Particule interrogative – Tu veux-tu savoir pourquoi on met des tu dans les questions?
Tu as-tu déjà entendu quelqu’un prononcer le mot tu après un verbe pour formuler une question? Eh bien, si ce n’était pas déjà le cas, ce l’est maintenant! Le fait d’ajouter un tu après le verbe afin de changer une phrase affirmative en phrase interrogative est un phénomène très courant au Québec. Tu veux-tu que je t’explique pourquoi?
En fait, tout a commencé en France au 16ᶿ siècle. À cette époque, lorsque le sujet d’une question était à la troisième personne du singulier, on reprenait ce sujet sous la forme d’un pronom, soit il ou elle, et on l’ajoutait après le verbe. Cela donnait des phrases comme Ton ami peut-il venir? Toutefois, comme cet ajout n’avait lieu qu’à l’oral, la lettre l n’était pas prononcée devant une consonne et la même phrase sonnait plutôt comme Ton ami peut-i venir? Avec le temps, le l s’est complètement effacé. De plus, les lettres t et i se sont fusionnés et le ti est devenu ce qu’on appelle une particule interrogative. Une particule interrogative, c’est simplement un petit mot qu’on ajoute après un verbe afin de former une question. Cette façon de faire a traversé l’Atlantique au 18ᶿ siècle de sorte que le ti était également employé au Québec jusqu’à ce qu’il se transforme en tu vers la moitié du 20ᶿ siècle. Cette transformation peut être expliquée par le fait que, dans ce type de formulation, la question posée concerne souvent son propre interlocuteur. Donc, en utilisant le pronom tu avec lui, il semble plus naturel d’utiliser une particule interrogative qui ressemble à ce pronom. De nos jours, le ti n’est pratiquement plus utilisé en France, mais le tu est bien présent au Québec et il se s’emploie pas qu’à la deuxième personne du singulier. On peut ainsi dire Je peux-tu venir moi aussi? Il va-tu arrêter de chialer? On est-tu lundi aujourd’hui? Ils viennent-tu manger avec nous?
Ainsi, bien que la particule interrogative «tu» ait la même forme que le pronom personnel «tu», il ne s’agit pas du même mot.
De plus, contrairement à la croyance populaire, il n’est pas fautif de mettre les deux tu dans la même phrase. Néanmoins, ce n’est pas parce qu’il ne s’agit pas d’une erreur d’un point de vue grammatical en français québécois qu’on doit employer cette particule n’importe quand et n’importe comment!
En effet, le tu qu’on ajoute après le verbe pour formuler une question n’est utilisé qu’à l’oral et appartient au registre de langue familier. Donc, même si les Québécois et les Québécoises l’utilisent dans la vie de tous les jours, ils ne l’emploient pas dans toutes les situations. Ainsi, lors d’une entrevue d’embauche par exemple, il y a fort à parier que l’employeur et l’employé potentiel vont utiliser un registre de langue formel. De la sorte, ils vont se vouvoyer et formuler des phrases comme Avez-vous des questions? plutôt que T’as-tu des questions?
Enfin, la particule interrogative tu ne s’emploie pas dans n’importe quelle phrase. Il y a des règles établies et son utilisation est limitée aux questions fermées, donc aux questions dont la réponse peut être soit oui, soit non. En termes de sens, le turemplace le est-ce que qui ne peut pas être utilisé dans les questions ouvertes. Ainsi, aucun locuteur du français québécois ne formulera spontanément une phrase comme Pourquoi tu vas-tu là-bas?
Finalement, c’était-tu clair comme explication?