Animaux de compagnie robotiques: Le futur est aujourd’hui

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Par Colin McGregor | Dossier Santé

Les nouveaux robots de compagnie maintiennent-ils les personnes âgées en vie plus longtemps ? Ils peuvent sembler sortir d’un film de science-fiction, mais ils sont bien ici, avec nous. 

Les animaux robotiques ont plusieurs fonctionnalités interactives. Leur élaboration comprend des capteurs qui réagissent au toucher et activent un effet de « nuzzling » (fourrer son nez). Ces chiens et ces chats réagissent à la lumière en aboyant ou en ronronnant lorsqu’elle pénètre dans la pièce, ou même au son de votre voix. Ils bâillent, clignent des yeux, remuent la queue et ont même font un battement de cœur que vous pouvez sentir. Les ingénieurs ont fait en sorte que ces robots réagissent autant que possible comme un véritable animal. Ils améliorent constamment leurs effets.

La gentillesse guérit, même si elle provient d’un jouet robot à fourrure sous la forme d’un animal de compagnie bien-aimé, dès lors qu’ils procurent l’affection nécessaires aux plus isolés. Ces animaux sont un moyen de thérapie non pharmacologique, une approche que les ergothérapeutes préconisent. 

C’est ce que nous disent ceux qui travaillent dans le secteur Centre-Sud de Montréal. Des thérapeutes ont utilisé des animaux mécaniques avec des résidents aînés qui souffraient de troubles cognitifs majeurs pendant des années.

« On a eu beaucoup de succès avec les animaux robotisés, » dit Chloé Aquin, ergothérapeute. « Ils répondent à un besoin affectif. Lorsqu’il n’y a pas de visite, c’est comme avoir un ami. Les patients s’en occupent, ils ont un rôle productif. »

Mme Aquin et Claudé Vérité-Aubry sont des ergothérapeutes qui travaillent avec une équipe pour des cas complexes, le SCPD – Symptômes comportementaux et psychologiques de la démence. C’est une équipe qui intervient aux centres d’hébergement ainsi qu’à domicile. 

La démence

Leurs patients souffrent souvent d’Alzheimer et d’autres formes de démence, des afflictions associées avec des symptômes isolants, incluant l’anxiété, la dépression, les délires et l’apathie. 

Lorsque des patients emménagent pour la première fois dans une résidence, il est difficile pour eux de s’intégrer, ils ne connaissent d’abord personne. Mais les gens s’approchent plus facilement et entament une conversation si vous avez un chien ou un chat. Ils sont parfaits pour briser la glace.

« Un chien ou un chat mécanique donne un point d’intérêt à tout le monde, » décrit Mme Vérité-Aubry. « Par exemple, l’intervenant va passer devant la personne et va dire, ‘Oh! Vous avez un chat. Il est bien mignon,’ ça donne un sujet de conversation entre les personnes. L’important c’est qu’ils entrent en interaction. »

Les gens qui habitent en CHSLD ont souvent accès aux vrais animaux de compagnie grâce à la zoothérapie, mais de façon très sporadique et très limitée dans le temps. Mme Vérité-Aubry nous explique : « Ils vont venir une fois par semaine et seront avec un résidant pendant 30 minutes. C’est très bénéfique, mais les animaux mécaniques peuvent combler le reste du temps lorsqu’ils n’ont pas accès aux vrais animaux. »  

Ce projet est un des premiers au Québec et un modèle pour plusieurs CIUSSS. Il possède une vraie ménagerie d’animaux. Ce ne sont pas tous les patients qui les reçoivent. Les ergothérapeutes cherchent à savoir s’ils ont déjà eu des animaux avant de les introduire. 

Mme Aquin mentionne « Il y a des personnes qui sont attirées par des animaux et d’autres qui ne le sont pas. On fait l’essai, et si ça fonctionne, on demande à la famille s’ils ont les moyens d’en acheter un. Sinon, on demande s’il y a des fondations susceptibles d’offrir un budget, ou bien on passe par la maison d’hébergement du patient pour en demander un. » 

« Il y a des gens qui errent, qui se promènent, qui cherchent quelque chose à faire. » Explique Mme Vérité-Aubry, « prendre soin de quelqu’un ou de quelque chose. Ça peut être valorisant. »

Il y a ceux qui vont reconnaître que ce n’est pas un vrai animal, mais qui sont quand même attirés par le robot. 

