Stress, anxiété, dépression… La vie des étudiants n’est pas de tout repos, et leur santé mentale semble en danger. Un phénomène qui inquiète de plus en plus les professeurs et les médecins, et dont on entend beaucoup parler à l’université comme ailleurs.
Un texte de Charlotte Robec – Dossier Santé mentale
En 2016, le National College Health Association a mené un sondage auprès des étudiants canadiens de niveau postsecondaire à propos de leur santé mentale. Cette enquête a révélé plusieurs faits inquiétants. En effet, 44,4% des personnes interrogées ont déclaré avoir éprouvé au cours des 12 derniers mois de puissants symptômes de dépression, qui les empêchaient de fonctionner normalement, et 18,4% ont été diagnostiqués et traités par un professionnel pour des problèmes d’anxiété. De plus, 13% ont envisagé le suicide, et 2,1% ont fait une tentative. Des chiffres alarmants, qui révèlent un problème profond au sein de toute la communauté étudiante.
Au Centre de santé et de consultation psychologique (CSCP) de l’Université de Montréal (UdeM), le nombre de consultations a augmenté ces dernières années : entre 2016 et 2019, il est passé de 10 500 entrevues à 13 500, selon Virginie Allard-Cameus, directrice du Centre.
Des problèmes divers
D’après Christelle Luce, psychologue clinicienne au CSCP, les motifs de consultation des étudiants sont divers, mais certains sont plus fréquents que d’autres, notamment les symptômes anxieux ou dépressifs ou encore les conduites addictives avec des substances telles que l’alcool ou le cannabis.
Mais d’autres raisons peuvent pousser les étudiants à consulter un spécialiste : une séparation, une déception au niveau des études, des difficultés sexuelles… Ce sont des épisodes douloureux, en particulier pour des étudiants souvent jeunes.
Les études entraînent aussi parfois, pour certains, une situation d’isolement. À Montréal, de nombreux étudiants sont originaires d’autres villes, voire d’autres pays. Ils sont parfois loin de leur famille, de leurs proches, et l’adaptation peut s’en trouver plus difficile.
Un problème important à Montréal
Camille, étudiante de 18 ans en première année de baccalauréat de sciences biomédicales à l’UdeM, a elle-même rencontré quelques difficultés, dues notamment à ses études. Elle raconte avoir été sujette plusieurs fois à des crises de panique avant les examens, et s’être posé de nombreuses questions quant à son futur pendant ces périodes.
Elle ajoute aussi que lors de ses moments de détente avec ses amis, elle s’est de temps en temps tournée vers l’alcool et le cannabis afin de décompresser et de mieux gérer le stress amené par l’université. Elle a aussi envisagé de prendre des dopants forts tels que la Ritaline, mais s’est contentée de dopants doux, comme le café.
Mais aussi ailleurs
Mais ce phénomène est loin de s’arrêter à la frontière canadienne. Constance, étudiante de 19 ans en première année de médecine en France (qu’elle passe pour la deuxième fois), rencontre elle aussi des problèmes de stress intense.
Avant les examens à passer chaque semestre, elle se retrouve également confrontée à des crises de panique. Elle explique que « cela demande une grande force mentale de réussir à tout donner dans un laps de temps défini pour une épreuve décisive que l’on révise depuis longtemps ».
Elle a d’ailleurs déjà failli se faire prescrire des antidépresseurs, non pas pour des problèmes de dépression, mais pour des problèmes de stress. Mais elle ne l’a finalement pas fait, et préfère gérer ce stress avec des techniques naturelles telles que le sommeil, la méditation, les exercices de respiration, ou encore le sport.
Malheureusement, il n’existe aucune technique magique pour se débarrasser du stress. Mais les moments de détente, la méditation, et si besoin, les médicaments, peuvent être d’une grande aide, surtout pour de jeunes étudiants. Les mesures prises par les organismes scolaires peuvent aussi apporter un soutien.
À l’UdeM, beaucoup d’initiatives ont été mises en place pour aider ceux qui en ont besoin. Le programme Sentinelles, par exemple, consiste à faire en sorte qu’il y ait dans chaque unité administrative au moins un membre du personnel vers qui se tourner le cas échéant et qui saura écouter et orienter l’étudiant vers la ressource dont il a besoin. Il ne reste plus qu’à espérer que les différents projets mis en place dans les structures postsecondaires soient efficaces et offrent une véritable aide.
Reprendre ses études à l’âge adulte
Lorsque l’on parle des étudiants, on pense souvent à de jeunes adultes entre 18 et 25 ans. Mais la population étudiante est en réalité bien plus diverse. Certains sont des adultes en reprise d’études et les problématiques qu’ils rencontrent peuvent être différentes. Beaucoup doivent apprendre à concilier leur vie familiale et leur vie étudiante, tout en se retrouvant au milieu d’une population plus jeune, ce qui n’est pas toujours simple. Il faut aussi se réadapter à un environnement scolaire après l’avoir quitté pendant des années. Tous ces facteurs sont susceptibles de contribuer à un mal-être pour ces personnes.
Amélie, notamment, a repris ses études en journalisme à l’UdeM tout en ayant une famille à charge. Elle explique ressentir une grande différence entre les périodes de cours et les périodes de congé : « Je suis beaucoup plus détendue lorsque je suis en vacances, au moins jusqu’à quelques jours avant de retourner en cours – je redeviens alors un peu nerveuse. Je suis aussi plus disponible pour ma famille, et généralement de meilleure humeur ».
Un stress intense
Elle a d’ailleurs reçu un diagnostic pour un trouble anxieux généralisé, et a développé des techniques afin de mieux gérer son angoisse. Cependant, cela devient plus difficile pendant les périodes où elle a beaucoup de choses à faire qui sont très stressantes.
En effet, les périodes d’examens et de fin de session de l’université sont des moments particulièrement éprouvants pour elle. Chaque session, elle redoute les trois ou quatre dernières semaines de cours, qui sont les plus stressantes, et elle confie que « la vie à la maison est beaucoup plus difficile dans ces moments ».
Après la naissance de sa fille, Amélie a fait face à une dépression post-partum. Elle est retournée à l’université seulement un an plus tard, et elle explique qu’elle était encore un peu submergée par toutes les tâches qu’elle devait accomplir. « Je souhaitais performer partout, dans ma vie personnelle comme à l’école », raconte-t-elle.
Gérer l’angoisse
Sa technique de gestion du stress consiste à diviser ce qu’elle a à faire en plusieurs petites tâches, ce qui lui donne l’impression de mieux avancer. Elle essaie aussi de sortir s’aérer lorsqu’il fait beau, afin de réfléchir calmement quelques minutes.
Son médecin lui a également prescrit des anxiolytiques, qu’elle prend lors de ses rares crises de panique, et qu’elle apprécie d’avoir à disposition en cas de besoin.
Concilier études et famille : un défi
Elle avoue ressentir un certain décalage avec les autres étudiants, car le rythme de vie n’est pas le même. Elle a réussi à tisser des liens avec certains, mais il est impossible pour elle, par exemple, d’aller boire un verre à la sortie des cours aussi souvent que les autres, ou de participer activement à la vie universitaire. Cependant, elle précise qu’elle s’y attendait et que ce n’est pas une surprise.
Pour Amélie, concilier vie étudiante et vie familiale est « un gros défi ». C’est parfois difficile sur le plan financier, ou au niveau de l’aménagement de l’horaire avec les enfants. « Mais j’aime tellement ce que je fais maintenant que ça compense. Je me sens beaucoup plus épanouie depuis que j’ai décidé de retourner étudier dans un domaine qui me passionne », conclut-elle.
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