La solitude est mauvaise pour votre santé

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J’habite maintenant dans une maison de transition. Mais je devrai, un jour ou l’autre, me trouver un appartement. Ce qui signifie que j’y serai seul. Et vivre tout seul peut s’avérer très mauvais pour la santé.

Je ne serai pas le seul à vivre seul. À peu près 4 millions de Canadiens se trouvent dans la même situation, selon les données du dernier recensement (2016). Le Québec est la province ayant la plus grande proportion de gens vivant seuls.

Plusieurs études ont démontré que la solitude est aussi nocive que l’obésité, le tabagisme, ou le fait de regarder la télé toute la journée. Selon le British Royal College of Nurses, le manque de liens sociaux augmente le risque de décès prématuré de 26%, ce qui est comparable à fumer 15 cigarettes par jour et plus dommageable que l’obésité ou la sédentarité.

Les données provenant de différentes études démontrent que les carences dans les relations sociales en général sont associées à une augmentation de 29% des risques de maladies coronariennes et de 32% des risques de crises cardiaques.

Mais, selon le U.S. National Institute on Aging, « les études démontrent que l’isolation sociale et la solitude vont de pair avec des risques plus élevés de développer des problèmes de santé physique ou mentale : haute-pression, maladies cardiaques, obésité, affaiblissement du système immunitaire, anxiété, dépression, déclin cognitif, maladie d’Alzheimer, et même décès.

En ce moment, être seul ne me dérange pas. En prison, j’ai passé nombre d’années seul. Il est vrai qu’on n’y est jamais complètement seul : on vit en proximité avec les autres détenus; les gardiens vous surveillent d’heure en heure; la cour de la prison, souvent surpeuplée, interdit toute balade solitaire apte à vous changer les idées.

L’intimité de la cellule

Néanmoins, j’avais généralement ma propre cellule dont je pouvais fermer la porte pour obtenir un peu d’intimité, en l’absence d’une quelconque famille ou d’un réseau de soutien sur lequel j’aurais pu compter. Selon moi, cela signifie être seul. D’une certaine façon, on peut trouver une véritable sérénité dans le fait d’être la seule personne à se préoccuper de soi-même. Votre temps, votre vie vous appartiennent.

Oscar Wilde a dit: “Je crois qu’il est très sain d’être seul. Vous devez savoir comment être seul, sans être défini par autrui. » Lorsque vous êtes seul, vous vous définissez.

Mais il n’y a personne pour venir à votre secours si le besoin se présente. Je me souviens d’avoir terriblement souffert de solitude lors de mes premiers mois d’incarcération. Mes amis me manquaient, je m’ennuyais de la liberté d’aller au cinéma ou de me balader dans un centre commercial, je m’ennuyais de devoir me rendre au travail. Mais j’ai fini par m’y faire.

Maintenant que j’ai été libéré, les gens sont très gentils avec moi, mais à travers l’écheveau de mes pensées, élaboré durant des années et des années d’isolement social, je ressens souvent le besoin de me retrouver seul. J’ai hâte que prennent fin les rassemblements, les réunions, ou même, que se termine la journée.

« La vie en prison, ajoute Oscar Wilde, fait voir les gens et les choses tels qu’ils sont véritablement. Voilà pourquoi elle durcit les cœurs. Ce sont les gens restés à l’extérieur qui sont dupes des illusions d’une vie en perpétuel mouvement. Ils tourbillonnent avec la vie et forgent avec elle son caractère irréel. Nous qui sommes immobiles voyons clairement et détenons la vraie connaissance ».

Une étude effectuée en 2017 par Julianne Holt-Lunstad, professeur de psychologie à l’Université Brigham Young, en Utah, s’est penchée sur 148 projets de recherche auxquels ont participé 300 000 personnes, avant de déterminer que les gens bénéficiant de contacts sociaux avaient 50% moins de risques de subir une mort prématurée que ceux n’en ayant pas.

