Par Colin McGregor | Dossiers Graffiti et Hip-hop
Il y a plus de 100 ans, les seules thérapies connues contre la tuberculose étaient les eaux et l’air pur. Dans le secteur de La Tuque, un lac parfait, non pollué, cristallin se présente en altitude, le lac Édouard. Desservi par le chemin de fer en 1809, les notables de l’époque ont ainsi créé une petite ville comme lieu de quarantaine. Différents administrateurs ont pris charge de la petite ville, ils ont bâti des extensions et des agrandissements. Un vaste complexe hospitalier s’est aussi établi sur la place dans des années 30 qui traitait les riches tuberculeux.
Avec la venue des antibiotiques, on n’avait plus besoin des sanatoriums pour guérir ce fléau. Celui du lac Édouard a fermé ses portes en 1980. Abandonné, il est tombé en ruine.
Le petit-petit-fils du fondateur de ces lieux a acheté le tout et rénove un immeuble à chaque année. Pour repeindre le tout, il fait un événement avec des muralistes. Cette année, pour une 3e édition, 50 artistes s’y sont retrouvés, pour montrer leurs talents sur les bâtiments.
Plusieurs artistes du Café Graffiti étaient impliqués, incluant Monk.E, Korb et Audrey-Anne Néron. Les artistes sur place représentaient presque un quart de la population du village de 230 âmes !
Le projet était un volet hybride entre l’histoire (la tuberculose, la création d’un village pour les riches pour leur quarantaine) et l’actualité (convention graffiti rejoignant des artistes de partout à travers le Québec).
« L’agriculteur rénove des bâtiments », explique Monk.E. « Il achète toute la peinture, paie nos transports et nous nourrit. Notre travail est pro bono. »
« Il y a beaucoup d’histoires » nous dit Korb. « Il y a une force de guérison à cause de l’altitude. » Le lac est le plus haut lac de la région et est nourri par aucune rivière, donc il reste parfaitement naturel et propre, explique-t-il.
« C’est presque une tradition », ajoute Monk.E. « Ce sont les mêmes artistes qui y vont chaque année. Il y a une ambiance familiale. Et à cause de l’altitude, c’est apaisant et rafraîchissant d’être là-bas. »Pour son œuvre de la fin de semaine, Monk.E a peint « Les portes à ma communauté » d’Ouakam, un arrondissement de la ville de Dakar, au Sénégal. Il a visité l’Afrique pendant la pandémie. En fait, Monk.E a voyagé à l’étranger 11 fois durant la crise de la COVID ! « Lorsque on travaille, on respecte l’espace des autres, » il explique. « Mais je n’avais pas peur. C’est comme ça que je vis ma vie! » Ses scènes peintes des photos d’Ouakam qu’il a prises ornent un mur à des milliers de kilomètres de Sénégal, en Mauricie. Il l’a appelé « Canettes d’épinette 2022 ».
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Vue de ma cellule, ma vie en prison par Colin McGregor
Une rencontre fortuite avec un détenu d’une prison fédérale a conduit Colin McGregor, diplômé en philosophie, journaliste condamné à perpétuité, à envoyer un court article improvisé à Raymond Viger, éditeur du magazine Reflet de Société.
C’était en 2009. Leur collaboration, aidée par les membres de l’équipe de Raymond à Reflet de Société, a donné naissance à des années d’articles de l’intérieur expliquant aux lecteurs ce qu’était la prison.
Colin est sorti de prison en 2020 après plus de 29 ans derrière les barreaux. À partir de 2021, il a commencé à travailler à Reflet de Société. Vue de ma cellule est un recueil de ses écrits carcéraux. Des récits bruts. Souvent touchant, parfois instructif, jamais ennuyeux.
Une nouveauté des Éditions TNT disponible dans toutes bonnes librairies.
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Autre Roman publié en anglais par Colin McGregor ; Teammates
Three teenage friends on a college rugby team in the shrinking community of English Montreal – three friends each facing wildly different fates. This is the story of Bill Putnam, whose downward trajectory we first begin to trace in the late 1970s, and his friends Rudy and Max.
Teammates, their paths will cross in ways they never dreamt of in the happier days of their youth.