Quel bonheur pour les enfants d’être en vacances! Davantage de temps pour s’amuser, pour dessiner, pour lire, pour jouer dehors et pour… les écrans! Voilà d’ailleurs un combat redouté par bien des parents l’été.
Un texte de Julie Fortier, responsable éditoriale, Naître et grandir – Dossier Famille
Petit test révélateur que vous pouvez faire autour de vous : demander quel est le temps maximum que devrait passer par jour un enfant devant les écrans. Réponse (selon les recommandations canadiennes) : 1 h pour les 2 à 5 ans et 2 h pour les 5 à 17 ans (oui, oui, 2 h à 17 ans!). Et il est recommandé de ne pas exposer les bébés aux écrans jusqu’à 2 ans.
Et que comprend le mot « écrans »? Cela inclut tous les types, les vieux comme les plus récents : ordinateur, télévision, tablette, téléphone intelligent, console de jeux vidéo, etc.
Que ce soit pour jouer à un jeu éducatif ou à un jeu vidéo pas éducatif du tout, regarder YouTube, aller sur Facebook, Snapchat, Instagram, Pinterest ou Musical.ly, écouter un dessin animé ou un film à la télé, regarder quelqu’un jouer à un jeu vidéo : peu importe, c’est du temps d’écran.
Ça monte donc vite… Déjà, à 3-4 ans, seulement 22 % des tout-petits canadiens passent moins d’une heure par jour devant les écrans, selon Statistique Canada. Comme les chiffres le démontrent aussi, le nombre d’heures augmente avec l’âge et peut parfois équivaloir pour un ado à une semaine de travail à temps plein.
Petit problème peut devenir grand
La gestion des écrans devient d’ailleurs plus complexe à mesure que les enfants grandissent. Pour cette raison, les experts s’entendent pour dire que les bonnes habitudes relatives aux écrans doivent commencer tôt.
Bien qu’il soit important d’encadrer le temps que passent les enfants sur les appareils électroniques, ce n’est toutefois pas suffisant (même si c’est déjà épuisant!). Il est tout aussi important de se soucier de leurs comportements liés au jeu vidéo ou à l’usage de la tablette, par exemple. Des chercheurs américains ont d’ailleurs établi une série de comportements à surveiller chez les enfants de 4 à 11 ans. En voici quelques-uns :
- Mon enfant a du mal à cesser d’utiliser les appareils électroniques.
- Mon enfant ne semble penser qu’aux activités associées aux écrans.
- Mon enfant passe beaucoup de temps sur les écrans et cela nuit aux activités familiales.
- Mon enfant devient frustré lorsqu’il ne peut plus utiliser les appareils électroniques.
- Mon enfant utilise les appareils électroniques en cachette.
- Passer du temps devant l’écran semble la seule chose qui aide mon enfant à se sentir mieux.
Pas cyberdépendant pour autant
Vous avez sans doute déjà observé certains de ces comportements chez vos enfants. Soyez rassuré, cela ne veut pas dire qu’ils sont cyberdépendants . Selon une étude menée par la psychologue et chercheuse Magali Dufour, 1,3 % des adolescents québécois pourraient souffrir de cyberdépendance. Ces derniers passent de 40 à 60 heures en ligne. Les filles et les garçons sont autant à risque de devenir cyberdépendants, mais les jeunes qui sont plus vulnérables émotivement (impulsivité, humeur dépressive, anxiété, TDA/H) le sont davantage.
La cyberdépendance est donc un problème complexe pouvant seulement être diagnostiqué par un professionnel de la santé, a rappelé récemment Cathy Tétreault, intervenante en dépendance et fondatrice du Centre Cyber-aide, lors d’une conférence donnée en ligne.
Elle ne croit pas que ce soit le fléau qu’on s’imagine et elle préfère parler d’utilisation abusive des nouvelles technologies, ou de personnes à risque. Elle se dit davantage inquiète pour la sécurité des enfants sur Internet ainsi que les effets néfastes des écrans sur leur santé et leur développement.
S’y intéresser et donner l’exemple
Cathy Tétreault n’encourage pas seulement les parents à gérer le temps d’écran, mais aussi à « suivre la vague et à s’ajuster ». Il sera alors plus facile de faire de la gestion d’écrans s’il n’y a pas de conflits. Elle les invite aussi à s’intéresser aux applications que leurs enfants téléchargent, aux jeux vidéo qu’ils aiment ou aux vidéos qu’ils regardent en ligne.
Il est important aussi d’aider les enfants ou les ados à trouver un équilibre dans leur utilisation de la technologie en établissant des priorités : bien manger et dormir, faire ses devoirs, passer du temps avec les amis et la famille, faire de l’activité physique, etc. Quand tout cela est accompli, ils peuvent utiliser les écrans. Bien sûr, c’est plus facile à écrire qu’à faire et il y aura inévitablement des ajustements.
Comme elle le dit, nous n’avons pas eu de mode d’emploi pour faire face à la gestion de ces technologies et nous procédons souvent par essais-erreurs. Nos enfants seront probablement mieux outillés que nous quand ils deviendront un jour parents, croit-elle.
Mais en attendant, nous pouvons aussi nous interroger sur notre propre utilisation des écrans et l’exemple que nous donnons. Regarder la télé en regardant son téléphone, répondre à un texto durant le souper, passer beaucoup de temps sur Facebook, Instagram ou sur Netflix, consulter son cellulaire lors d’une sortie avec son enfant, etc. Et ne pas être capable de nous détacher de nos écrans même durant les vacances… Ce que l’on demande à nos enfants n’est pas toujours cohérent avec nos propres comportements !
Références
Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures pour les enfants et les jeunes
Trop de temps devant les écrans pour les jeunes enfants, Le Devoir
Accro aux écrans? Des signes à surveiller chez les enfants, Naître et grandir
La cyberdépendance : une dépendance encore méconnue, Agence Science-Presse
Tétreault, Cathy, Jeunes connectés, parents informés, Midi trente éditions, 2018
Ressources
Habilo médias : habilomedias.ca/pour-parents
Wixxmag : wixxmag.ca/articles/dossier/temps-ecran
Soins de nos enfants : soinsdenosenfants.cps.ca/handouts/screen-time-and-young-children
Cyberdépendance : centrecyber-aide.com ou cyberdependance.ca
Services de garde : qualitepetiteenfance.uqam.ca
Écoles primaires : ecranferme.soisfute.ca
En complément à Reflet de Société +
Même l’été, les journées de pluie sont inévitables. Les expériences ludiques des Débrouillards deviennent alors une activité intéressante pour occuper les enfants et passer du temps en famille. Retrouver toutes leurs vidéos sur dans leur section Expériences.
La revue Naître et Grandir dispose aussi d’une sélection d’activités (autant à l’extérieur qu’à l’intérieur) organisées par tranches d’âge. De quoi s’inspirer pour diversifier les journées.
[…] texte de Julie Fortier, responsable éditoriale, Naître et grandir, publié sur Reflet de Société – […]