Pourquoi? Parce que c’est ainsi que nous sommes constitués.

Selon le Journal of Aging Life Care, basé en Arizona, « nous sommes une espèce grégaire. Nos réseaux sociaux (familles, tribus, communautés, etc.) nous ont permis de survivre et de prospérer. Notre survie a été assurée par le développement évolutif des comportements et des mécanismes psychologiques (neuronaux, hormonaux, cellulaires et génétiques) qui soutiennent les interactions sociales (Cacioppo et coll., 2011) […] Le fait est que la plupart d’entre nous sont psychologiquement et biologiquement ‘programmés’ pour avoir besoin de réseaux sociaux. »

Le mouvement perpétuel qu’Oscar Wilde conspue s’avère donc bénéfique pour notre santé.

Le ministère de la solitude

Les Anglais et les Japonais ont créé chacun un « Ministère de la solitude » pour combattre l’isolement social. Les Japonais reconnaissent que ce n’est pas un mal exclusif aux personnes âgées, eux qui ont noté une hausse des suicides chez les jeunes femmes depuis le début de la pandémie.

Lorsque je déménagerai seul, j’essaierai de demeurer en contact avec le plus de groupes et d’individus possible, afin de rester en vie. Même si mon âme aspire à la solitude…

Heureusement, les ex-détenus comme moi ont des groupes de sensibilisation qui se font une fierté d’aider les gens à réintégrer la société.

Il y a le Programme en douze étapes, auquel j’adhère et qui me fournit avec des contacts humains, même si c’est en vidéoconférence la plupart du temps.

De plus, j’assiste à la messe via Zoom. La fréquentation des célébrations religieuses est associée à une plus grande longévité. De temps en temps, j’assiste à des messes en personne, ce qui réduit mon quotient de solitude. 

Et on dit qu’avoir un animal domestique aide à rester en santé.

Je me procurerai peut-être un chat.

Ou peut-être pas.

Je me suis habitué à ma propre solitude. Sans ni chat ni chien. J’en suis venu à valoriser ma propre compagnie.  


Programme en douze étapes 

Les programmes en douze étapes sont des programmes d’entraide et de fraternité qui proposent un plan d’action pour se rétablir d’une dépendance. Elles furent créées en 1930 par Bill Wilson et Bob, les pionniers des Alcooliques anonymes pour aider à se libérer d’une dépendance lourde.  De nombreux programmes de traitement de l’alcoolisme et d’autres dépendances sont basés sur les 12 étapes (Paracelsus Recovery). 


Ressources sur le suicide

  • Québec: 1-866-APPELLE (277-3553). Les CLSC peuvent aussi vous aider.
  • Canada: Service de prévention du suicide du Canada 833-456-4566 ; Ligne d’aide 24/7 : 988
  • France Infosuicide 01 45 39 40 00 SOS Suicide: 0 825 120 364 SOS Amitié: 0 820 066 056
  • BelgiqueCentre de prévention du suicide 0800 32 123.
  • Suisse: Stop Suicide
  • Portugal: (+351) 225 50 60 70

Guide d’intervention de crise auprès de personnes suicidaires

Le guide d’intervention auprès de personnes suicidaires démystifie le suicide. Il permet d’aider les proches à reconnaître les signes avant-coureur du suicide et de déterminer qu’est-ce qui peut être fait pour soutenir la personne en crise.

Une section du guide est réservée aux endeuillés par suicide.

Le livre est disponible au coût de 9,95$. Par téléphone: (514) 256-9000, en région: 1-877-256-9009. Par Internet.

Par la poste: Reflet de Société, 3894, Ste-Catherine Est, bureau 12, Montréal, Qc, H1W 2G4.

Maintenant disponible en anglais: Quebec Suicide Prevention Handbook.

Survivre, un organisme d’intervention et de veuille en prévention du suicide et en promotion de la Santé mentale. Pour faire un don. Reçu de charité pour vos impôts. Merci de votre soutien.

Autres textes sur le Suicide

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