Voisins solidaires 

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En 1837, quand un fermier était victime d’un incendie, le village complet se mettait en ligne avec son seau d’eau pour aider à maîtriser le brasier. On lui donnait ensuite une vache, une poule… pour l’aider à regarnir son cheptel. On participait à la reconstruction de la ferme. Parce qu’à cette époque, la seule assurance que nous avions, c’était l’assurance que nos voisins allaient être solidaires de ce que nous vivions.

Un texte de Mélina Soucy – Dossier Santé

Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec un projet de société proposé par le Réseau québécois de villes et villages en santé : Voisins solidaires. Des outils pour nous aider à socialiser avec notre voisin, des ressources qui peuvent nous aider à apprivoiser notre environnement. En tant que société, qu’avons-nous fait ou qu’avons-nous oublié de faire pour en arriver à devoir créer un projet pour nous faire penser de sourire à nos voisins et risquer de leur dire bonjour ?

Pour répondre à cette question, j’ai demandé une entrevue à la porte-parole du mouvement Voisins solidaires, Marie-Claude Savard. La rencontre est prévue à 11h. Une tempête de neige s’abat sur Montréal. Le téléphone sonne à 9h30. Son agente me laisse un message. Ma première réaction est de penser que notre rencontre sera annulée. Erreur de ma part. Mea culpa et salut au professionnalisme de Marie-Claude. Elle demande si c’est possible de devancer le rendez-vous de 15 minutes.

Malgré la tempête qui débute, Marie-Claude fait son entrée au Bistro le Ste-Cath où je l’ai invitée. J’y avais un autre rendez-vous que j’ai interrompu pour respecter sa ponctualité.. Le Bistro est un lieu que j’affectionne tout particulièrement et qui entre bien dans la philosophie de Voisins solidaires. Parce qu’un voisin solidaire c’est aussi un organisme communautaire ou encore une entreprise privée.

Sans aucune hésitation et pleine d’assurance, Marie-Claude se lance dans la réponse à mon épineuse question :

« Notre société est devenue très techno. Le confort a augmenté. Il est peut-être plus facile d’avoir des œillères en ville, d’avoir peur de l’inconnu. La vie est beaucoup moins difficile qu’à l’époque. Il y avait de grandes familles pour travailler à la ferme et faire les corvées. L’entraide était essentielle.

« Aujourd’hui, nous sommes possiblement plus isolés dans la foule. Ça nous prend un petit effort pour nous reconnecter. Il existe une sorte de méfiance ou de gêne qui nous porte à nous isoler plus. La méfiance et la peur de l’autre nous paralysent. C’est possiblement plus apparent en milieu urbain.

« Nous avons peut-être perdu notre intelligence émotive. Je demeure optimiste. J’ai un grand amour de l’être humain. Une petite étincelle peut le rallumer. Nous l’avons tous à l’intérieur de nous. Je n’avais pas soupçonné la puissance du communautaire.

« Je me suis rendu compte que ça ne prend pas grand-chose pour changer le monde. Et en plus, c’est contagieux.

« Au moment de la conférence de presse pour le lancement du projet, nous avions laissé un temps pour que les gens prennent le micro et s’expriment. Un monsieur s’est avancé. Visiblement très émotif, il a raconté avoir décidé de planter des fleurs autour d’un arbre. Il a fait des recherches pour apprendre le jardinage. Il s’est rendu compte qu’il existait des ressources qui pouvaient l’aider. Même que la Ville offrait des fleurs gratuites.»

Faire fleurir un arbre, c’est changer un quartier une fleur à la fois.

Q: Comment le mariage entre Voisins solidaires et toi s’est-il fait ?

« En début de carrière, tu peux penser que toutes les causes se ressemblent et que tu peux toutes les prendre. J’en ai épousé plusieurs. Avec une enfance difficile, j’avais commencé avec Jeunesse J’écoute. Ensuite, Étoffe du succès, finalement le Cancer.

« Quand je suis tombée enceinte, j’ai pris un peu de recul. Je voulais passer plus de temps en famille. Nous avons vendu notre chalet ainsi qu’une de nos autos pour travailler moins et être plus ensemble.

« La demande de Voisins solidaires concordait avec mon besoin de mettre de l’avant la famille. Cela «fittait » avec ma nouvelle réalité et mon environnement. Ce fut une question de « timing ». Un bon porte-parole doit être aligné avec la cause qu’il représente et y croire.

« J’ai produit les capsules pour Voisins solidaires. Je voulais montrer des témoignages positifs, des réussites personnelles. Je n’avais pas soupçonné la puissance du projet. C’est contagieux. Ça ne prend pas grand-chose pour y parvenir. On peut se réaliser, changer le monde. J’ai le goût de rester pour en faire plus. De rassurer l’humanité et témoigner des résultats. En tant que voisin solidaire, je ne fais pas qu’acheter localement. Je connais mon marchand local. Et ça fait du bien.

« Les médias rappellent sans cesse, aux nouvelles, que ça va mal. Pourtant, il y a beaucoup plus de bien et de positif que de mal. C’est une question de se rééduquer. Par ce projet j’ai voulu enlever un peu de cynisme pour apporter un message d’espoir.

« Ma vie a déjà été faite de travail et d’une carrière où seule la performance comptait. Aujourd’hui, que ce soit pour Noël ou pour l’Halloween, je décore du mieux que je peux ma devanture. Et si nous sommes plusieurs à le faire, nous aurons une belle rue où il fera bon vivre. Nous aurons un environnement qui nous correspond.

« On refait le monde, un voisin à la fois.

« Si je souris à mon voisin, qui sourit au sien… Un jour mon sourire me reviendra sans que je m’y attende, peut-être par une journée où j’en avais besoin. »

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