Les British Home Children (Enfants de la patrie britannique) constituent un dispositif d’immigration mis au point en 1870 par Annie MacPherson, quaker évangéliste écossaise. Ce programme a fait en sorte que plus de 100 000 enfants soient envoyés du Royaume-Uni vers l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud. Et les Cantons-de-l’Est sont alors devenus un important point de chute à partir duquel les enfants étaient répartis ailleurs au pays.
Traduit de l’anglais par Simon-Claude Gingras
Le programme avait été largement abandonné dans les années 30, mais a néanmoins subsisté jusque dans les années 70. Plusieurs enfants parmi la multitude qui a ainsi quitté en masse l’Angleterre se sont fait raconter que leurs parents étaient morts et qu’une vie meilleure les attendait au loin. Seulement 12% d’entre eux se sont avérés être orphelins, selon une récente estimation.
Les enfants britanniques vivaient et mouraient dans la rue; les maisons de correction étaient surpeuplées dans toutes les îles Britanniques. Les faire émigrer semblait être la solution idéale. Les enfants étaient envoyés vers des fermes du Canada, liées par contrat. Ses clauses stipulaient que les enfants devaient être logés, nourris, habillés, et scolarisés. La plupart du temps, les enfants attendaient que leur famille rurale vienne les chercher dans le centre qui les avait accueillis. Plusieurs ont été exploités comme main-d’œuvre agricole bon marché, ou n’ont pas eu accès à des soins normaux ou à une éducation adéquate. Il était fréquent de voir ces enfants s’enfuir, et trouver, parfois, une famille bienveillante ou de meilleures conditions de travail.
Dépaysement
Trois centres dans les Cantons-de-l’Est s’occupaient de ces enfants, les gardant jusqu’à ce qu’ils puissent être assignés à une ferme. Un d’entre eux était le Knowlton Receiving Home, à Knowlton; un autre s’appelait le Benyon Home, à Sherbrooke. Et la Maison Gibbs, fondée en 1884 par the Church of England’s Waifs and Strays Society, se situait au 117 rue Bowen, à Sherbrooke.
De 1884 à 1897, elle a abrité des filles; après 1897, elle a accueilli des garçons, quoique ces dates ne fassent pas consensus, selon Jean-Marie Dubois, professeur retraité de l’Université de Sherbrooke. La Maison Gibbs a servi aux British Home Children au moins jusqu’à 1933. Une photo de la visite du roi d’Angleterre à Sherbrooke, en 1939 ainsi que le nom de la Maison dans l’annuaire téléphonique laissent croire qu’elle a continué ses activités en tant que centre pour garçons jusqu’aux alentours de 1940. La Maison Gibbs aurait accueilli entre 2000 et 3500 enfants débarqués directement d’Angleterre.
Des milliers de descendants des « Enfants de la patrie britannique » vivent maintenant dans les Cantons-de-l’Est et même partout au Canada. Le 28 septembre a d’ailleurs été nommée journée nationale des British Home Child.
[…] texte de Colin McGregor publié sur Reflet de Société | Dossier Immigration et […]
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