le réseau social comptant plus de 319 millions d’utilisateurs, cela signifie donc que près de 48 millions de comptes seraient gérés par ces fameux robots qui nous tweetent, nous retweetent ou nous followent.
Les robots ont avant tout été créés par des programmeurs humains pour faciliter le dialogue et d’autres formes de conversation entre un service et un consommateur comme par exemple des messages de confirmations d’envoi de colis etc. Étant donné que les robots sont programmés pour répondre à l’infini, ils dispensent l’humain de cette tâche, ce qui est véritablement un fort avantage économique pour les sociétés qui en font appel.
D’un point de vue marketing, ces robots représentent donc une véritable opportunité pour les marques car ils permettent (grâce à des mots clés ou des hashtags) de pouvoir détecter les intérêts généraux des consommateurs et donc de répondre à leurs besoins ou à leurs attentes. Lorsqu’ils sont bien utilisés, les robots peuvent ainsi partager de manière instantanée du contenu avec leurs cibles et échanger avec elles.
Malheureusement, depuis un certain temps, nous voyons apparaître des robots considérés comme «malveillants». D’après Emilio Ferrara, enseignant à l’institut des Sciences informatiques de l’université de Californie du Sud, un certain nombre de robots est utilisé comme outils de propagande et de manipulation de l’opinion publique.
Les robots interagissent directement avec les utilisateurs de Twitter, il est facile de pouvoir partager une fausse information ou de renforcer certaines idées extrémistes. C’est pourquoi, les politiques n’hésitent plus à les exploiter à des fins électorales notamment lors de la présidentielle américaine de 2016.
L’étude Bots and Automation over Twitter during the U.S Election dresse un constat inquiétant de l’utilisation de ces robots. Par exemple, durant l’élection opposant le nouveau président Donald Trump à Hillary Clinton, on remarque que durant le troisième débat, 25% des tweets étaient automatisés et les bots diffusant du contenu pro-Trump en ont émis sept fois plus que les pro-Clinton.
À en croire ces chiffres, les robots représentent une nouvelle forme de menace pour la vie démocratique qui repose notamment sur le débat politique. Si les robots se mettent à interagir avec les hommes par le biais d’algorithmes, ils risquent de continuer à créer des chambres d’échos où des personnes qui pensent la même chose vont se regrouper et vont donc renforcer leurs idées (qui ne sont pas toujours justes et positives). Or, un échange équitable de différentes valeurs et idées est indispensable pour que l’on puisse comprendre l’autre et, ainsi, être réellement connecté avec le monde qui nous entoure.
Finalement, rien ne vaut encore la bonne vieille méthode du débat autour d’un verre.
Comment reconnaître un robot sur Twitter?
Vos yeux seront vos meilleurs amis. Vérifiez s’il y a:
– L’absence de photo de profil;
– Des tweets répétés en boucle avec des liens vers des articles suspicieux;
– La quasi-instantanéité des retweets;
– Le faible nombre de followers;
– Un compte ouvert récemment avec des milliers de tweets au compteur.Autrement plusieurs applications comme BotOrNot vous seront utiles. En entrant simplement le nom d’un utilisateur Twitter, l’application analysera le comportement du compte et vous indiquera s’il est automatisé.
[…] texte de Charlotte Robec publié sur Reflet de Société | Dossier Emploi et […]