Médecins dans nos frontières 

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Par Colin McGregor | Dossiers Santé et Éducation

Le manque de médecins dans notre système de santé est une situation qui est quotidiennement bien exposée dans la presse : 1,2 millions de Québécois n’ont pas de médecin de famille. Et pourtant, parmi nous ici, dans cette province, il y a des centaines, sinon des milliers, de médecins pleinement qualifiés de l’étranger qui ne pratiquent pas la médecine. 

Les examens que le gouvernement provincial font passer aux médecins étrangers pour travailler dans le système de santé québécois sont pour le moins intimidants. Il n’existe actuellement aucun programme gouvernemental intégrant spécifiquement des médecins étrangers dans notre système de santé. Comment pouvons-nous préparer les diplômés en médecine de l’étranger à surmonter ces obstacles ?

Dans les bureaux clairsemés et modestes du groupe à but non lucratif  Les Anges de l’Espoir ACI, un jeune médecin haïtien en croisade aide les candidats à se préparer aux rigueurs des examens du Collège des médecins et le gouvernement provincial.

Le Dr Wilguens Exume, un diplômé en médecine de l’Université Lumière en Haïti, dirige le programme Orientation Intégration destiné aux Médecins Diplômés hors du Canada et des États-Unis (DHCEU). C’est un projet pilote qui offre du soutien aux médecins diplômés hors du Canada et des États-Unis pour favoriser une meilleure intégration sociale et professionnelle au sein de la communauté d’accueil. Il aide à la préparation des examens pour l’obtention de la licence. 

Wilguens est un jeune idéaliste. Au lieu de pratiquer la médecine lui-même, il a choisi d’aider les autres à poursuivre leurs ambitions à gagner un sarrau blanc.

Est-ce que c’est frustrant pour des étrangers de devoir se qualifier encore une fois après l’avoir été dans leur pays natal? « Oui c’est frustrant, » avoue Wilguens.  « Pas seulement pour moi, mais pour toute la communauté immigrante. »

Il y a des connaissances théoriques et pratiques à communiquer. La moitié des médecins en herbe qui passent par ses portes sont des Maghrébins du Maroc et de l’Algérie. Les autres viennent d’un peu partout : Haïti, Europe, Afrique. Tout est fait en français, mais quelques documents recommandés sont en anglais.

Wilguens et son équipe donnent des conseils sur ce qu’il faut étudier, et les autres stratégies pour maximiser leurs chances de réussir. En dehors des ateliers. Les participants sont aussi évalués sur ce qu’ils font avec des patients simulés et leurs maladies. 

Le programme de Wilguens aide des participants à choisir une spécialité. Heureusement, la plupart choisissent de devenir des médecins de famille, où il y en a le plus de besoin.  

Dans le programme, il y a une simulation de l’entrevue pour le Collège des médecins et les universités. Les participants sont préparés pour les entrevues et apprennent des habiletés sur la rédaction des lettres de recommandation et des CVs – exactement comme on fait pour obtenir d’autres emplois !

Les participants paient des frais modestes pour maintenir le programme. Selon Wilguens : « On attend que le gouvernement nous soutienne un peu plus. » Pourtant, « on a une certaine reconnaissance parce que plusieurs médecins passent dans le système. »   

« Tous les médecins qui nous aident participent bénévolement » dit Wilguens. « Un médecin qui travaille jusqu’à 17 heures et participe à un de nos cours à 19h croît en la mission. Il veut être là. Il est présent et fidèle à son poste. Il y a un niveau d’engagement et la volonté d’aider. » 

En 2022, Wilguens est fier de dire, 100% des candidats qu’ils ont formés ont réussi leurs examens.   

Qu’est-ce que Wilguens lui-même retire de son programme? « Un sentiment de bien-être quand on sert une cause qui est plus grande que soi, » dit-il. « Apporter un changement dans la vie des autres, ça c’est ma satisfaction. »    

Ce petit courageux organisme à but non lucratif Les Anges de l’Espoir ACI mène aussi d’ autres programmes. L’organisme travaille dans le domaine de la famille, avec des aînés, des enfants, des ados et les victimes de violence conjugale et des immigrants, entre autres. Ils sont plein de projets.  

Le prochain souhait de Wilguens est de mettre sur pied une façon pour que ses participants puissent travailler sur des simulations sur ordinateur en même temps. Et pour cela, il aura besoin d’un soutien financier afin d’obtenir 30 ordinateurs.

L’accréditation des diplômés internationaux en médecine

Les diplômés internationaux en médecine peuvent obtenir, du Collège des médecins du Québec, un permis d’exercice régulier par la reconnaissance d’équivalence de leur diplôme de docteur en médecine (M.D.).  

Pour l’obtenir, tout d’abord, il faut que le diplôme a été délivré par une université inscrite au World Directory of Medical Schools. Puis, il faut que le candidat réussisse les deux examens requis (EACMC partie 1 et ECOS de la CNE). L’inscription se fait auprès du Conseil médical du Canada. De plus, le candidat doit avoir une connaissance pratique du français.  

Après les examens, il faut que le candidat effectue une formation postdoctorale, une résidence au Québec, avec un des quatre facultés de médecine du Québec: Laval, McGill, Université de Montréal, ou Sherbrooke. Pour un médecin de famille, la formation postdoctorale est de 24 mois. Pour les autres spécialités reconnues, la formation postdoctorale dure entre 48 et 96 mois. Ça donne assez de temps pour un résident d’apprendre les pathologies des maladies ici au Québec, ainsi que des symptômes et thérapies qui peut-être serait inconnu à lui de son pays d’origine.


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