Plusieurs projets de police communautaire visent à favoriser le rapprochement entre les forces de l’ordre et les citoyens. Avec ces initiatives – parfois originales – les policiers veulent augmenter le sentiment de sécurité du public et prévenir le crime. Tour d’horizon des programmes lancés par différents corps policiers du Québec. Quelques-unes de ces activités sont néanmoins « sur pause » en raison de la pandémie de Covid-19.
SAGUENAY
Le théâtre des policiers
À l’approche des bals de fin d’études, le Service de police de Saguenay (SPS) présente habituellement une pièce de théâtre à grand déploiement pour combattre le problème de la conduite avec facultés affaiblies. L’œuvre, intitulée IMPACT, a été conçue en 2014 par le policier Luc Tardif en collaboration avec l’écrivaine Annick Martel et le metteur en scène Louis Wauthier, auteur de La Fabuleuse Histoire d’un Royaume.
L’idée de départ vient de la Sûreté du Québec qui, une fois l’an, présente aux finissants du secondaire des simulations d’accidents pour les dissuader de prendre le volant après avoir trop bu ou pris de la drogue. Le SPS a voulu aller au-delà des scènes d’horreur et toucher les jeunes en plein cœur. Le rideau s’ouvre sur un garçon en fauteuil roulant, devenu quadriplégique le soir de son bal, à la suite d’un accident de la route.
La distribution de 50 acteurs comprend de vrais policiers, pompiers, ambulanciers, médecins, infirmières, et même une procureure de la Couronne. Un directeur d’école et sa femme jouent le rôle de parents ayant perdu leur fils dans cet accident. Une trentaine d’étudiants en arts de la scène complètent l’équipe.
« Dans les trois dernières années, aucun conducteur de moins de 18 ans ne s’est fait intercepter à Saguenay avec les facultés affaiblies », raconte l’agent Luc Tardif, fier instigateur du projet. Une heure de spectacle bien investie pour dissuader quiconque de commettre une erreur fatale.

SHERBROOKE
Combattre l’alcool au volant
Avec le programme CodeBars, les policiers de Sherbrooke aident les tenanciers de bars de leur région à offrir gratuitement des boissons non alcoolisées au conducteur désigné d’un groupe. À son arrivée, celui-ci obtient un bracelet CodeBars. Il pourra boire au même rythme que ces amis, gratuitement, mais seulement des boissons sans alcool.
« L’idée est venue d’une policière de notre équipe, il y a quelques années, explique Alain Roy, de la police de Sherbrooke. Elle nous expliquait que ses enfants étaient souvent les conducteurs désignés, mais que ça leur coûtait plus cher en limonade que ce que ça en coûtait aux autres en bière. »
Aujourd’hui, sur codebars.ca, on retrouve les noms d’une quinzaine d’établissements de la région sherbrookoise. Les corps policiers de Magog, Longueuil et Montréal, entre autres, ont commencé à offrir un programme similaire.
GATINEAU
« Ta chatte, tes boules, ta queue »
Le service de police de Gatineau a récemment remporté plusieurs prix avec sa campagne-choc Garde ça pour toi qui, avec humour, informe les jeunes des conséquences légales du sextage et les risques de la sextorsion. Selon le SPVG, un ado sur trois a déjà envoyé ou reçu un sexto. Autrement dit, un jeune sur trois pourrait être accusé de production, possession et distribution de pornographie juvénile.
« Ça veut dire que, quand t’envoies des photos de tes boules, de ta queue ou de ta chatte, dès que tu envoies des photos ou vidéos de quelque chose d’intime, ce n’est pas légal », c’est le message véhiculé par le SPVG.
La campagne de sensibilisation met aussi à la disposition des jeunes des « photos-réponses » évoquant les formes des organes sexuels – boules de quilles, queue de lézard, chatte, etc. – à envoyer aux personnes qui les sollicitent pour des photos de leurs parties intimes. Des images inusitées pour faire réfléchir à l’impact des sextos.

KUUJJUAQ
Apprendre à dire non
Le Corps de police régional Kativik, en collaboration avec la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik, a mis sur pied le programme Good Touch/Bad Touch. Adaptés à la culture inuite, ces ateliers en inuktitut renseignent les enfants sur les contacts physiques inappropriés ou violents.
Les intervenants leur expliquent qu’ils n’ont pas à subir des touchers qui les rendent inconfortables. Ils leur donnent aussi des outils pour se confier à des adultes de confiance et se sortir d’une situation désagréable. Enfin, ils précisent aux jeunes du primaire qu’ils ne sont pas responsables de la violence subie. La clé, c’est de poser ses limites et d’en parler.
TROIS-RIVIÈRES
Jasette autour d’un café
Dans un McDo ou un Tim Horton de leur ville, les Trifluviens pourraient avoir la surprise de se faire servir un refill de café par un agent de la paix. Une fois par mois depuis 2016, le Service de police de Trois-Rivières (SPTR) organise l’événement « Prendre un café avec un policier » pour encourager la communication entre les citoyens et les forces de l’ordre.
« Le public aime beaucoup ça, explique Carole Arbelot, du SPTR. On envoie des patrouilleurs qui n’ont pas l’habitude de se faire complimenter. C’est encourageant pour eux de parler avec les gens, en dehors des appels d’urgence ou des remises de contraventions. »
Récemment, le projet a été élargi à des résidences pour personnes âgées et des établissements scolaires. « Dans des écoles plus multiethniques, on discute avec des jeunes immigrants curieux de connaître le fonctionnement de la police d’ici. » C’est une belle façon d’humaniser le travail des policiers. Initiée aux États-Unis, l’idée a été adoptée au Québec par plusieurs autres corps policiers.
BROMONT
Zone sous surveillance
Le Service de police de la ville de Bromont a créé, dans le stationnement du poste de police, une Zone de rencontre neutre pour permettre aux citoyens de procéder à des transactions de façon sécuritaire. Cet endroit identifié par une affiche est sous vidéosurveillance 24 heures sur 24.
La Zone neutre a été mise en place pour contrer les fraudes ou les agressions lorsqu’il y a vente ou échange de biens. Par exemple, lorsqu’une transaction commence sur le web, elle peut être finalisée en sécurité à cet endroit. La place peut aussi être utilisée par des parents se partageant la garde de leurs enfants lorsque la communication est tendue entre eux.
Les échanges ne sont pas observés en direct par les policiers, mais les enregistrements sont conservés pendant deux semaines. N’importe qui peut utiliser cet espace, gratuitement. D’autres services de police ont emboîté le pas à Bromont dans la création d’une zone neutre.