Ces jouets réagissent au toucher et au mouvement. Si vous ne passez pas devant pendant quelques minutes, ces robots à piles s’endorment. « Juste de toucher le chat, » explique Mme Aquin, « il ronronne, émet une vibration, il va répondre différemment selon l’endroit qu’on le touche. Il se couche sur le dos. Ces interactions amènent rapidement une réaction, un sourire. »

La solitude

Une étude parue dans les Oxford University Press Journals of Gerontology a conclu que les animaux de compagnie robotisés peuvent être une solution efficace pour atténuer la solitude chez les personnes âgées. En particulier celles qui vivent seules qui ont moins de liens sociaux et qui sont moins actives. Selon de nombreuses études, la solitude peut tuer.

Vous vous sentez seul si vous n’êtes pas en contact avec autant de personnes ou d’animaux que vous le souhaiteriez. 

Aux États-Unis, un tiers des adultes âgés de 45 ans et plus déclarent éprouver de la solitude, et le nombre total devrait augmenter avec la croissance de la population d’adultes âgés (Anderson et Thayer, 2018). Chez les adultes de plus de 60 ans, la solitude est un prédicteur de la détérioration de la santé et de la mort (Perissinotto et al., 2012). Elle influence négativement la santé mentale et physique. (Cacioppo et al. ., 2006 ; Luo et al., 2012 ; Musich et al., 2015).

Les propriétaires d’animaux se sentent moins seuls que ceux qui n’en ont pas. Mais les animaux domestiques ont un coût non négligeable. Les propriétaires ont beaucoup de frais pour subvenir à leurs besoins. Vous ne pouvez pas les laisser seuls pendant des jours ou des semaines. Avoir un animal de compagnie est un travail de tous les jours.

L’étude 2020 des Journals of Gerontology, dirigée par Janella Hudson, PhD d’Ann Arbor, Michigan (« Robotic Pet Use Among Community-Dwelling Older Adults« ) a montré que : « La plupart des participants ont déclaré ressentir un sentiment de calme ou de confort à la suite de tenir, étreindre et interagir affectueusement avec leur animal de compagnie robotique. »  De plus, « beaucoup ont décrit une amélioration de leur humeur et, dans certains cas, un bonheur accru après avoir interagi avec leur animal de compagnie robotique ».

La plupart des participants à l’étude ont présenté leur animal domestique robotique à leur famille et à leurs amis. Entre autres, les personnes timides et peu à l’aise avec les rencontres utilisaient leur robot pour tisser des liens avec les gens d’une manière qu’elles n’auraient pas eu le courage de le faire par le passé.

Leur première apparition

Les premiers animaux de compagnie robotiques à avoir été mis sur le marché en Amérique du Nord étaient les Furby de Hasbro en 1998. Les dernières éditions de ces animaux de compagnie sont capables d’apprendre, d’ajouter des réactions à leur répertoire lorsque vous jouez avec eux. Plusieurs sont programmables. Les animaux mécanisés sont vendus à Montréal par la compagnie Eugeria.

Joanne de Eugeria expose fièrement les jouets que son entreprise vend, principalement en ligne ou interentreprises, depuis leurs bureaux de Saint-Henri, dans une ancienne usine de jouets rénovée qui abritait autrefois le géant manufacturier Coleco.

« Les hommes préfèrent les chiens, tandis que les chats sont universels, » elle me dit en frottant un chat robotique. Les réactions des robots que je vois chez eux sont sporadiques – donc c’est impossible de prévoir si le chat va miauler, ou si le chien va japper, lorsqu’on les frotte. Les chiens sont plus chers, car ils ont un capteur que les chats n’ont pas, pour capter le son. On programmer les jouets pour qu’ils ne fassent pas de bruit. 

« Des gens avec des troubles neurocognitifs vont souvent parler avec eux, » elle me dit. 

De plus, lorsqu’une personne âgée a un animal et voit ses petits-enfants, ils peuvent tous jouer ensemble, dit Joanne. Ils vendent aussi des oiseaux mécanisés capables de siffler 6 chansons. Les oiseaux sont bons pour les patients avec des marchettes. Ils mettent l’oiseau sur la marchette et cela les rend plus faciles à trouver.

Ils peuvent s’asseoir et se retourner, ouvrir et fermer les yeux et la bouche. Le chat peut même se lécher les pattes. Si vous n’avez pas un problème cognitif, vous allez immédiatement vous apercevoir que ce n’est qu’un jouet sophistiqué. Ces animaux, malgré leur ressemblance et leurs réactions surprenantes, ne sont que des imitations technologiques. 

Ganesh Gopalakrishna, MD, psychiatre au Banner Alzheimer’s Institute, déclare: « Les animaux de compagnie robotisés peuvent être utiles à toute personne ayant des problèmes comportementaux ou cognitifs. Certaines études ont montré des avantages même chez les personnes âgées en bonne santé. »

« Un des enjeux principaux est le coût, » dit Mme Vérité-Aubry. « Les animaux coûtent 150 $ à 250$. Ce n’est pas complètement inabordable. » 


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