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Retraite et pandémie ne font pas bon ménage

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Retraite et pandémie ne font pas bon ménage

Qu’ont en commun Rémi Brousseau, directeur général du Théâtre Denise-Pelletier, Gérald Rathé, propriétaire de l’hôtel et restaurant La Maison Banville de Saint-Félicien, et Raymond Viger, directeur du Bistro le Ste-Cath?

Les trois individus avaient mis en place un plan d’action pour prendre leur retraite. La pandémie a fauché leurs préparatifs. Loin de commencer à se reposer et se prélasser, ils n’ont jamais été obligés de s’impliquer autant dans leurs entreprises.

La rareté du personnel qualifié, les salaires que l’on doit maintenant payer ainsi que les coûts des matières premières qui ont monté en flèche ne sont que quelques-uns des facteurs qui ont saboté non seulement leur plan de retraite mais aussi leur qualité de vie.

Gérald se retrouve seul pour accueillir les clients qui viennent se loger et manger au gite. Seul à faire la cuisine. Seul pour assumer le service ainsi que le ménage des chambres avant l’arrivée des prochains touristes. Il a fermé ses deux terrasses, limité par ce qu’il peut faire seul. 

La Maison Banville est à vendre. Gérald doit tenir le coup en attendant que les acheteurs se pointent. Un beau projet pour possiblement deux couples, permettant de diviser les tâches et d’alterner leurs périodes de vacances.

Travailler 7 jours sur 7, couper les horaires ainsi que plusieurs services par incapacité de les offrir tout cela crée un important épuisement physique et émotionnel. Malgré que les dépenses aient draconniennement augmenté, les revenus sont à la baisse. Non pas que les clients n’y sont pas. Mais parce que le personnel pour les accueillir n’y est pas. Gérald travaille avec des grossistes en tourisme qui lui fournissent des clients à l’année.

Plusieurs commerces ont déjà fermé leurs portes. D’autres ont vu leur évaluation pour une vente incertaine baisser. Pour certains, c’est leur fonds de pension qui vient de carrément disparaître.

Rémi Brousseau, directeur général du Théâtre Denise-Pelletier, pensait remettre à son successeur un organisme stable dont la programmation était connue longtemps à l’avance. Les directives sanitaires d’ouverture et de fermeture créent une instabilité et une impossibilité de planifier quoi que ce soit. Cette fluctuation nécessite une grande une capacité de se réajuster rapidement, ce qui empêche l’entraînement d’une relève. C’est donc une organisation en mouvement de personnel qu’il léguera. Habituellement, il y avait un remplacement tous les trois ans. Pour le premier semestre de 2022, il a dû en remplacer six! 

Où sont les travailleurs?

Pendant les deux années de la pandémie, les gens mentionnaient que la PCU n’encourageaient pas les gens à aller travailler. C’était vrai. Des travailleurs à temps partiel gagnant 100 $ par semaine ont pu bénéficier de la PCU et recevoir 2000 $ par mois, du jour au lendemain.

Le système de santé a aspiré une grande quantité de travailleurs pour les vaccins et autres soins à fournir. Des employés sont mieux payés avec des conditions de travail plus alléchantes. Ils se sont fait offrir une continuité et certains ont obtenu une formation en santé. Une perte permanentes pour les entreprises.

La pandémie a créé de nouvelles habitudes favorisant le télétravail. Des gens qui habitaient les centres urbains et qui avaient un pied-à-terre en région ont tout simplement vendu leurs biens ou mis un terme à leurs baux à Montréal pour se retrouver comme résidents permanents en région.

Voyant la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans tous les domaines professionnels a lancé des offres de formation pour permettre des changements de carrière. Les gens sont payés pendant 12 à 18 mois pour retourner aux études. Les premières cohortes sortiront en 2023.

Notre organisme a été une école pour plusieurs centaines de journalistes, non seulement au Québec, mais aussi à l’international. En général nous pouvions former et conserver pendant 12 à 24 mois nos journalistes avant qu’ils ne soient repêchés par Radio-Canada, TVA, L’actualité et autres médias.

L’après-pandémie a créé une rareté dans le personnel. Après avoir engagé trois journalistes, nous les avons tous perdus en moins de cinq mois. 

En attendant, c’est la panne sèche en matière de main-d’œuvre. Et que dire pour la matière première? Un exemple parmi tant d’autres : le coût d’impression du magazine que vous lisez présentement a exactement doublé en deux ans. Sans compter les salaires et toutes les autres dépenses reliées à l’édition d’un magazine.

La pandémie aura été longue et ardue. Des plaies encore ouvertes qui font mal et qui feront encore mal pendant un certain temps. Elle aura créé toutes sortes de victimes. Les impacts sont internationaux. L’après pandémie avec son manque de personne et une terrible inflation risquent d’avoir plus de conséquences long terme sur nos vies.

Combien de temps faudra-t-il pour réussir à effacer de si profondes cicatrices?


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