Par Colin McGregor | Dossier Économie
« Certaines personnes ont faim tous les jours, elles sont suicidaires, et elles viennent nous voir. C’est le lot communautaire… »
Marie-Christine, intervenante à l’OPDS (Organisation populaire des droits sociaux, dans Hochelaga-Maisonneuve), parle des cas les plus désespérés qu’elle rencontre. Ceux qui ont été refusés pour l’assurance-chômage ainsi que l’aide sociale. Ou, autre cas très commun, ceux qui ont fait des demandes pour l’aide sociale et qui littéralement crèvent de faim en attendant une réponse.
« Ils sont censés vous répondre pour l’aide sociale en 10 jours, observe-t-elle. Mais sur le terrain ça prend 45 jours. » Souvent le monde fait une demande pour l’aide sociale avec quelques dollars de plus du seuil de 887 $ maximum permis dans leurs économies et dans leurs poches. Ils sont ramenés jusqu’au mois suivant, sans argent – et souvent sans espoir.
Dans ces cas-là, tu as un recours. Et ça s’appelle une Demande au pouvoir discrétionnaire de la ministre, axée sur la base du dénuement total.
Les réformes récentes à l’aide sociale n’ont pas changé les maximums d’argent qu’on peut avoir pour se qualifier à recevoir un chèque. Mais avec la demande au pouvoir discrétionnaire du ministre, « ils sont obligés de répondre très vite », explique Marie-Christine.
Avec cette demande, c’est présumé être une situation grave ou exceptionnelle qui empêche une personne de satisfaire ses besoins essentiels pendant une période assez significative. C’est aussi pour les cas de violence; des raisons humanitaires; ou des raisons évidentes que la dette ne pourra pas être remboursée (l’âge avancé d’une personne, son état de santé ou ses ressources financières insuffisantes).
La réforme récente de l’aide sociale par le gouvernement de la CAQ (projet de loi 71) réduit certaines prestations. Par exemple, une personne seule reçoit 829 $. Avant la réforme, un couple recevait des chèques individuels de 807 $, soit 1614 $ ensemble. Maintenant, un couple reçoit 1258 $ par mois.
Le projet de loi 71 n’offre aucune augmentation malgré l’inflation des récentes années. De plus, les dettes contractées par l’une des deux personnes du couple continuent d’être réclamées aux deux personnes – on appelle ça « la solidarité de la dette. »
Seul changement positif de la réforme, pour les personnes qui ont collecté de l’aide sociale, le Ministère ne peut plus poursuivre des gens pour des erreurs datant de plus de cinq ans.
L’OPDS aide ceux qui font une demande de dénuement total. Mais plusieurs personnes refusées pour l’aide sociale ne sont pas conscientes de l’existence de ce pouvoir discrétionnaire.
L’OPDS offre des cours de formation à des notaires et d’autres intéressés par le système d’aide sociale. Tristement, selon Marie-Christine, ce sujet reste peu abordé dans les médias traditionnels.
Il faut communiquer. Connaissez vos droits!
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Une rencontre fortuite avec un détenu d’une prison fédérale a conduit Colin McGregor, diplômé en philosophie, journaliste condamné à perpétuité, à envoyer un court article improvisé à Raymond Viger, éditeur du magazine Reflet de Société.
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