À 65 ans, le garagiste hyperactif Jean-Guy Brien a dû prendre une retraite anticipée lorsque la pandémie a frappé. Le but avoué ? Éviter d’infecter les neuf hommes résidents de la famille d’accueil que supervise sa femme et où il est constamment amené à faire de petits et de plus grands travaux.
Voilà plus d’un quart de siècle que Jean-Guy Brien a accepté de plonger dans l’aventure de sa conjointe, Martine Nadeau, en accueillant des gens atteints de troubles de santé mentale. Au départ, le couple vivait dans le sous-sol afin de laisser leurs protégés vivre au-dessus de leur tête. C’est Jean-Guy qui a rénové cette première maison.
Martine a choisi de suivre les traces de sa mère en hébergeant des personnes qui ne sont pas autonomes dans les tâches au quotidien. Hygiène, alimentation, ménage, prise de médicaments et rendez-vous médicaux demeurent sous la supervision de cette femme dévouée – affectueusement appelée Mère Teresa – par Jean-Guy. Au décès de sa maman, Martine a choisi de déménager ses troupes dans cette nouvelle maison mieux adaptée pour eux.
Du jour au lendemain
Entre deux réparations mécaniques, le garagiste a commencé à bricoler dans la seconde résidence, pour mieux abriter la famille d’accueil. Et la Covid-19 a pris tout le monde par surprise; Jean-Guy a fermé son atelier à titre préventif parce que la clientèle de sa femme, déjà fragile, était plus à risque face au virus. Aujourd’hui, ils ont tous reçu le vaccin. Un soulagement pour le couple bienfaiteur.
« J’ai trouvé ça dur, au début, de ne plus voir de monde et de ne plus travailler, avoue Jean-Guy. Il y a des gens dont je répare les chars depuis 30 ans. Pendant le confinement, j’ai fait des puzzles, ce qui n’est pas moi pentoute (rires). J’ai ensuite peinturé toute la maison. Puis je me suis remis à travailler dans mon garage, mais pour faire mes projets. »
Les épreuves, Jean-Guy les a toujours surmontées avec optimisme. « Je suis le genre de gars qui, devant un mur qui vient de tomber, dit : OK, on va regarder ça et on va le relever, raconte-t-il. Les gens venaient ici presque en dépression avec leur char brisé. Je leur disais : c’est juste un char, ce n’est pas la fin du monde. Si on avait le cancer et qu’on était en phase terminale, là ça serait grave. »
Si son garage est désormais fermé aux clients, celui qui se qualifie de gars aux mille projets ne manque pas d’idées pour occuper son temps. Après tout, l’autodidacte est à la fois mécanicien automobile, machiniste, soudeur… « J’ai un ami qui m’a dit : toi, Jean-Guy, tu es le genre de gars à qui on donne une planche et avec ça, tu vas construire un chalet ».
Selon lui, la Covid-19 a finalement eu un impact positif sur sa vie. « Sans le coronavirus, je n’aurais peut-être jamais arrêté de travailler. Ma femme aime tellement son groupe. Elle est attachée à ces hommes-là. Au fond, on est du monde super ordinaire. On n’a pas besoin de grand-chose pour être heureux. »