Misant sur l’instantanéité et la simplicité des interactions, les applications de rencontre amoureuses telles Tinder sont de plus en plus populaires. Pour qu’un utilisateur emploie la plateforme, quelques photos et une brève description suffisent. Fusent ensuite les propositions de rendez-vous. Mais une application de rencontres, est-ce vraiment sécuritaire? À travers un processus aussi rapide, peut-on réellement savoir à qui l’on s’adresse? Une ancienne utilisatrice qui a un jour cherché l’amour en ligne nous donne son avis.
Un texte de Justine Aubry – Dossier Sexualité
Depuis sa création en 2012, l’application Tinder a comme mission de permettre des rencontres rapides entre utilisateurs habitants un même quartier. Ainsi, après avoir consulté deux ou trois photos, les célibataires qui se plaisent physiquement sont prêts à discuter en ligne afin de planifier une éventuelle rencontre en personne. Simple comme bonjour, direz-vous.
Séduite par la rapidité du processus et célibataire depuis quelques semaines, Mélanie (prénom fictif), 28 ans, voit en l’application Tinder un moyen facile de rencontrer de nouvelles personnes. Elle l’utilise régulièrement et s’amuse à «magasiner» son homme idéal. Pour d’autres, l’application représente le comble de la superficialité, car il est impossible d’y rencontrer des gens «sérieux».
Mais une autre question se pose toujours. Cette plateforme est-elle sécuritaire? Et si on avait affaire à des personnes malveillantes? Quand elle utilisait l’application Tinder, Mélanie se posait parfois ces questions et se disait qu’elle devait demeurer vigilante. Elle éloignait ses craintes en se convainquant que les utilisateurs masculins s’y retrouvaient principalement pour regarder de jolies filles, avoir du bon temps et qui sait, trouver l’amour.
L’omniprésence du risque
S’amuser est certainement le but premier de biens des utilisateurs de la plateforme Tinder. Pourtant, en Grande-Bretagne, la populaire application rencontrait plusieurs critiques en 2015 suite à des allégations d’agressions liées à son utilisation. Selon les autorités britanniques, on y avait recensé plus de 400 plaintes, allant de dénonciations pour violences physiques à des cas d’abus ou de tentatives de viol. Au Québec, très peu de données statistiques concernant les dangers associés aux rencontres en ligne semblent disponibles.
Mélanie croit que des risques d’agressions sont nécessairement associés à toutes les formes de rencontres. «À mon avis, peu importe la plateforme utilisée, nous encourons des risques à rencontrer des hommes inconnus. Je pense qu’il existe peu de différence entre rencontrer un homme via l’application ou faire une rencontre dans un bar. L’un ou l’autre peut s’avérer hasardeux».
Mais contrairement à certains sites de rencontres plus sélectifs où le célibataire doit y détailler son parcours professionnel et scolaire, ses activités personnelles, bref, sa vie, les applications comme Tinder demeurent plutôt en surface. Selon Mélanie, elles sont tout de même plus populaires, car plus faciles d’accès pour beaucoup de gens. «Certains sites de rencontres sont plus détaillés, mais ils exigent des frais et demandent aux utilisateurs de répondre à de plus longs questionnaires. Tinder est plus simple à utiliser et la plateforme est bien conçue. Au départ, j’ai téléchargé l’application pour rire, mais aussi par curiosité» avoue-t-elle.
Un profil inquiétant
La jeune femme admet toutefois avoir déjà eu certaines réticences qui l’ont poussée à prendre les précautions nécessaires. «Rencontrer quelqu’un d’inconnu est toujours inquiétant, surtout quand tu n’en sais pas beaucoup sur cette personne. Je donnais toujours l’adresse où j’avais rendez-vous à une amie et je ne planifiais jamais une rencontre tard le soir, pour éviter de tomber sur une personne en état d’ébriété.»
Mélanie se rassurait en se disant que quelqu’un animé de mauvaises intentions n’aurait pas la patience de discuter longuement par messagerie pendant plusieurs jours. Malgré sa prudence, elle a pourtant fini par tomber sur un utilisateur inquiétant.
«J’avais planifié une rencontre avec un garçon, mais j’hésitais à me présenter, car je le trouvais très intense avec moi. Suite à nos discussions, il m’envoyait beaucoup de messages textes et consultait et commentait sans arrêt mes photos sur Facebook. Suspicieuse, j’ai donc décidé d’annuler la rencontre. Puis l’homme en question s’est fâché. Il s’est mis à me bombarder de messages d’insultes et d’autres commentaires qui frôlaient le harcèlement. J’ai dû bloquer cette personne sur mon application Tinder, mais aussi sur mon téléphone. C’était troublant, mais heureusement, je n’ai pas eu affaire à lui en personne».
Séparer le bon des méchants
Mélanie continue à croire qu’il est possible d’utiliser l’application à bon escient même si un risque demeure. Pour éviter d’avoir affaire à de mauvais numéros, la vigilance est primordiale. «Bien sûr qu’il est possible de tomber sur un criminel via cette application! Puisqu’il s’agit d’une application affiliée aux réseaux sociaux, il est très difficile d’en légiférer l’utilisation; les gens pourront toujours se créer de faux profils. Il est bien évident que j’ai couru des risques, mais heureusement, cela s’est bien déroulé pour moi la plupart du temps, car je suis demeurée prudente».
Aujourd’hui, la jeune femme n’utilise plus l’application. Pas à cause de mauvaises fréquentations, mais bien parce qu’elle a fini par rencontrer l’homme de sa vie… sur Tinder! «De nos jours, le risque est partout à mon avis. Mais si j’avais préféré ne prendre absolument aucun risque, je n’aurai jamais rencontré Guillaume. Je crois qu’il revient aux utilisateurs d’être aux aguets, de dénoncer les gens aux comportements inacceptables et de prendre le plus de précautions possible», conclut-elle.
[…] Publié sur le site internet de Reflet de Société le 9 avril 2019 […]