Portrait : Perninha – Lucas Ferreira Machado
Par Équipe Reflet de Société | Dossier Culture

Dans une des favelas du Brésil, la violence et l’exclusion ont longtemps cerné Perninha. Mais sur scène, c’est un autre récit qu’il livre. Entre break et capoeira (art martial afro-brésilien), le danseur brésilien transforme son corps en instrument de puissance et de beauté. Avec la troupe ILL-Abilities, il fait du mouvement une révolte, du rythme une langue, et du regard de l’autre un territoire à reconquérir.
Rio de Janeiro, ses couleurs, sa musique… et ses fractures. Perninha, de son vrai nom Lucas Ferreira Machado, grandit au sein d’un quartier populaire marqué par la pauvreté et la violence. Mais dans cet environnement déjà complexe, une différence physique vient s’ajouter aux obstacles : il naît avec une jambe gauche plus courte que l’autre. Ce handicap lui vaudra moqueries, exclusion, et parfois un profond sentiment d’invisibilité.
« Les personnes handicapées n’étaient pas acceptées dans la société. »
Le surnom Perninha, qui signifie « petite jambe » en portugais, il le portera d’abord comme un stigmate… avant d’en faire une signature.
Capoeira, break : le corps comme réponse
Ce qui sauve Perninha, ce n’est ni l’école, ni la rue, ni les institutions. C’est la culture. Plus précisément, deux formes d’expressions nées de la résistance : la capoeira et le break. L’une vient de l’histoire afro-brésilienne, l’autre des rues du Bronx. Deux disciplines qui valorisent le corps, la musicalité, et la créativité au-delà des normes.
« J’ai trouvé un refuge dans la capoeira et le break. Ces cultures m’ont donné ce que je ne trouvais pas ailleurs. »
Avec la capoeira, il apprend à jouer de sa différence d’appui, à transformer l’asymétrie en rythme. Avec le break, il découvre un langage global, une famille sans frontières. Il comprend qu’il n’a pas besoin d’imiter les autres pour danser. Son corps sait déjà comment bouger. Il suffit de l’écouter.
Une parole debout
Lors du spectacle Pas d’Excuses, Pas de Limites, à Montréal, Perninha fait une déclaration poignante au public, après sa performance :
« Peu importe ce que les gens pensent de vous, quels que soient vos problèmes, vous rencontrerez toujours dans votre vie des gens qui ne croient pas en vous. Mais persévérez, n’abandonnez jamais. »
Cette phrase — nunca desista (n’abandonnez jamais) — il l’enseigne sur scène, en portugais, comme une prière laïque. Car c’est en croyant en sa différence qu’il a fini par être vu, reconnu, et aimé.
Danser grand, danser petit
Ce que le public retient aussi, c’est l’humour et l’autodérision de Perninha. Sur scène, il joue de sa morphologie, explique avec un sourire qu’il peut, selon sa posture, être « grand comme Redo ou petit comme Checho ».
Ce jeu visuel devient un atout artistique.
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