Portrait d’une génération pas comme les autres
D’ici 2030, la génération Y (personnes nées entre 1980 et 2000) représentera plus de 50% de la main-d’œuvre sur le marché du travail. Actuellement, cette dernière est composée principalement de travailleurs issus de la génération des baby-boomers, nés entre 1946 et 1964. Les Y voient-ils leur parcours professionnel de la même façon que leurs prédécesseurs?
Un texte de Justine Aubry – Dossier Économie
Les aspirations des Y – aussi appelés «milléniaux» – sont quelque peu différentes de celles des générations précédentes. Alors que les baby-boomers préféraient généralement des emplois sécuritaires au sein d’entreprises établies, les plus jeunes se dirigeraient davantage vers l’entrepreneuriat. Ces projets professionnels leur permettraient d’accéder au mode de vie autonome qu’ils souhaitent. Selon une étude récente de l’Université Laval, plus de 30 % des Y songeraient à démarrer une nouvelle entreprise au cours des cinq prochaines années.
Raphaël, 30 ans, entre dans cette catégorie. Quatre ans auparavant, il a décidé de fonder sa propre entreprise de production vidéo. Il se disait « totalement incapable de faire du 9 à 5 pendant 30 ans au même endroit» et voulait être son propre patron. Son travail est difficile, car il doit chercher lui-même ses contrats, mais il y gagne une plus grande autonomie en plus d’être maître de son temps.
Deux de ses amis, Mathieu et Alexandre (prénoms fictifs), ont quant à eux quitté leur profession d’ingénieur pour se consacrer à temps plein à leur entreprise musicale. Ils recherchaient une plus grande liberté d’action en s’éloignant d’une éventuelle évolution professionnelle trop archaïque.
Le bonheur plutôt que l’argent
Les jeunes de la génération Y ressentent une plus grande pression de réussir que leurs ainés. Ils sont également plus scolarisés et font face à une compétition plus féroce avant d’obtenir un poste convoité. Contrairement à leurs parents, les Y seraient plus enclins à désirer un emploi à l’horaire flexible,axé sur l’apprentissage et la formation, plutôt qu’un poste stable, bien rémunéré et à fortes responsabilités. Ils accordent aussi une grande importance à leur vie en dehors du travail. «Les Y considèrent que les gens, les relations et les styles de vie sont les composantes clés du bonheur, et ils ne sont pas enclins à compromettre ces aspects pour leur carrière», expliquait l’étude de l’Université Laval.
Louis, musicien et agent d’artistes âgé de 32 ans, est d’accord avec ce constat. Afin de bâtir un métier à son image, il mise beaucoup sur ses relations et accepte d’avoir un horaire irrégulier. Pour être heureux, il croit qu’il lui faut «s’inventer une job» qui ne lui assurerait pas nécessairement la fortune, mais respecterait son caractère créatif et marginal. Selon lui, être encloisonné dans un bureau toute la journée est «inconcevable».
Gratification immédiate
Conseiller en ressources humaines et psychologue industriel, Michel Langlois croit que «contrairement aux baby-boomers qui, comme groupe, ont tendance à être des travailleurs dédiés à leur entreprise, les Y se caractérisent par la recherche d’une gratification plus immédiate que leurs prédécesseurs». Les milléniaux tolèreraient plutôt mal l’ennui, souvent associé à des tâches répétitives et peu valorisantes. Si, au travail, les avantages recherchés et la gratification ne sont pas au rendez-vous, ils n’hésiteront pas à quitter leur emploi!
En résumé, le Y représente un effectif travaillant, ambitieux, mais généralement peu intéressé par un emploi répétitif ou même traditionnel. Heures flexibles, avancements rapides et entrepreneuriat sont ses mots d’ordre. Créatif, il désire un emploi stimulant qui le rendra heureux, même au détriment d’un salaire compétitif.
[…] texte de Justine Aubry publié sur Reflet de Société – […]
[…] First seen in: Reflet de Société, Vol. 28 no. 2, printemps (spring) 2020, pages 14-15. […]
[…] First seen in: Reflet de Société, Vol. 28 no. 2, printemps (spring) 2020, pages 14-15. […]