Twitter, Instagram, Snapchat, Facebook, Linkedin. Ces noms nous sont familiers puisqu’ils font partie de notre quotidien. Pourtant, des individus tentent de s’en détacher. Sylvain est étudiant à la maîtrise en communication, et il exerce dans le milieu du cinéma. Alice, quant à elle, étudie la danse contemporaine, elle apprécie l’art, et elle voue une grande passion à la nature. Ils ont tous les deux entre 20 et 30 ans, et n’utilisent que très peu les réseaux sociaux.
Un texte de Sarah Langot – Dossier Internet
« Les réseaux sociaux sont développés pour être addictifs »
Sylvain communique avec son entourage grâce à WhatsApp, mais cela ne va pas plus loin. Il a essayé Twitter dans le passé, il y lisait les nouvelles, se divertissait en suivant des débats. De plus, la plateforme lui permettait un accès simplifié au contenu des journalistes qui l’intéressaient. Néanmoins, il ne regrette pas de l’avoir délaissée. L’étudiant en communication se méfie des réseaux sociaux à cause des ventes de données qui ont récemment été mises au jour. En effet, Sylvain pense que Facebook, par exemple, est une porte ouverte à l’espionnage. De plus, nous ne bénéficions pas du droit à l’oubli, selon lui. Il est aussi interpelé par d’autres caractéristiques des réseaux sociaux, ce qui l’en éloigne encore plus : « les réseaux sociaux sont développés pour être addictifs », dit-il. Par exemple, lorsque nous réactualisons en permanence notre fil d’actualité, de peur de manquer une éventuelle information, c’est une forme de dépendance. Il compare ce mécanisme au fait de changer constamment de chaînes à la télévision. Cela serait lié à une forme d’anxiété, à un besoin d’être au courant de tout ce qui se passe. Par ailleurs, il pense que chaque individu se compose une personnalité à travers les réseaux sociaux. Avec le temps, la différence entre l’utilisateur des plateformes et le personnage qu’il a créé deviendrait problématique. D’après lui, la projection d’un idéal se produit durant la construction de notre avatar. Ce phénomène, malheureusement, provoque une grande tristesse lorsque nous sommes confrontés à la réalité. Enfin, l’ensemble des réseaux sociaux nous atomise, dit-il. Il explique y voir un système conservateur, puisqu’ « un algorithme rassemble des données et en déduit nos préférences. Ainsi, la plateforme utilisée nous renvoie à ce que nous souhaitons voir, nous plongeant dans une bulle. »
« Je privilégie un monde qui fonctionne sans Internet, où je peux voir, toucher, sentir et entendre ce qui m’entoure »
Alice, quant à elle, ne s’est pas entièrement coupée des réseaux sociaux. Aujourd’hui, elle utilise régulièrement Snapchat et Facebook, mais elle a mis de côté Instagram. L’application a pourtant fait partie de sa vie durant 8 années. Elle explique que le fonctionnement d’Instagram a changé depuis sa création. Elle critique en particulier la récurrence croissante des placements de produits sur la plateforme. Selon elle, c’est un dispositif qui nous pousse à la surconsommation. Par ailleurs, le fait qu’elle n’utilise pas Instagram suscite de nombreuses interrogations dans son entourage. Cette perplexité s’explique, croit-elle, par le fait qu’à l’ère numérique, les réseaux sociaux sont devenus un rouage fondamental de notre société; nous les utilisons pour chercher du travail autant que pour étendre notre réseau et le maintenir. Malgré cela, elle souhaite s’en détacher afin d’interagir avec son réseau réel. Celui composé d’individus qu’elle peut « voir, toucher, sentir, entendre, et qui fonctionne sans Internet », dit-elle. En outre, il convient de relever que le temps passé à utiliser des réseaux sociaux diminue notre capacité de concentration. Et comme Sylvain, elle pointe du doigt le fait que nous nous enfermions dans un monde virtuel pour délaisser la réalité. Elle affirme que c’est bénéfique de pouvoir tisser des liens avec des individus du monde entier, mais elle pense avoir raté de belles rencontres par la faute des réseaux sociaux. Les notifications, les messages la coupaient de l’instant présent. Alice précise : « Les réseaux sociaux ne sont ni quelque chose de positif, ni quelque chose de négatif, ils sont ce qu’on en décide d’en faire ». Son but est de pleinement s’en détacher, petit à petit. Selon elle, ils nous enchaînent à notre téléphone, ils nous empêchent d’aller vers un monde où chacun serait à l’écoute de soi et des autres. Elle préconise la découverte du monde extérieur, sans téléphone, car nous dépendons, malgré nous, de ce petit objet.
[…] First seen in Reflet de Société, Vol. 28, no. 2, printemps (spring) 2020, pages 16-17 […]
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