Un texte de Justine Boudreau | Dossier Médias
« On nous dit qu’on est un média essentiel, mais on ne nous garde pas en vie », a réagi le président du journal Échos Montréal, Vincent Di Candido. En passant par les manques de ressources ou de personnel, les médias communautaires peinent à rester debout.
Une coopérative de médias anglophone, Village Media, soutient financièrement et aide les médias à se créer une audience. La coop regroupe plusieurs médias communautaires régionaux ontariens, ainsi que ceux de quelques États américains.
Sa mission est de faire grandir la nouvelle régionale, tout en protégeant les droits des journalistes. « Toutes ces aides-là seraient les bienvenues. Notre contenu serait de meilleure qualité. C’est sûr que ça pourrait être bien d’avoir ce genre de groupe au Québec », explique le directeur de la Télévision communautaire de l’Érable à Plessisville, Francis Fortier.
Le Québec s’avance tranquillement vers ce genre de coopérative. Cependant, ce n’est pas encore pour les médias communautaires. Si on se tourne vers les Coops de l’information, elles regroupent six médias.
Les six médias impliqués allaient fermer leurs portes. C’était les Coops ou rien. Ils ont dû faire des compromis pour s’y joindre, mais c’était dans le but de garder les journaux écrits dans les régions.
C’est le même principe que Village Media. Les Coops offrent une plateforme aux médias, pour faciliter l’accès à la nouvelle. Tous les médias sont regroupés en un site.
Ce n’est pas seulement les médias communautaires qui traînent de la patte, si on se rappelle des coupures chez TVA à l’automne 2023 ou celles chez Bell média à l’hiver. Toutefois, on semble laisser les médias communautaires dans l’ombre, alors que ce sont eux qui diffusent la nouvelle locale. Ils sont essentiels aux communautés.
Subventions
La crise des médias est un concept énormément discuté depuis ces grandes coupures, mais la crise remonte à bien plus longtemps. Dès la pandémie, les journaux, autant que les radios communautaires commençaient à fermer à cause du manque de revenus. « On reçoit des subventions du gouvernement, mais ce n’est pas assez », indique M. Candido.
Le ministère de la Culture et des Communications (MCC) offre des subventions aux médias communautaires reconnus par le gouvernement. Toutefois, des exigences viennent avec le montant et avec ce qu’ils offrent, Francis Fortier trouve que ce n’est pas assez pour produire du contenu de qualité. «C’est environ 35 000 $ par année du MCC, pour 4h d’émission par semaine. Avec ce qu’on nous demande de faire, ce n’est pas assez. » C’est environ 175$/heure.
Ça ne s’arrête pas là. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes empêche certaines publicités ou réglemente la façon dont elles sont diffusées. « C’est juste une image avec du texte ou une voix off. Sinon, on reçoit les publicités du gouvernement. Ça nous rapporte entre 5 000 et 10 000 dollars par année », continue M. Fortier.
Il ne faut pas passer à côté de l’inflation. On devrait espérer que le gouvernement ajuste ses subventions au coût de la vie pour supporter les médias, mais non. “Je regarde les papiers de 1990 et c’était environ le même montant qu’on recevait du ministère. C’était quand même il y a 30 ans”, s’exclame M. Fortier.
Il y a tout de même des points positifs. Sans l’audience ou les lecteurs, ces médias ne survivraient pas.
Le personnel
Le manque de relève se fait encore plus ressentir. « On n’a pas d’argent pour les payer. Dans un monde idéal, j’aurais assez de soutien financier pour avoir trois employés permanents, payés, mais j’en ai seulement un », continue M. Fortier. Tout dépendamment des régions, il est plus difficile de recruter.
Pour certains, les stagiaires sont d’une grande aide, alors que pour d’autres c’est du temps perdu. «On est 25 bénévoles qui travaillent. On prend aussi rarement des stagiaires, puisque ça prend du temps aux deux-trois personnes payées et quand ils sont formés, on les perd déjà», commente M. Comeau.
Surtout que pour la télévision, les stagiaires doivent avoir de l’intérêt, autant pour le journalisme que pour la caméra, que pour le montage.
C’est tout le contraire pour l’Échos Montréal qui accueille les stagiaires à bras ouverts. Sans eux, ils ne pourraient pas diffuser la nouvelle comme ils le font quotidiennement. «Pour ce qui est de la relève, on reçoit plusieurs stagiaires des fois pendant trois mois. Ils ne sont pas payés à l’heure, mais ils reçoivent un montant pour leurs articles. C’est juste des points positifs de les avoir parmi nous », termine Vincent Di Candido.
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