Un poème de MJ Falardeau | Dossier Culture
Je marche sur les fragments d’hier
Des mots cassés et des éclats de vers
Des rimes muettes dont le sens se perd
Dans mes je t’aime en miettes qui brisent le cœur de ma mère
Je veux ramasser les lettres et rapiécer ces mots
Que le fil de l’histoire a défait en morceaux
Réparer l’alphabet troué par l’absence
De je t’aime qui s’épellent toujours en silence
Si j’avais pu en trois mots alléger le récit?
Traverser les tempêtes qui embrumaient nos esprits?
Ériger un phare aux jours gris qui cherchaient le bonheur?
Sécher la pluie qu’on pleurait à chaudes larmes
Et apaiser le vacarme des ressacs dans nos cœurs?

Si j’avais pu en trois mots m’ancrer dans le courage
De lancer des je t’aime comme bouées de sauvetage
On aurait pu s’arrimer en bordure de la même page
Car je suis de celles qui aiment dans la marge
Qui tient ses je t’aime dans la paume de sa main
Comme un message enfantin à l’encre déteint
J’ai laissé mes empreintes imbibées de non-dits
Sous la forme d’un câlin
entre deux becs manuscrits
Et de petits cœurs dans un coin
comme des je t’aime en dessin
Sur le bout de mes doigts, il y a tant d’amour à écrire
Mais il file vers l’Index comme si c’était à proscrire
Il faut savoir lire entre les lignes mes je t’aime censurés
Déchiffrer les signes d’un langage étranger
Pour moi, parler d’amour n’a rien de familier
J’ai des je t’aime entre les dents, car je mâche mes mots.
Je les ravale par en dedans, car j’ai peur de l’écho.
D’un je t’aime sans rebond qui me ferait mal à l’égo.
J’ai des je t’aime qui palpitent
Dans ma cage thoracique
Mais l’acoustique se menotte
Dans le silence de la musique
Comme si chaque pulsation
Faisait taire les notes
De ma gamme d’émotions
Mais crois-moi sur parole que je t’aime sans mot dire.
J’en accroche des symboles aux coins de mes sourires.
Et dans le creux de chaque ride qui me voit vieillir.
Y’a des signes de toi calligraphiés dans chaque ligne.
Qui souhaitent conjuguer un je t’aime au présent
À l’inconditionnel d’un passé compliqué
Le futur peut être simple à condition de s’aimer
Ce n’est pas à l’imparfait que ça va être le temps de s’accorder
Maman
J’ai des étoiles dans les yeux
Qui filent vers toi
Et j’ai envie de faire le vœu
De je t’aime dans nos voix
Et je saisis ce présent
Pour te dire simplement
Que je t’aime, maman.
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